De retour à Paris après six mois de soins à Chamonix, Mouchka se pose la question de reprendre ses études. Cependant, elle n’a plus la même motivation et aucun revenu. Pour le moment, elle loge chez des amis qui ont un petit enfant et ne disposent que de deux pièces ! Elle dort sur le seul fauteuil.

Elle décide de se présenter à Air-France comme future hôtesse de l’air et ne doute pas un seul instant d’être acceptée, car elle connaît plusieurs langues : l’anglais, le polonais, l’allemand ainsi que le français, bien entendu. Le refus la blesse, elle ne comprend pas pourquoi une belge qui ressort vivante des camps de concentration n’a pas sa place à Air-France.

Elle revient donc à Bruxelles et loge chez sa tante Julia. Elle trouve du travail comme employée à la Sureté de l’État Belge qui recherche les inciviques. Conseillée par le directeur d’Air-France, elle décide de postuler à la Sabena. Elle fait la description de toutes les langues qu’elle pratique. « Très bien, lui répond l’interlocuteur, parlez-vous le flamand ? En Belgique, c’est indispensable pour une hôtesse de l’air. » « Bon d’accord, dit-elle, donnez-moi un autre rendez-vous dans deux semaines. »

De manière incroyable, elle apprendra le minimum en quelques jours, sera acceptée le 4 juin 1946 et y fera une carrière complète. Elle organise des réunions de réflexions avec le personnel navigant et devient rapidement « chef-air-hôtesse ». Elle est à la fois souple et sévère. Sera très appréciée par les équipes qu’elle commande. Ce n’est qu’en février 1969 qu’elle quitte la Sabena et peut de ce fait se marier avec son compagnon, Marcel Désir.

En 1971, elle rentre à la TRANSEUROPEAN AIRWAYS où elle emploiera son dynamisme retrouvé jusqu’en 1992.

A côté de sa vie professionnelle, elle consacrera du temps à faire connaître les horreurs des camps de la mort aux jeunes, à donner des conférences sur son vécu dans plus de trente écoles secondaires, à parler aux étudiants pour les amener à réfléchir à la démocratie, au racisme, à la discrimination... Elle fait partie d’une association « Une voix, une femme » et accompagne les plus âgés qui vont visiter les camps ; elle les aide à faire des liens avec l’actualité belge, leur parle d’Hitler qui est arrivé au pouvoir par un vote de 96 %, de la Shoah, de Le Pen... Chaque participant revient bouleversé et souvent transformé. Aujourd’hui, elle reçoit encore de ces étudiants des lettres qui l’émeuvent et la rassasient.

Tout au long de ces années, Mouchka retrouvera quelquefois des aviateurs anglais ou américains qu’elle avait guidés et sauvés et qui lui témoignent une immense tendresse et beaucoup de reconnaissance.

1 commentaire Répondre

  • Souplit Répondre

    Bonjour,
    Je suis née après la guerre, mais beaucoup de membres de ma famille (mon père, des oncles, cousins et cousines) ont été déportés dans les camps.Ils en sont revenus mais handicapés et amoindris à vie.
    Il est bon, je pense, comme le dit un lecteur, de ne pas oublier...
    Y.souplit.

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