Ce texte fait partie du feuilleton d’Yvette Lire l’ensemble
De mes quatre grands-parents, je n’ai connu que ma grand-mère maternelle. Nous l’appelions Bonne-Maman. Je n’avais que 7 ans quand elle est décédée, mes souvenirs sont donc rares et très flous. C’était juste après la guerre qui avait laissé mes parents, comme presque tous les villageois alentour, complètement sinistrés. La maison de Bonne-Maman, une des rares qui possédait encore 4 murs, était voisine du baraquement où mes parents et leurs 4 enfants habitaient. L’école du village, avec le logement y attenant où nous étions nés tous les 4, avait entièrement brûlé. Les allées-venues entre la ferme de Bonne-Maman et notre baraquement se faisaient dans les deux sens. Il suffisait de traverser un pré.
Bonne-Maman, veuve depuis ses quarante-six ans, vivait dans sa maison avec son plus jeune, mon parrain, qui n’était pas encore marié. Aidés de domestiques, ils recommençaient à faire tourner l’exploitation agricole.
Mes souvenirs sont gustatifs et olfactifs.
Chez Bonne-Maman, après la traite des vaches et l’écrémage du lait, je pouvais tremper mes petits doigts dans le seau de crème pour les lécher ensuite. Un vrai délice !
J’ai retrouvé une fois en France l’odeur d’une préparation faite par Bonne-Maman. C’était, je crois, à base de pommes de terre, réchauffées à la poële, avec du lait ajouté ? Peut-être.
L’odeur très caractéristique qui m’est revenue de si loin provenait probablement de la graisse qu’elle mettait dans sa poêle. Du lard ?… Du saindoux ?…. Du beurre ?….Plus personne ne peut me le dire.
En soirée, Bonne-Maman montait le pré. Chez nous, il faisait sans doute plus chaud et puis elle s’y sentait en famille, entourée de sa fille, son beau-fils, et nous quatre, les petiots.
Elle s’asseyait sur une chaise coincée entre un buffet et le poêle crapaud qui servait aussi de cuisinière. Le bonheur était de se réfugier sur ses genoux. Sans être très grosse, elle avait la poitrine rebondie et accueillante. Là, elle chantait volontiers : les comptines habituelles mais aussi le « Grand Saint Alexis » et la « Complainte du juif errant » dont ma sœur aînée a retrouvé les paroles mais pas la mélodie, malheureusement.
Je n’ai pas le souvenir d’avoir été grondée par Bonne-Maman. L’autorité chez nous, c’était Papa et personne d’autre.
Les photos que nous avons d’elle sont rares et d’autant plus précieuses. La dernière date de cette époque (1946-47), elle a un beau sourire et pourtant elle n’a plus toutes ses dents, ce qui lui donne un menton en galoche. Ce sont ses yeux qui sourient le mieux. Ses cheveux blancs sont tirés en arrière, en petit chignon porté assez haut. Elle a des boucles d’oreilles en or qui tremblotent au moindre mouvement. Sur ses genoux, comme tout enfant c’est cela qui nous fascinait.
Elle s’habillait comme toute vieille dame en Ardenne. Ses robes descendaient à la cheville. Ses corsages n’avaient jamais de décolleté. Elle avait reçu en cadeau de je ne sais qui, un petit châle bleu au crochet. Il avait été parfumé et le portait très rarement. Nous aimions le sortir de l’armoire et plonger notre nez dedans pour en sentir le délicieux parfum. Un peu de luxe dans notre dénuement d’après guerre. Notre grand-mère s’est éteinte chez nous sans avoir été longtemps malade.
J.K Répondre
ma ’bobonne’ logeait dans un appartement en face de chez nous
elle nous accueillait au retour de l’école, à midi et à quatre heure elle nous préparait du pain perdu
j’adorais quand elle me racontait des histoires en me frottant le dos
elle était très bavarde et c’est grâce à elle que je connais les détails de l’histoire de notre famille
très pieuse elle priait sans cesse quand nous partions en voyage en voiture
elle a vécu longtemps
j’ai eu le bonheur de passer la voir tous les matins avec mon petit garçon qu’elle adorait
bobonne était son nom ... bonne elle l’était !