Aussi loin que je me souvienne, retournant dans le passé comme une espèce de pèlerinage, l’amour de la nature a toujours été une constante : un intérêt jamais démenti, une joie et souvent un réconfort.
Elle agit tantôt comme un baume bienfaisant, tantôt comme un plaisir des sens, mais pour moi sa principale qualité réside dans le fait d’être une source inépuisable nourrissant mon être sur tous les plans.
Couchée dans un champ de blé ou dans une prairie odorante, je me sentais, enfant déjà, plus près de Dieu qu’à l’intérieur d’une église. La contemplation d’une toile d’araignée irisée par les rayons du soleil me procurait et me procure toujours une grande joie.
La nuit étoilée me fascine. Les orages et les éclairs m’électrisent. Les paysages de petites collines aux montagnes escarpées me donnent de l’allégresse, rarement de l’oppression, la plupart du temps un sentiment de gratitude.
Marcher dans les bois, le long d’un ruisseau, est salvateur quand on est d’humeur chagrine et apercevoir soudain un renard ou un écureuil comble ma nature enfantine que je n’ai jamais abandonné. Lorsque je me sens particulièrement en forme et envahie de bien-être, mon sentiment approche du sublime, car l’impression grandissante de faire partie de ce monde ne cesse de m’exalter. C’est comme si le rythme de la marche me faisait participer à la marche du monde. Au fur et à mesure que j’avance, ma respiration se calme, mes soucis s’envolent et une joie éclate dans ma poitrine, certaine que rien de fâcheux peut arriver dans cet état d’esprit.
De la petite faune sauvage aux grands fauves, des mammifères de nos forêts ou tout simplement les compagnons de tous les jours, tous sont l’expression d’une beauté parfaite.
Regarder dans les yeux une chèvre, un âne ou un chat, donne la mesure de l’innocence teintée d’impuissance, mais surtout de tendresse où la fidélité et l’amour ne sont pas de vains mots. Ils ont beaucoup à nous apprendre sur la patience, le courage, le chagrin, la joie et la souffrance et surtout cette volonté de vivre envers et contre tout.
Quand on pose les mains sur le tronc d’un arbre, on ressent en premier lieu le mouvement imprimé par le feuillage dû au vent. Ensuite, un mouvement plus subtil, mais bien réel se fait sentir. La grande force qui émane de cet arbre n’est pas uniquement due à son immobilité extérieure, mais par contraste, à sa souplesse d’adaptation intérieure. L’impossibilité de se déplacer, les racines profondément enfouies dans la terre et même dans la roche, a donné comme principale obligation l’adaptation au milieu et l’acceptation de toute contrainte extérieure.
L’arbre m’a appris une leçon essentielle : l’acceptation et la confiance.
La beauté des arbres, des plantes et particulièrement leurs vertus, dites "plantes médicinales" me passionnent.
J’aime surtout celles qui sont généralement considérées comme de mauvaises herbes. Pour moi, il n’y en a pas. On aime ou on n’aime pas.
Je fais pousser pêle- mêle quelques salades et autres légumes faciles dans un minuscule carré où les plantes sauvages ont droit de cité. Il m’est toujours aussi difficile de décider quelles plantes enlever et quelles autres laisser. La tonte de l’herbe, je ne peux vraiment pas parler de pelouse chez moi, est un autre exercice que je fais avec réticence et souvent tardivement tant les fleurs humbles comme les cardamines, les trèfles rampants, les renoncules, les pâquerettes et autres plantes comme les divers chiendents trouvent grâce à mes yeux. Le bleu d’un tapis de myosotis ou de jacinthes des bois appelle la tendresse.
Une colonie de bruyères installées sur une colline donne un tel sentiment de solitude empreint de paix que les larmes nous viennent facilement aux yeux.
Je me suis construite et reconstruite intérieurement à l’aide du monde naturel. J’en garde une grande reconnaissance et une foi en la vie.