Michèle, 50 ans, a participé aux ateliers de SV par conscience professionnelle et avec un scepticisme certain au début …
Démarche
Suis-je moi-même actuellement dans une démarche de SV ? c’est la question que je me suis posée après avoir dactylographié cette question à destination du groupe de SV !
Ma première réponse était plutôt non, étant donné mon « niveau de conscientisation » par rapport à certains membres du groupe de SV. Afin de rédiger moi-même un témoignage sur le sujet, je décide de me replonger dans la SV en plein été en lisant le livre de Serge Mongeau « La simplicité volontaire, plus que jamais ». J’avoue avoir pris le livre avec quelques réticences et l’avoir lu pendant mon « temps de travail ». J’avais non seulement besoin de me replonger dans cette matière mais aussi de me re-motiver.
Je viens de finir la lecture du livre et je reprends donc la feuille de questions.
Suis-je moi-même dans une démarche de SV ? Et bien, j’aurais tendance à oser dire aujourd’hui, oui, même si je l’affirme avec énormément … d’humilité … et que j’estime le chemin encore long à parcourir avant de pouvoir l’affirmer avec vigueur … si un jour j’y parviens 😉 Qu’est-ce qui m’a fait changer d’avis entre mon impression première à la lecture de cette question et maintenant ? Sans doute la lecture du livre de Serge Mongeau. Au sujet de la démarche, il y parle de réflexion personnelle et puis bien sûr aussi d’action. Or la réflexion par rapport à la démarche de SV et ma manière de vivre, oui, j’ai envie de l’approfondir ainsi que les actions concrètes. Mon cheminement, je crois, sera lent mais je l’espère continu. Pour cela, j’aurai sans doute besoin d’être régulièrement re-motivée car il faut bien avouer que cette démarche n’est pas naturelle par rapport à mon histoire et mon environnement familial.
Les valeurs principales que je mets derrière la démarche de SV sont la solidarité envers les autres (plutôt dans un environnement local) et la solidarité envers la planète (à une échelle beaucoup plus globale).
Motivation
Le fait de me retrouver, par obligation ou plutôt conscience professionnelle, comme participante d’un groupe de SV au sein d’Ages & Transmissions a déclenché ma réflexion.
J’y ai été notamment sensibilisée plus que nulle part ailleurs par les questions d’environnement et de dégâts que nous causons à la Terre. Le fait d’entendre les actions des autres, me pousse certainement quelque part à y apporter moi aussi ma micro-contribution.
J’ai beaucoup aimé aussi la vision « macro » de la SV : les valeurs qui la sous-tendent (sobriété, solidarité, lenteur, …) et aussi l’explication de la théorie de la décroissance qui permet de se poser beaucoup de questions sur la société dans laquelle nous vivons et sur la société que nous voudrions demain (pas seulement en Occident mais dans le monde).
Enfin et surtout j’ai apprécié très fort que notre animateur François ne se comporte pas du tout comme le gourou d’une nouvelle secte mais plutôt comme un … animateur …, « éclairé » de ses connaissances sur le sujet et se mettant au niveau de chacun et n’hésitant pas à « confesser » ses propres actions pas toujours en conformité avec les recommandations habituelles données dans tel domaine : « je prends parfois l’avion pour aller voir ma fille en France ». Une attitude plus prosélyte m’aurait fait fuir et m’aurait sans aucun doute bloquée et énervée.
Vie quotidienne
A la suite de l’atelier de SV, mon comportement a sans doute le plus changé dans le domaine des transports ; avant, systématiquement, pour me rendre quotidiennement chez mon père qui habite à environ 3 km de chez moi, je prenais la voiture. Depuis un an (le début du groupe de SV), j’y vais régulièrement à pied ou en vélo. En même temps je fais une activité physique, je suis en contact avec la nature, avec l’extérieur. J’y prends un réel plaisir. C’est quand même mieux aussi que pendant ce même laps de temps faire une demi-heure de tapis de marche à mon club de sport … J’avoue que l’automne et l’hiver sont deux saisons où je reprends plus systématiquement la voiture pour faire ce même trajet.
Quand je vais au bureau, je prends le plus souvent les transports en commun (3 différents) mais je prends ma voiture jusqu’à l’arrêt de tram car si je devais tout faire à pied, le trajet serait allongé certainement d’un quart d’heure à une demi heure. C’est donc perfectible, ça c’est sûr ! mais en faisant comme je le fais (voiture et transports en commun), je prends à peine plus de temps qu’en voiture et surtout je m’épargne les embouteillages et le fait de trouver une place de parking près de la rue de la Prévoyance.
Dans le domaine de l’alimentation, cela a un peu changé mais pas encore beaucoup ; il faut dire que ce n’est pas moi qui fait les courses, c’est mon mari. Il a été un peu sensibilisé notamment par le jeu de la ficelle auquel il a participé et par quelques unes de nos discussions à bâton rompu sur le sujet de la SV.
Des produits EcoVert ont fait leur apparition à la maison de même que certains produits de commerce équitable. Les fruits et légumes sont souvent plus de saison, produits plus localement et plus « bio » … mais certainement pas systématiquement.
Patrice pense au compostage …
Et si c’était moi qui devais faire les courses ? Ma foi, je crois que je ferais peut-être encore un peu plus attention que Patrice car un peu plus sensibilisée mais quand même avec des limites dûes à une certaine paresse, à des habitudes prises dont il peut être difficile de se défaire soi-même ou les membres de son entourage. Je pense ici à notre fils aîné qui conçoit difficilement un repas sans viande ou qui nous regarde avec un drôle de regard quand nous cuisinons du riz complet bio.
Dans quel domaine, suis-je le moins dans une démarche de SV ? Sans doute dans le domaine de la solidarité de voisinage. Depuis près d’un an, nous avons de nouveaux voisins ; je n’ai pas encore parlé avec eux … j’en suis assez honteuse car bien qu’étrangers, ils parlent français …
Après avoir organisé deux fois chez nous la fête des voisins, nous y avons renoncé … pour le moment. C’est vrai que quand on prend ce genre d’initiative on aimerait être relayé par d’autres ou au moins bien aidés et que ce n’est pas toujours ainsi que les choses se passent. Il faut alors tenir bon. C’est un domaine où j’ai besoin de prendre plus de temps et de sortir de mon côté « timide », « discret », « n’ayant pas envie d’être dérangée ». Comme le côté « plus de liens » est vraiment un côté auquel je crois profondément, j’espère bien dans les années à venir faire ce qu’il faut pour que cela change.
Limites de la démarche
Je déteste les gourous et autres prosélytes et comme dans toutes les « philosophies », il y en a ; pour moi, c’est un remède contre. Quand certains critiquent Al Gore ou Nicolas Hulot en disant qu’ils n’en font pas assez ou mal ou …, ça m’énerve car ce sont des initiatives capitales pour arriver à sensibiliser plus de monde à travers toutes les couches de la population.
Une autre question que je me pose est le développement des pays … en voie de développement …
Toutes ces belles idées (de SV), c’est bien beau quand on a connu un minimum de richesses mais pour ceux qui ne l’ont jamais connus … ? Comment arriver à un modèle de développement qui marche sans tomber dans les excès du nôtre ?
La question du chômage, me pose question également. Consommer moins, oui, certes mais ce sont des emplois en moins … Reconvertir ces emplois ? Il y a certainement des pistes à explorer !
Personnellement, par rapport à la démarche de SV, je ne suis certainement pas prête à changer entièrement et dans tout.
Personnel vs collectif
Est-ce que je pense que tout le monde devrait entrer dans cette démarche ?
Non, mais je pense que tout le monde devrait en avoir entendu parlé de manière approfondie ; cela permettrait à chacun de faire des choix en toute connaissance de cause et cela permettrait aussi je crois à la société d’évoluer en profondeur vers plus de tolérance, de respect. Les valeurs de la SV sont des valeurs humanistes à contre-courant du modèle dominant en Occident, elles ont besoin qu’on les remette au goût du jour : solidarité, sobriété, lenteur.
Tout le monde devrait aussi penser à la planète (pas seulement penser, agir aussi !), elle aussi, elle en a bien besoin.
Transmissions - Echanges
Je parle de la démarche de SV avec mon mari et mon père qui se sentent à priori plutôt éloignés de cette démarche. Le dialogue n’est pas toujours facile mais il est constructif. Avec les enfants : 17 et 20 ans, je n’en parle pas ou peu, j’attends des occasions favorables.
Avec notre entourage familial et amical, je n’en parle pas car je n’ai pas du tout envie de rentrer dans des discussions conflictuelles. Je ne me sens pas non plus suffisamment entrée dans la démarche moi-même pour en être un « porte – drapeau ».
Michèle Répondre
Après avoir lu mon témoignage, Jeannine m’a interpellée : mais pourquoi tu n’en parles pas avec tes fils, c’est dommage ...
Ils ne sont pas du tout dans la "société de consommation" : il faut que je pleure presque pour qu’ils achètent de nouveaux vêtements parce que franchement les trous et les taches qui ne partent pas dans les polos, en tant que mère, je ne trouve pas ça "top".
Pour le reste, je crois aux vertus du "modèle" ... : me voir prendre les transports en commun malgré ma voiture, des repas sans viande, des produits bio ou oxfam qui apparaissent dans notre alimentation ...