Salut les filles !
C’est moi, Suzy.
Salut qui ?
Suzy, comme les gaufres !

Vous vous rappelez ?
Ah, je vois … les vacances vous ont fait perdre la mémoire …
Au travail, maintenant !
Réveillez-vous voyons !

Je vous écris du bout du monde. Oui, je passe de belles vacances au soleil au sud de la Thaïlande avec mon ami Charles. Nous nous connaissons depuis bien longtemps. Mon déménagement de 1997 nous a rapprochés au point qu’il m’a demandé de bien vouloir faire un bout de chemin avec lui.

Il m’a fait découvrir la route des vacances : le camping, les forêts humides de nos Ardennes, sa faune et ses hôtes. Mais cette fois, …

Notre intrépide guerrière n’a pas beaucoup réfléchi et elle se demande tout à coup si elle n’est pas devenu folle. Les béliers sont comme ça ... Ils agissent et puis ils réfléchissent ...

Moi, mon père a toujours dit que je n’avais peur de rien. C’est vrai, je ne suis pas de nature craintive.

Je n’ai jamais pris l’avion, mais qu’à cela ne tienne, si Charlie peut le faire, moi aussi. Je ne parle pas un mot d’anglais, mais cela ne m’inquiète pas. Je n’ai jamais voyagé, jamais quitté la Belgique.

Le seul hic : je ne sais pas nager et j’ai peur de mettre un pied dans l’eau mais pourtant il est hors de question que je laisse Charlie galoper parmi les poissons tout seul. Ce n’est pas le but ! Alors je nagerai ... oui, enfin avec une bouée ... et un tuba.

Nous décidons de faire notre première sortie en mer. J’ai la trouille de ma vie mais j’ai décidé de ne pas le montrer. Il me tient par le poignet et j’essaie d’imiter ses gestes pour avancer. Bientôt, je vois les fonds marins. Je dois contrôler ma peur ; hors de question de céder à la panique devant un homme, c’est un principe. Il y a au moins 30 mètres d’eau salée en dessous de nous ; je me répète désespérément que l’on peut se noyer dans un mètre de la même façon et que tout cela va finir bientôt. Jusqu’ici je suis toujours en vie, c’est bon signe. Charlie ne se rend pas bien compte de ce que je vis, et comme si ce n’était pas suffisant, il me fait un signe que je ne comprends pas, il me lâche la main et … plonge pour cueillir un coquillage. Je suis morte de peur. Je ferme les yeux pour ne plus rien voir et compte les moutons pour calmer mon angoisse. Je fais des gestes désespérés pour tenir à la surface. A ce moment-là, je ne sais pas combien ils sont inutiles puisque le morceau de « frigolite » nous maintient en état de flottaison. J’ai toujours entendu dire qu’il était dangereux d’être près de quelqu’un qui ne sait pas nager, car il s’accroche et ne vous lâche plus. Je me dis que cela ne doit pas m’arriver. J’ai bien envie de m’accrocher, mais je serre les poings. Tous les poissons qu’il me montre autour de nous, j’en ai rien à f…

Il me faudra trois ans pour vaincre ma peur de l’eau et oser entrer seule dans l’eau chaude et salée de l’océan Indien - c’est autre chose que la piscine - afin de regarder les murènes léopards qui semblent rugir comme le ferait un fauve ; elle a de terribles dents, recourbées vers l’intérieur. Celui qui se fait happer la main ne peut plus s’en dégager. L’océan n’est pas le domaine de l’homme. Ce sont les poissons qui y sont chez eux.

Les méduses sont énormes. Nous y avons été un peu fort en jouant au ballon avec l’une d’elle : elle nous a projeté ses petites bulles urticantes mais ce n’est pas très grave. Le pire c’est quand on lui fait du « rentre dedans » en nageant sans la voir. Là elle vous laisse un tatouage inoubliable : vous voilà lacérée pour une semaine, une embrassade émouvante.

Ce que je redoute le plus, ce sont ces beautés du diable, les oursins, ils sont des milliers à border la mer. Ils ne bougent pas, mais il y a tant de choses à voir que si on se laisse piquer, l’oursin vous rentre son aiguille de quelques centimètres sous la peau et celle-ci se casse en morceaux. Si vous ne connaissez pas le jus de citron qui la dissout, bonne chance pour l’enlever ! C’est douloureux mais pas autant que la pierre de feu, un corail qui se trouve au bord de l’eau. Si vous lui marchez dessus, vous avez l’impression de ne plus avoir d’orteil. Pourtant ce corail est très discret et quand vous regardez, vous ne voyez rien.
Ce n’est pas étonnant que les anciens croyaient aux esprits de l’eau …

1 commentaire Répondre

  • jeannine kerstius Répondre

    bonjour Suzi,

    merci pour ce récit de mer, de terreur, de rencontres urticantes

    je rentre de vacances au bord de l’eau translucide de l’île de Formentera

    découverte des poissons qui piquent parfois, des petites méduses qui approchent trop souvent quand l’eau se réchauffe

    mais bonheur incommensurable de nager, de se laisser caresser par ces ondes délicieusement douces

    dans l’eau je deviens légère, souple et j’oublie mon âge

    >Jeannine K

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