J’ai 71 ans. Je suis célibataire, sans aucune famille. J’ai estimé qu’il était temps de préparer mes funérailles, car mourir cela coûte cher ! Où me renseigner ? Le spot publicitaire d’Adamo à la TV me semblait sympa. Ils m’ont fait parvenir leur documentation. J’allais être enterrée par une entreprise anonyme. Non merci. A la réflexion, je me suis souvenue que mes grands-parents et mes parents avaient été accompagnés par une entreprise funéraire qui existe à Anderlecht, ma chère commune, depuis des lustres. J’ai donc pris rendez-vous.
Mon interlocutrice me précisa de prendre la 2e porte, celle où sont exposés les cercueils. Cela commençait bien ! J’ai donc fait mon entrée parmi les cercueils. Je me suis retrouvée dans la pièce d’accueil, mi salle de séjour, mi bureau. Entre deux portes, j’apercevais la cuisine. Je ne voulais pas une entreprise anonyme, j’étais servie ! J’ai demandé à la responsable de faire un devis.
Que désirez-vous Madame ? Je n’en n’avais qu’une vague idée : une crémation et des obsèques. La première chose que vous devez faire, me dit-elle, c’est choisir votre cercueil. Ah bon, me dis-je, en riant dans mon fort intérieur, allons-y !
Je vous propose un cercueil en contreplaqué.
Cela jamais, je ne veux pas finir entre quatre planches de contreplaqué !
C’est très écologique, biodégradable.
Je m’en fous, je veux brûler dans du bon, du vrai bois.
Elle me présente un cercueil en sapin, qui, ma fois, ne me déplaisait pas ! Et top pour du bon sapin de ma chère Belgique ! Je serai patriote jusqu’au bout, on ne se refait pas !
Comment désirez-vous être vêtue ? Voulez-vous une manucure ?
Là, j’en ai eu le souffle coupé. Il fallait prévoir cela aussi ?
Une chemise suffira, m’entendais-je répondre, ou toute nue, puisqu’on va me brûler.
Hé bien non, c’est interdit. Il faut rester décente même après sa mort.
Notre conversation prit un tour plus familier. C’est vrai, me dit-elle, je vais avertir ma fille de ne pas me vêtir de rose. J’ai horreur du rose. Dieu sait où l’on va se retrouver et en rose pour l’éternité, cela jamais ! Je laissai la brave dame à ses réflexions.
Je suppose que vous ne désirez pas de fleurs puisqu’il y a crémation.
Mais oui, je veux des fleurs. Je les aime tellement. Un joli bouquet sur mon cercueil, cela ne serait pas mal, me dis-je.
Quelles couleurs désirez-vous ? Là, elle me posait une colle. Je choisis un bouquet blanc et rose. Pardon Madame, mais moi, j’aime la couleur rose.
Derrière la chaise se trouvait le calendrier de mon fleuriste préféré. Tant que j’y suis, me dis-je, je vais lui indiquer le nom de mon fleuriste. C’était surréaliste. Intérieurement, j’étais écroulée de rire.
Elle m’expliqua aussi que je pouvais ouvrir une convention funéraire chez Dexia. Je le précise car un jour, cela vous intéressera peut-être !
En sortant de là, je décidai de m’offrir des fleurs ; je l’avais bien mérité ! Je raconté mon histoire à mon fleuriste préféré. Il m’offrit le bouquet. Mon gentil fleuriste, il était sans doute tout ému !
Quelques jours plus tard, j’ai rendez-vous chez Dexia pour faire le nécessaire. Avant de nous quitter, l’employée me déclare gentiment : « n’oubliez pas de m’avertir, en temps venu ». Cela, m’entendis-je lui répondre, m’étonnerait ! Le contrat conclu, elle m’accompagna au seuil de son bureau. « Je serai toujours heureuse de vous revoir. » Et moi donc …
A présent, je peux dormir sur mes deux oreilles et mourir, le jour venu, en paix, le devoir accompli !
P.S. Je vous jure que mon récit est véridique, sans exagération aucune.
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Merci pour votre message.Vous avez sans doute raison mais je préfère qand même du sapin à de l’acajou ou à du contrelaqué !!! On ne se refait plus à mon âge...
Anne-Marie
N.B. Je blague. Toute cette histoire est tellemnt suréaliste !