Aujourd’hui mardi 22 juin à 11h50, je franchis la grande porte de la Basilique de Saint Jacques à Compostelle. Autour de moi, les gens s’embrassent et « tchoulent » (pleurent) dans toutes les langues du monde.
Pour moi qui suis parti le 15 avril, sur les marches du parvis de la Basilique Sainte Marie-Madeleine de Vezelay, la gorge nouée de peur et d’angoisse devant l’inconnu, je suis en train de pleurer comme une Madeleine : la boucle est bouclée.
Je lève les yeux vers l´autel. Un énorme encensoir, dégageant des volutes de fumées et de fortes odeurs d’encens, se balance au-dessus de nos têtes, d’un bout à l’autre de la nef centrale de l’église pendant qu´une musique assourdissante et irréelle couvre la voix et les pleurs des pèlerins.
C’est un moment inoubliable que je n’oublierai jamais de ma vie.
Ce soir, je resterai à Santiago. Demain matin, cerise sur le gâteau, je me paierai un dessert : je partirai à pied a Finisterra (là où finit la terre) au bord de l’Atlantique, pendant 3 jours. Je jetterai mes godasses dans l´océan : elles ont bien supporté mon poids et mes bagages pendant 3 mois. Elles sont tellement usées que ma hantise depuis une dizaine de jours est que la semelle droite de mon soulier se casse en deux... Après, j’irai brûler mes vêtements du voyage sur un bûcher public : cérémonie hautement symbolique des pèlerins qui marque la naissance de L’HOMME NOUVEAU.
Personnellement, je n’y croyais pas trop ...
Le lendemain, je prendrai le bus d´Eurolines de Santiago à Bruxelles (durée du trajet : 28h). J’espère que mes pieds ne protesteront pas trop...
Au moment où l’un des rêves de ma vie s’en est allé avec la fumée de l’encens vers la voûte de la Basilique, le seul voeu que je puisse vous adresser, en vous remerciant de m’avoir accompagné durant tout le trajet de mon Chemin, le voici :
Faites des rêves debout. C’est la vie ...
