Ce texte fait partie du feuilleton "Ma soeur, cette héroïne", écrit par José T. Lire l’ensemble

Les Conseils de guerre de l’Oberfeldkommandatur tournaient à plein rendement. Les prisons continuaient à se remplir.
La presse clandestine placardait des circulaires appelant à la résistance contre l’occupant et dénonçait les "collaborateurs". Les "messagers de la liberté " étaient de plus en plus nombreux et les rexistes commençaient à trembler.
Le poste de radio branché sur la BBC bourdonnait plus que jamais ; les nouvelles étaient rassurantes et à la fois inquiétantes. Si les alliés progressaient, les bombardements s’intensifiaient autour de nous et faisaient des victimes innocentes. Entre avril et mai, chaque jour les sirènes d’alerte se lamentèrent longuement sur les toits de la ville et la gare de triage de Ronet, située dans les faubourgs, fut souvent criblée de balles et de bombes. Les avions alliés remplaçaient dans le ciel la Luftwaffen défaillante.
Un parfum de libération flottait avec insistance dans l’air. Nous apprîmes que les alliés s’apprêtaient à investir Rome.
C’est dans ce climat d’affairement fiévreux qui annonçait le grand débarquement que l’Armée secrète(A.S) du secteur de Namur, avertie que la Feldkommandatur se préparait à déporter tous les détenus politiques vers l’Allemagne, décida de planifier l’évasion massive des condamnés à mort et des détenus politiques.de la prison. Spada et bien d’autres auraient pu échapper à la mort.
Nous étions fin mai 1944. L’A.S espérait obtenir que les appareils de la R.A.F bombardent la gare de Namur, à proximité de la prison et, profitant de la panique, elle dynamiterait le mur d’enceinte pour envahir la prison, chloroformer les gardes tapis dans les abris, et libérer les détenus politiques. Notre maison devait être le quartier général de cette opération qui se ferait à partir de notre jardin, par le mur de ronde, à l’aller et au retour.
Pour la circonstance, on nous mit en sécurité, tous les trois, chez notre tante qui résidait à Vedrin. Ma grande sœur, elle, prétendit rester à son poste.
Après une semaine qui nous sembla durer un mois, nous apprîmes que le plan d’évasion avait été abandonné, Londres ayant refusé de bombarder la gare au centre de la ville. Nous rentrâmes chez nous, dans la hantise de plus en plus présente d’être surpris et arrêtés.
Bercés un temps par un vain espoir, les condamnés à mort durent se résigner à leur sort. Quant à nous, nous l’avions échappé belle. Que serions-nous devenus si l’attaque de la prison avait eu lieu ?

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