Une petite recherche Internet m’informe qu’à l’origine, cette fête est née en 1999, de façon très locale, au 17° Arrondissement de Paris sous le nom « Le Paris d’Amis ».
D’année en année, cette initiative s’est répandue progressivement à travers la France et a même dépassé les frontières de son pays d’origine.
J’ai commencé à prêter attention à ce concept lorsqu’en 2005, le centre social dans lequel je travaillais a décidé d’organiser une « Journée des Voisins » et d’installer un stand d’information sur le trottoir, interpellant passants et badauds sur nos activités tout en leur offrant du jus de fruits et quelques douceurs à grignoter.

Il y a 6 ans, nous avons déménagé dans un immeuble à appartements faisant partie d’un complexe de plusieurs bâtiments récemment construits.
A l’Assemblée Générale des co-propriétaires, la moindre décision prend souvent des allures de pugilat qui font s’arracher les cheveux du syndic et des présidents des Conseils de Gérance, dont mon mari.

L’idée d’organiser une Fête des Voisins me démangeait depuis un bon moment car plus le temps passait, plus il m’apparaissait essentiel d’imaginer un autre type de rassemblement, une activité-plaisir en commun pour calmer les esprits trop souvent échauffés par les très délicates questions de poubelles, d’utilisation des barbecues ou de nettoyage des communs.

Tout voisin à qui je partageais mon projet m’affirmait que cela ne marcherait jamais dans le climat conflictuel du moment, attisé, faut-il le dire, par quelques spécialistes (toujours les mêmes) du coupage de cheveux en quatre dans le sens de l’épaisseur.
Pour un peu, on me considérait comme une gentille illuminée !

Mais je peux être têtue et j’ai décidé de tenter quand même ma chance.
J’ai profité d’une de ces fameuses (fumeuses !) Assemblées Générales en mars 2010 pour lancer ma bouteille à la mer. Le message allait-il atteindre quelques rives hospitalières ?

Mais oui ! Contre tous les préjugés des oiseaux de mauvais augure, plusieurs personnes se sont tout de suite proposées pour m’aider dans mon entreprise.
Battant le fer tant qu’il était chaud, j’ai aussitôt fait un appel aux volontaires pour constituer un « Comité Organisateur », ce qui veut dire que j’ai glissé 89 papiers dans les 89 boîtes aux lettres des 89 appartements.

J’ai reçu la réponse favorable de huit couples et j’ai mis rapidement sur pied des réunions afin que nous décidions ensemble de la meilleure formule à adopter et que nous organisions la répartition des tâches entre nous.
En effet, si j’étais prête à jouer le chef d’orchestre, il me paraissait évident que je ne pouvais pas assumer toutes les partitions toute seule.

La solidarité devait commencer au sein du « Comité », mais que de coups de fils pour soutenir la motivation de tous, pour m’assurer de leur présence et de leur engagement !
Les membres du Comité Organisateur avaient pour tâche principale de repérer dans leur immeuble les personnes solitaires, très âgées ou qui se déplacent difficilement afin de les motiver et éventuellement d’aller les chercher.
Un voisin bien introduit à la Commune s’est chargé d’obtenir des tentes, tréteaux et chaises.
Pour les quelques frais engagés, un compte bancaire pour association de fait fut ouvert.

Le jour dit, la chance nous a souri : la météo a ensoleillé l’après-midi et rassemblé sur l’espace central entre les immeubles une bonne dizaine de grands costauds pour le montage des tentes ainsi que quelques épouses désireuses d’apporter les touches de couleur et les détails originaux à la décoration de l’ensemble.

A 16 heures, un homme dans la trentaine m’a demandé si je voulais un château gonflable pour les enfants. Trop occupée dans ma vie pour réaliser qu’il y a dans ce complexe des familles avec de jeunes enfants, je n’avais rien prévu pour eux. C’était offert gracieusement par des amis de ce jeune homme et j’ai donc accepté cette offre inattendue.

C’est à ce moment-là que j’ai senti que la partie était gagnée.
Autour de moi, tout le monde se mobilisait : les tréteaux se décoraient de montages floraux inattendus, de grosses lanternes avec des bougies ponctuaient les angles de la place, d’autres s’occupaient de fermer le passage à la circulation.
Dans un immeuble, la personne responsable du Comité Organisateur a même obligé une vieille dame seule à se rhabiller car elle était déjà en pyjama à 7 heures du soir !

Près d’une centaine de voisins ont apporté leur bonne humeur et leur enthousiasme en même temps qu’ils ont déposé des boissons et accompagnements de leur choix pour faire de cette soirée un exceptionnel moment de rencontre et de convivialité.
Mon frère avait préparé des étiquettes de couleurs différentes pour chaque immeuble : chacun y inscrivait son nom et pouvait ainsi reconnaître ses voisins les plus proches.

A 22 heures, tous ceux qui étaient encore présents ont prêté main forte au démontage du buffet mais, quelques restes de vin aidant, plusieurs petits groupes se sont joyeusement attardés au-delà de minuit.

 « Léna, tu nous remets ça l’année prochaine ? », me demandait-on.

 « Mais oui, bien sûr ! A la seule condition que vous soyez tous là pour m’aider »

2 commentaires Répondre

  • friede Répondre

    Encore un exemple comme il suffit d’une personne pour changer le monde !

    Et comme il est passionnant d’avoir l’occasion de vivre pendant quelques instants le vécu de quelqu’un d’autre que soi !

    Merci pour ce beau texte.

  • Danielle Defawe Répondre

    Bravo pour l’initiative. Un jour aussi, mon mari s’est lancé dans une telle organisation avec le voisin d’en face. Je n’y croyais pas. Même sous la pluie, ce fut une fête remplie de bavardages, rires et découvertes des uns et des autres. Depuis, le quartier est plus convivial et nous remettons cela chaque année. Autre moyen de vivre sa ville...
    Danielle D.

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