Voilà deux ans, mon mari et moi avons décidé de nous séparer, après 30 ans de vie commune. C’était mon second mari et nous avions chacun des enfants d’une première union. Vingt ans de bonheur malgré beaucoup d’obstacles professionnels et psychologiques, dont l’accompagnement de nos nombreux enfants dans leurs propres vies.
Je crois que c’est la retraite qui a changé la donne. Lui, pré-pensionné, obligé de quitter un métier qu’il adorait pour sa liberté de mouvement, des responsabilités motivantes et des voyages réguliers aux 4 coins du monde. Moi, travaillant par nécessité comme beaucoup, usée par le rythme effréné d’une vie familiale intense doublée des charges domestiques et professionnelles, et mise au chômage beaucoup trop tôt.
Nos vies se sont rapprochées physiquement du fait de sa présence constante à la maison, mais séparées intellectuellement lorsque j’ai pu m’engager dans des domaines qui me correspondaient enfin. La vie professionnelle faite de déplacements à l’étranger a cela de négatif qu’elle ne permet pas de pratiquer régulièrement des hobbies personnels aux heures de loisirs, les temps passés en famille étant trop réduits pour être encore rétrécis.
En dix ans, nos voies se sont écartées, nos conceptions ont évolué, jusqu’à la vision de la vie de couple. Je n’avais plus d’autre alternative que de trouver un équilibre dans l’éloignement, afin de me respecter et de retrouver l’estime de moi. Je ne garde pas d’amertume ni de rancœur mais je m’interroge sur les réactions de l’entourage des amis et de sa famille depuis cette séparation.
Physiquement éloignée désormais de la maison conjugale pour des raisons matérielles, quel statut me donne-t-on ?
Les amis sont devenus silencieux. Craignent-ils de comprendre ? de prendre parti ? Dans un milieu bourgeois, les personnes n’existent-elles qu’en couple ? Trop de femmes seules ? Dangereuses ? Je ne sais mais je m’inquiète. Une personne reste elle-même à travers les épreuves et les choix qu’elle pose. Une femme n’existe pas qu’à travers son mari. Est-il juste de rejeter l’un au détriment de l’autre lorsqu’on a pas essayé de rencontrer leurs difficultés, de les accompagner dans ces moments difficiles ? Parfois je me dis qu’étant veuve je serais mieux considérée. Peut-être aussi si c’était moi qui était restée sur place, dans un monde déjà façonné et bien connu de tous.
Je fais mon deuil de relations qui m’étaient bien agréables, et que je croyais égalitaires. J’essaie de recréer un nouveau cercle mais la relation de couple me manque beaucoup et c’est un vide affectif irremplaçable.
jeannineK Répondre
je suis certaine que "veuve" la réaction d’ émotion passée vous vous seriez sentie aussi exclue pour la bonne raison qu’une femme seule est perçue comme un danger pour le couple d’amis
et le sentiment de gène , à mon avis, est peut-être aussi le fait que vous êtes un miroir de ce que beaucoup n’osent faire ou admettre
en tout cas bravo pour votre détermination à rester vous même