Nadine P., retraitée et membre d’Ages & Transmissions depuis plus de 10 ans, a participé pendant 2 ans à l’atelier de SV organisé par Ages & Transmissions. Voici son témoignage.
Démarche
La Simplicité Volontaire (SV) est une démarche qui, pour moi, a consisté à réfléchir sur mes motivations et mes modes de vie.
Grâce à notre démarche visant à définir la SV, mon regard a changé vis-à-vis de l’être humain mais aussi de la nature, de l’environnement et de tout ce qui est vivant. C’est ainsi que la SV m’a obligée à quitter les milieux privilégiés pour fréquenter des endroits où la promiscuité fait voisiner la discrétion avec des exubérances orales envahissantes ou vulgaires, le respect des autres avec le sans-gène,… Différents aspects qui peuvent être générateurs de préjugés ou d’amalgames dont il faut se méfier. En ce qui concerne les rapports humains, j’ai donc bien perçu qu’il faut sonder les cœurs plutôt que de s’attarder aux apparences.
Beaucoup pensent que « l’Avoir ça pose un Etre », mais être avec un peu moins d’avoir, ça repose. Et comment si l’on s’en réfère aux affres de la récente crise financière ou à la surenchère sociale qui crée des besoins factices !
Je considère que les valeurs principales émergeant de la SV sont le respect, l’amour des êtres et l’appréciation des petits bonheurs de la vie. La SV suscite invariablement en moi : reliance, harmonie, beauté ; des valeurs qui doivent être constamment mises en oeuvre.
Motivation, évolution
Ma motivation a commencé par les deux mots, « simplicité » « volontaire », qui, mis ensemble m’ont interpellée puis séduite. En m’impliquant dans cette démarche, j’ai réalisé être dedans inconsciemment depuis longtemps mais sans y avoir attaché une réelle importance.
L’évolution de mes réflexions a consisté en une analyse sincère de mes besoins fondamentaux, avec le souci de participer à un emploi restreint des ressources naturelles et de réagir à la société de consommation,
Un fameux programme qui ne peut se concevoir que dans la durée…
Vie quotidienne
Les domaines de ma vie courante qui sont concernés par la démarche de SV sont multiples ; voici quelques exemples :
en alimentation : pas de gaspi, emploi de produits locaux et de saison ;
mobilité : pour les longs déplacements, recours aux transports en commun, au train plutôt qu’à la voiture ou à l’avion ; (Un voyage à Berlin en avion a été écarté).
consommation d’énergies : - diminuer le chauffage en hiver, et, depuis cette année, l’arrêter en été, - éteindre TV, radio, lampes électriques en cas de non usage, - surveiller la consommation d’eau en prenant de l’eau de pluie pour arroser plantes et jardin, pas de gaspi d’eau à la cuisine, usage du lave-vaisselle limité, douches moins fréquentes, bains réduits, remplir davantage la machine à linge lors de son usage, repassage groupé et restreint au strict nécessaire, nettoyer et dégivrer plus régulièrement le frigo, éviter l’emploi de sacs plastic en les remplaçant par mes deux petits sacs en tissu qui m’accompagnent lors de mes achats.
rapport Nord-Sud : engagement récent à Oxfam, participation à différentes activités multiculturelles : conférences, films, réunions et fêtes de quartier.
La démarche de SV a modifié ma façon de vivre : je suis plus attentive à de nombreux aspects inclus dans la démarche et je tente de diffuser le message de la SV dans mon entourage par la pratique plus que par la parole.
La démarche de SV la plus difficile pour moi a pour cadre les relations humaines : étant de nature réservée, voire timide, je manque d’assurance pour entamer et encourager un contact ou organiser une activité.
Transmissions/échanges
La démarche de SV est un message vital qui véhicule le bonheur ; je pratique la SV et j’en explique la démarche si l’on m’interroge mais ne fais pas de prosélytisme ; je n’interviens pas auprès du politique.
Comme je viens de le dire, je crois au bien-fondé de la SV mais ne l’impose pas à mon entourage : mon propre comportement peut faire réfléchir tous ceux que je côtoie. Vouloir imposer mes idées risque de heurter ; l’exemple est plus efficace pour qui sait attendre.
Un geste simple que je souhaiterais voir adopté par d’autres c’est le respect de notre environnement, en particulier la propreté des lieux publics par les usagers ; il s’agit là d’une forme de respect des autres et des générations futures. Pourquoi salir, dénaturer détruire ce qui est une de nos richesses vitales, notre environnement ?
Une expérience concrète d’un aspect de la SV est la préparation et la réussite sociale de notre fête de quartier ; elle réunit près de 40 nationalités, elle permet de dynamiser les rapports sociaux entre les voisins quelle que soit leur communauté ; chacun se réjouissant de retrouver les personnes rencontrées.
Autre expérience : en travaillant chez Oxfam, je peux :
- favoriser le développement du commerce équitable au profit des pays du Sud,
- accueillir des clients de tous âges et de tous horizons,
- encourager l’anticonsommation par la vente de vêtements de seconde main.
Société
On peut prétendre que cette démarche, si elle est adoptée par tous, freinera le progrès. Mais que faut-il entendre par progrès ? La SV maîtrisera une expansion économique débridée, (présentée comme un progrès par certains), en recentrant l’humain sur son progrès social.
La SV est certainement une solution à la crise que nous vivons due à des spéculations sans aucune plus-value sociale. La prise de conscience et les changements de comportement promus par la SV permettront de promouvoir l’être, la convivialité plutôt que l’avoir et la surconsommation, de préserver les ressources naturelles, de protéger le climat.