Après une nuit passée dans le train entre Paris et Bourg st Maurice assis tant bien que mal sur les sièges inconfortables car il n’y avait pas de couchettes, je débarquai un peu groggy à 8 h du matin avec sac à dos et skis.
Achat de quelques croissants, montée à la station avec le téléphérique. Enfin après une marche pénible lourdement chargé je débarquai dans l’appartement de mes amis. Les hauts de l‘Adret, c’est ainsi que se nommait cet immeuble bas de 2 niveaux qui se détachait à peine de la pente neigeuse.
Bonjour tout le monde ! Une poignée de main à chaque homme, un rapide baiser aux femmes mais à pas toutes, non car il y avait une inconnue …. Et moi tu ne m’embrasses pas ? Je l’ai fait.
Dominique était son nom. Elle m’avait déjà vu à une réunion diapositives quelques mois plus tôt chez des amis après son voyage en Indonésie. C’était en février 1980. J’avais 31 ans et elle 26.
40 ans ont passé depuis. Un mariage 6 mois plus tard et 4 enfants.
Une histoire banale ? un long fleuve tranquille ? Rien de tout cela
Au début nous occupions un appartement au rez de chaussée avenue Voltaire à Schaerbeek ; la chambre à coucher se trouvait sous le toit au 2e étage. L’attente d’un enfant nous sembla trop longue. Espérer, être déçu, recommencer le mois suivant et de nouveau la déception avec l’arrivée des règles et puis enfin, la bonne nouvelle après 5 mois.
A peine revenu de voyage de noces, j’ai perdu mon emploi. S’en est suivi une année pénible. Passer d’abord deux longs jours dans des files interminables pour m’inscrire comme demandeur d’emploi.
Tombé de haut, le moral en a pris un coup. Qui étais-je encore ? Il a fallu plusieurs mois pour commencer à remonter la pente, par l’inscription à des cours d’Anglais, par des stages à l‘AGCD (coopération et développement). J’étudiais aussi pour passer des examens.
Après 8 mois de recherche le ciel se dégagea enfin par une possibilité d’un travail de coopération en Algérie. Après des examens passés dans la banlieue d’Alger en plein Ramadan j’ai été accepté.
Entretemps nous avions fait achat d’une maison dans un état déplorable nécessitant de gros travaux.
Début septembre, je suis parti seul à bord d’une renault 4 remplie de bagages vers Marseille pour rejoindre l’Algérie et y rester 4 années.
Dominique et notre 1e fille Adélaïde m’ont rejoint 3 mois plus tard. Ce départ impliquait pour Dominique l’abandon de son emploi !
Découverte du pays, ses oasis, le désert, les plages magnifiques.
L’appel à la prière du Muezzin dès l’aube ce qui structure la journée comme les cloches chez nous.
Découverte aussi des mentalités différentes.
Etonnement d’apprendre que si un témoin homme suffit pour une démarche administrative il faut deux femmes pour remplir cette fonction. Etonnement aussi dans une agence bancaire de se trouver face à un employé sans protection vitrées et de voir à portée de main des liasses de billets de banque.
Plusieurs fausses couches dont une à un stade avancé qui a nécessité l’envoi d’un médicament urgent et finalement la naissance d’un garçon, Marcellin.
Son baptême en Belgique ne manqua pas de provoquer des réactions dans la communauté des religieuses que nous fréquentions. La grande question était : Içi ou là ? où était notre chez soi ? En fait ni là-bas en Algérie ni ici en Belgique.
Revenu en Belgique nous avons eu besoin de beaucoup de temps pour nous ré-adapter. A commencer par les achats. Du beurre quel beurre ? Il y a un rayon d’un mètre de long. En Algérie on prenait celui qui était disponible. Nous avons aussi du renouer avec les amis.
La maison achetée 4 ans plus tôt a été rénovée en plusieurs phases avec nous dedans. Donc beaucoup de bruit et de poussière pendant de longues années. Pour réduire les coûts j’ai travaillé aussi :démolir des cheminées, défaire le sol du rez de chaussée et remplir le container en une soirée, placer le parquet refaire l’électricité…
2 enfants sont encore nés : Adrien et Jérôme. Ils ont grandi non sans difficulté.
Plusieurs cancers ont frappé Dominique : d’abord le sein (2002 2009) et plus tard à la colonne (2013 et 2016). A chaque fois cette impression d’un sol se dérobant sous mes pieds.
Notre fils Marcellin qui avait presque 19 ans est décédé après une lourde chute d’une fenêtre. La douleur du deuil. Se heurter aux pourquoi, au regard des autres…. Ah oui il avait trop bu !…..ouff à nous, cela ne nous arrivera pas.
La vie a continué .Dominique a insisté pour recommencer à travailler et tant mieux.
2008 : Mariage de notre fille et trois petits enfants charmants.
Décès de nos mères, successions difficiles qui ont bousculé les liens dans les fratries.
Retraite d’abord de moi ensuite de Dominique 6 ans plus tard.
Dans les Ardennes, nous avons beaucoup travaillé à la rénovation d’une maison familiale tant à, l’intérieur qu’à l’extérieur. Redessiner le jardin ; abattre des arbres, tronçonner élaguer épandre de la terre semer planter et planter encore. Un travail fait à deux. Un projet motivant !
Dans tous les tourments de la vie nous avons tenu bon malgré beaucoup d’orages de cris et de larmes. Nos corps se sont ajustés et la rencontre amoureuse en a gagné en intensité, en plaisir aussi.
Apres 40 ans le fleuve n’est toujours pas tranquille mais nous avançons à deux.
JeannineKe Répondre
Hé oui Bruno, un bilan de vie révèle tous les p obstacles rencvontrés .
Maintenanjt je te conseille de faire le bilan de toutee les joies
C’est ce qui fait du bien quand on regarde en arrière