Paris 1951

J’étais en seconde primaire de l’école du quartier.
Nous avions une institutrice près de la retraite qui nous régentait avec une autorité militaire.
Quand la récréation prenait fin, après avoir formé le rang de la classe, elle se mettait à crier « halte devant, serrez derrière ».
Étonnée, j’avais envie de rire, tellement je trouvais son attitude cocasse.

Arrivée en classe, elle appelait quelques unes d’entre nous au tableau noir et disait : « allez venez-ici, oies blanches, oies grasses ». Elle exigeait qu’on lui montre nos mains et nos ongles, et les inspectait d’un œil de Général.

Un jour ce fut mon tour, et je montrai mes mains et mes ongles noirs et mal taillés. Elle ne manqua pas de me faire honte devant toute la classe. Elle n’arrêtait pas d’humilier les élèves sans arrêt. C’était une perfectionniste de la propreté.

Lancée sur sa phobie des impuretés, elle nous fit faire une rédaction sur l’hygiène corporelle. Je me fis l’éloge du savon qui rend propre et qui sent bon. J’écoutais beaucoup la radio et les slogans publicitaires qui passaient comme « La publicité Monsavon » : « lavez-vous et sentez bon avec Dop et Monsavon ».

Le lendemain matin, elle remettait à chacune de nous les rédactions corrigées.
A ma grande surprise, elle ne me rendit pas la mienne. Elle l’avait gardée pour la lire devant toute la classe. Puis elle me félicita, et j’eus droit à un 1O sur 10.

La directrice avertie, me fit venir dans son bureau et m’offrit un petit cadeau d’encouragement.

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