Elevée dans une famille chrétienne catholique, mon enfance a été rythmée par les événements religieux.... baptêmes, confessions, messes, vêpres, ...
En 1946, je faisais ma première communion : pour cela, j’ai eu un enseignement en tête à tête avec une religieuse des Petites Sœurs de l’Assomption. Ainsi, une fois par semaine, elle me racontait avec des images les fondements de la croyance en Jésus et Sa présence dans l’eucharistie. Cette première communion s’est donc faite en privé et non dans un groupe de classe de 2ème primaire, comme cela se faisait à l’époque. Je me souviens que j’étais avec mes parents et mes cinq frères et sœurs dans la jolie chapelle du couvent de la rue Hôtel des Monnaies.
Mes parents fréquentaient assidument ces religieuses qui sont souvent intervenues dans notre famille pour aider maman au ménage pendant et après ses nombreuses grossesses. C’est d’elles que nous recevions durant la Guerre 40-45 les découpes de plaques de pâte servant à la confection des hosties. Nous les mangions comme le Bambix des bébés !
Me voilà donc pourvue d’une jolie robe à petites fleurs bleues et rouges et d’un chapeau du même tissu ; je fais ma première communion toute seule au milieu de la foule, sans grande fête ni cadeaux mais dans l’intimité de mon cœur d’enfant.
Plus tard, j’ai fréquenté le Patro tous les dimanches de 14 à 18 heures mais, sur le coup des 16 heures, il y avait une demi-heure d’histoire sainte, racontée par Sœur Thérèse des Filles de Marie.
A l’école de la Barrière de Saint-Gilles, nous étions hébergées tous les dimanches après-midi, nous occupions la cour de recréation et une grande salle de gymnastique pour nos jeux, pièces de théâtre et réunions de toutes sortes.
Notre Patro a compté plus de 170 membres encadrés par des dirigeantes et un staff deux religieuses et d’un aumônier. A 15 ans, je suis allée à Rome avec les plus âgées du Patro pour y rencontrer le Pape Pie XII.
La religion enseignée à l’école me rebutait un peu, les cours ne valaient pas grand-chose et seuls les exemples de vie de certains de mes professeurs me laissaient percevoir la justesse des valeurs fondamentales d’amour, de liberté et de partage.
Mon professeur de latin, Mademoiselle TITS, m’a complètement bouleversée lorsque je suis arrivée en classe en larmes, après m’être fait voler les 400 francs reçu de Maman pour m’acheter des chaussures ! elle m’a invitée dans le couloir et m’a donné 400 francs en me disant : « il est plus facile de donner que de recevoir, alors ...accepte ! » C’est à sa demande expresse que je n’en ai parlé ni à mes parents, ni à mes amis jusqu’à aujourd’hui.
En 1962, je me marie avec François : il a choisi de devenir chrétien, c’était sa démarche, je n’en ai rien su avant d’avoir vu son certificat de confirmation, document nécessaire à l’Eglise pour célébrer un mariage religieux.
Les enfants n’aimant pas imiter les parents, par contradiction sans doute, je n’ai pas adhéré à un groupe quelconque d’animation basé sur la religion. Mais je vais à l’église tous les dimanches.
Sur ma route d’enseignante, je rencontre un couple de parents d’élèves et, un soir de réunion, ils se proposent de me ramener chez moi en voiture. Au cours de la conversation, on évoque les plaisirs de la marche. Ils m’invitent à faire partie d’un groupe de marcheurs : les Compagnons de Saint-François.
Ce mouvement de pèlerins est né du désir de pacification entre les Allemands et les Français après la Grande Guerre. Ce groupe est international et fonctionne grâce à une petite structure de base et à un thème de réflexion qui varie tous les ans. Les réunions informelles auxquelles nous participons nous amènent peu à peu sur les routes des grands pèlerinages.
C’est au cours de ces routes que nous rencontrons des personnes de sensibilités religieuses différentes : anglicans, protestants, quakers, musulmans .... (l’un d’eux m’a dit un jour : « la seule chose que je ne peux pas faire avec une femme...c’est prier !!! ») Il y a des échanges, discussions (chapitres) sur les thèmes sensibles des différences entre nous. Le but est de s’accepter et de prier ensemble de manière non conventionnelle mais toujours très respectueuse des autres.
Les Compagnons de Saint-François sont présents en Belgique, en France, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Espagne, en Grande Bretagne, en Suède, ... Y sont admis toutes les catégories d’âges - les vieux, les jeunes, les bébés - les sportifs et même les aveugles ! Notre aumônier belge est capucin, ancien sénateur et actuellement à la tête d’une maison d’accueil pour personnes handicapées sociales.
Ce mouvement et ce prêtre ont été pour moi la porte vers une liberté de pensée qui chemine encore aujourd’hui. De ce dernier, je retiens le charisme et le regard sur le monde. A son contact, on peut penser : si Dieu existe, on ne peut l’effacer ; et s’ Il n’existe pas, il n’y a pas de mal d’y avoir cru.
Mère Theresa disait à un incroyant qui lui demandait : « que faire ? » : « fais le bien, le reste est accessoire ».
Je fais miennes aussi ces idées....
Le seul espace sacré est l’Esprit humain. Toutes les institutions religieuses sont légitimes. Aucune religion n’est supérieure à une autre, c’est un lien entre moi et l’Invisible.

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