« Ce sont les filles ordinaires qui font ça ». Dans la bouche de ma mère, « ordinaire » s’abat comme une gifle. Cet adjectif d’un autre âge en dit long sur elle et sur son éducation derrière laquelle elle s’abrite : rien ne saurait être pire que l’ordinaire. D’un seul coup, me voilà moins que rien, une fille perdue. Elle me toise du haut de ses principes, de ses « on doit, on ne doit pas », de ses « il faut, il ne faut pas » tout droits sortis du livre des bonnes manières. Moi, la bienséance, je m’assieds dessus. Je reste droite comme un i sous son regard désapprobateur. Ma lèvre tremble mais je ne cille pas. Je ne cède pas. C’est à mon tour d’être le roseau. Parfois je lui offre une rose pour adoucir sa déception de n’avoir pas pour fille celle dont elle rêvait. J’ai seize ans et ce qui jette une fois de plus l’opprobre maternel, c’est ma coupe de cheveux en brosse.

1 commentaire Répondre

  • clodomir Répondre

    J’ai connu la même chose.
    Quand ma mère disait de certaines personnes : "ce sont des gens ordinaires", c’était une condamnation sans appel.
    Je me demande si cette expression est typiquement wallonne.

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