Dans mon école primaire de quartier, je ne faisais pas partie des bonnes élèves que la maitresse aimait bien. Cela ne m’empêchait pas d’être contente d’aller à l’école tous les matins....J’étais même pressée de quitter la maison à 8h30, après un rapide petit déjeuner. Par pluie, neige, vent ou beau temps, mon cartable à la main, à pied, je me dépêchais de parcourir les deux kilomètres qui me séparaient de mon école de filles du faubourg Saint Vincent. C’est ainsi qu’elle s’appelait, l’école publique du numéro 5 du Faubourg. C’étaient deux bâtiments en brique d’un étage, construits en long, dos à dos, sur le même modèle. Un pour les filles, un pour les garçons.
On arrivait devant une grande grille qui s’ouvrait à 9h. Pas une minute avant, pas une minute après. Garçons et filles, serrés devant l’entrée, nous attendions ce moment pour nous ruer dans l’allée centrale qui menait aux deux bâtiments rouges. Puis chacun se dirigeait vers sa cour de récréation : les garçons à droite , les filles à gauche.
Je mettais, à pied, une demi heure pour me rendre à l’école. Parfois moins, surtout l’hiver ! Quand il gelait en dessous de zéro. Mon bonnet de laine bien enfoncé, une écharpe nouée autour du cou, je courais sur le trottoir du faubourg sans en voir la fin. Tout droit, entre deux rangées de maisons basses, serrées les unes à côté des autres, il devait faire plus d’un kilomètre. Il m’arrivait de penser que jamais je n’y arriverai. Mais, l’idée d’être en retard, et de trouver la grille fermée, me faisait redoubler d’effort. Oui, il fallait du courage. J’avais huit ans.
Au printemps le chemin devenait une promenade. Quand j’avais le temps je flânais, en regardant les jardins entre les maisons. J’avais fini par identifier chaque maison. Il y avait celle de la vieille dame au petit chien blanc, celle du monsieur pressé, celle des lève tard aux volets toujours fermés. Et puis celle de la dame au bébé dans le landau, qui sortait toujours au moment où je passais. J’aimais bien regarder le bébé dont je ne voyais que la tête. Parfois il souriait et agitait ses petits pieds. Cela me faisait rire. Sa maman aussi souriait. Et je repartais contente.
La seule chose que je redoutais sur le chemin de l’école, c’était le chien loup du marchand de charbon qui rôdait dans la cour où était entassés des sacs prêts à être livrés. Il y avait des jours où la barrière restait ouverte après le départ du camion. J’avais toujours peur que le chien se jette sur moi alors je faisais un grand détour et traversai de l’autre côté du faubourg. Cela me faisait perdre du temps, mais c’était plus sûr. Je devais alors m’arrêter au croisement du faubourg. Là il y avait un feu. Un des rares de la ville. Car à cette époque, dans les années 50, il n’y avait pas beaucoup de voitures. Les gens se déplaçaient en vélos ou mobylette. Le plus souvent à pied.
Je me souviens encore du bruit, que faisaient sous la pluie, les roues des vélos glissant sur la chaussée. Un chuintement pareil au bruit de papier froissé. C’était moins bruyant que le rugissement des moteurs de voiture de maintenant.
Oui j’avais 8 ans et j’allai toute seule à l’école. Personne ne me conduisait. A l’époque mes parents n’avait pas de voiture. Mon père circulait en bicyclette et ma mère avait une mobylette. Mes parents me laissaient aller à pied, jamais à bicyclette. Tu es jeune, marcher, c’est bon pour la santé. Je faisais le trajet 4 fois par jour car je rentrai déjeuner à la maison. Faites le calcul 4X2 égal 8. Je faisais mes 8 km par jour !
Je ne le regrette pas, au contraire, j’ai toujours aimé marcher. Je découvrais un tas de choses en marchant. Je regardais l’épicier du coin qui sortait ses caisses de légumes et les installait sur les étagères. Et quand je passais devant le café, si les volets étaient encore baissés, c’est que j’étais en avance. J’avais mes points de repère et le chemin de l’école était un terrain de jeu. Je faisais des paris en comptant mes pas. Je m’amusais à marcher à cloche pied, ou bien à faire semblant de boiter.....
Il m’arrivait, parfois, de faire un bout de chemin avec une fillette de ma classe qui habitait près de l’école et que je rencontrais en passant. On se racontait des histoires, des choses arrivées en classe. Le trajet me semblait plus court et en arrivant devant la grille, je regrettais presque que ce soit fini .
clodomir Répondre
moi aussi, j’avais une demie heure à pied pour aller à l’école ; je le faisais seul bien sûr, ; à cette époque, on ne conduisait pas les enfants à l’école ! Je faisais ce trajet 4 fois par jour seul parce que je ne voulais pas dîner à l’école avec mes tartines.
contrairement au tien, mon trajet était sur une grand-route déserte où il n’y avait pas de maisons (j’habitais en dehors du village) ; pas non plus de circulation : nous sommes en 46-47......
le comble, c’était à midi : nous avions une heure et demie de midi à 1h30 : une demi heure de trajet aller, une demie heure retour....il me restait une demie heure pour manger (en Belgique, on dit dîner pour le repas de midi).
fraternellement avec toi