Dans ma famille, il était normal d’entrer à l’école primaire à 5 ans. C’était en 1944, à la fin de la guerre. J’ai rejoint mes 4 sœurs qui étaient en pension à la ville voisine. Comme j’étais la plus petite du pensionnat, j’ai eu droit aux cours particuliers d’une religieuse durant toute l’année scolaire. Il ne s’agissait pas de jouer, mais d’apprendre : J’ai donc appris à lire, à écrire et à compter !
En 1945, j’ai pu intégrer « l’école des filles » en 2e année, une école communale située au centre de mon village et dirigée par des religieuses. Il y avait 3 locaux : une classe pour les 1ère, 2e et 3e année, une autre pour les 4e, 5e et 6e, et une 3e classe attribuée au 4e degré afin de couvrir l’obligation scolaire de 6 à 14 ans.
La classe commençait à 8h en été et 9h en hiver. J’y allais à pied toute seule car à cette époque, dans les villages, tout le monde se connaissait et on se sentait en sécurité. « Madame » vérifiait souvent la propreté des mains, avant d’entrer en classe. Nous nous tenions à côté de nos bancs, en silence, puis nous disions la prière et la classe commençait.
Les leçons étaient principalement de français, d’arithmétique et de religion. Mais il y avait aussi de l’histoire, de la géographie et des sciences. Pour chacune de nous l’institutrice détenait la vérité. Aussi, nous la croyions sur parole lorsqu’elle nous expliquait que Dieu avait créé l’homme en façonnant un petit personnage d’argile…
Pour économiser le papier, nous faisions nos exercices sur une ardoise, en écrivant avec une touche. Les Bics n’existaient pas. Les stylos étaient réservés aux « grands », c’est ainsi que j’ai reçu le mien pour entrer en 6ème latine ! Recevoir un crayon, une gomme, un taille crayon constituait un cadeau important. Le cahier était réservé aux dictées, aux rédactions, et aux devoirs. Ecrire à la plume sans faire de pâtés était difficile, et la gomme qui devait réparer les erreurs trouait bien souvent le papier !
Malgré la discipline et une certaine sévérité, cette période de ma vie me laisse un souvenir de bonheur et de liberté. J’ai eu la chance d’avoir une institutrice qui m’a appris que j’étais capable de penser. Grâce à elle, j’ai découvert le plaisir de comprendre, de résoudre des problèmes, d’analyser, d’écrire, et de me faire confiance.
clodomir Répondre
je salue la mémoire d’un fossile de l’enseignement disparu depuis longtemps : le quatrième degré !
qu’il repose en paix !
écrire à l’encre ! Quelle épreuve ! Guettés par un ennemi implacable : le pâté !.....ennemi heureusement disparu dans les poubelles de l’histoire....pas de regrets !