Extrait de "Nous écrivons notre vie" 2023-25
J’y ai cru à Jésus et toutes ces histoires de religion. J’ai tenu un cahier de sacrifices qui nous avait été remis à l’école. J’avais 6 ans. J’ai cru à l’hostie qui était le corps du Christ et sur laquelle on ne pouvait pas mordre au risque de le faire saigner. Et si jamais mes dents l’effleuraient, cela aurait-il le même effet ? Je le craignais… J’ai cru au petit Jésus né pendant la nuit du 24 au 25 décembre et qui rejoignait sa crèche entre l’âne et le bœuf… J’ai cru aussi à Saint-Nicolas et au père Noël et même aux cloches de Pâques… J’ai aussi cru aux apparitions de la Vierge et j’en avais terriblement peur. Je l’ai priée de ne pas me faire ce coup-là. Elle m’a écoutée !
Toujours je me suis demandé ce qui nous permettait de dire que nous étions les seuls détenteurs de la vérité. Les croyants des autres religions pensaient eux aussi avoir raison. J’ai commencé à douter. À 16 ans j’ai rencontré ma meilleure amie qui était athée. J’ai découvert ce monde avec intérêt, surprise, étonnement : il était donc possible d’être quelqu’un de « normal » sans pour autant être catholique ! C’était le début de la fin si j’ose dire… Quand, à 18 ans, j’ai dit à mes parents que je n’irais plus à la messe, car je n’en voyais pas la signification, il me fut répondu que ça faisait partie des obligations de la vie, point final ! Pour être convaincant, ça l’était, mais pas dans le sens espéré par les parents.
Peu à peu je me suis libérée de ces croyances, un long chemin puisque j’ai encore fait baptiser mon fils alors que j’avais 27 ans. Mon argument était « on ne sait jamais, s’il venait à mourir et qu’il allait au purgatoire par ma faute, je ne m’en remettrais jamais ». Enfantin comme réflexion, et plutôt de l’ordre de la superstition, pourtant j’y croyais encore. Et pour ma fille, 2 ans plus tard, je l’ai fait aussi, mais pour la famille et sans plus y croire. J’étais en plein divorce et ça ne se passait pas très bien, je devais ménager les susceptibilités. Une vraie comédie : j’ai fait tout mon possible pour convaincre le prêtre de ma bonne et vraie foi. Ce fut la dernière comédie de ma vie. Je n’ai jamais fait inscrire son baptême dans une église…
Dans la foulée, je me suis fait débaptiser. Symboliquement fort, je ne voulais plus faire partie des statistiques.
Alors, à quoi je crois depuis lors ? Vaste question. J’ai cru en l’Homme, aujourd’hui je dirais en l’être humain. Je crois en la vie, pas difficile, car elle va toute seule et que je n’ai aucun impact dessus. Pourtant elle a besoin d’être soutenue, entourée, protégée et plus que jamais actuellement. Pour permettre aux générations futures de vivre, si nous voulons un avenir pour l’humanité, nous devons nous en occuper. Donc oui, je crois dans la vie. Elle est à la fois d’une force inouïe et d’une fragilité insoutenable. Pour ne prendre que l’exemple du climat et des changements qui se produisent autour de nous, je pense aux terribles inondations de Valence : tout n’est plus que fétu de paille dans le déferlement d’eau. Eau qui cherche un chemin d’évacuation sans le trouver… et donc envahit tout.
Je crois aussi et malgré tout dans le progrès de l’humanité. Et là c’est de plus en plus difficile de s’y accrocher. Ça demande du travail, car ainsi que le disait Gandhi « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde ! ».
Et justement, il existe des milliers d’initiatives qui vont dans ce sens : protection de l’environnement, récupération, recyclage, économie circulaire, énergies alternatives, etc. Beaucoup de choses sont mises en place par des citoyen.ne.s et ça marche. Un jour la société entière basculera et oubliera le consumérisme effréné qui actuellement fait force de loi. Je rêve ? Oui, sans doute, peut-être, mais j’espère, pas trop !