Voici mon expérience personnelle de francophone vivant et intégré en Flandre.

D’emblée, j’exclus les connotations linguistiques.
J’ai librement choisi d’aller habiter en Flandre.
En Flandre, la langue est le néerlandais, alors j’ai appris le néerlandais.
J’ai appris à le parler, à le lire, à le comprendre mais j’ai surtout appris à découvrir et apprécier la culture sous-jacente à la langue.
Cela m’a demandé des efforts mais la récompense les fait vite oublier.
Et la principale récompense, c’est d’avoir avec les deux communautés des échanges dans lesquels je me concentre sur les idées et je les apprécie et non plus sur la langue qui les véhicule.

Les Gens de Flandre m’apprécient
parce que comme eux, je travaille, même beaucoup, avec des contraintes qui empiètent sur des domaines privés,
parce que comme eux j’entreprends, prends des risques et crée de la valeur
parce que comme eux, je suis pragmatique et ne gère pas des problèmes mais investis mon énergie dans des solutions, parce que comme eux, je suis sensible au malheur des autres lorsque ce malheur est une conséquence de la fatalité,
parce que comme eux j’ai conservé des références morales telles être responsable de soi-même et ne pas transférer à la collectivité le soin de mon avenir et de mon confort.

Les gens de Wallonie, que je rencontre ont conservé la nostalgie de ces valeurs, ils les souhaitent mais leurs initiatives sont trop souvent contrariées par des baronnies socialisantes qui depuis des décennies s’adjugent le droit d’imposer aux individus des normes collectivistes du bonheur.

En tant que francophone, j’ai été deux fois candidat aux élections communales dans une petite commune de la Flandre profonde, en tant que francophone, j’ai été élu président d’un club Rotary de Flandre, en tant que francophone, j’ai assumé des responsabilités dans des comités de parents, en tant que francophone, j’ai été sollicité pour traiter de la problématique des travailleurs de 50 ans et plus, en tant que francophone, je me suis intégré dans nombre de milieux et associations locales...
Jamais, il n’a été fait d’allusion négative ou discriminante parce que ma langue maternelle fut le français.

7 commentaires Répondre

  • Andrée Wéry Répondre

    Que la Flandre est belle ! Que les flamands sont forts, courageux, fiers et autonomes ! Enfin des gens responsables et pragmatiques qui veulent bien aider ceux qui sont victimes du sort mais pas les fainéants qui construisent leur malheur par eux-mêmes ! Que dire des wallons ? Des assistés, pourris par les socialistes... Ce discours fleure bon les préjugés... mais oublie cruellement l’histoire et l’évolution de la Belgique d’après la guerre de 1940-45. Mais Monsieur Jadot n’a certainement pas le temps de lire car lui,il travaille.

    Cela fait plus de quarante ans que je suis pour un fédéralisme net et fort... Mais à l’époque les politiques flamands n’en voulaient pas. Ils préféraient une forme d’autonomie en gardant tous les avantages de l’état belge... où ils savaient qu’ils étaient majoritaires et qu’ils pouvaient imposer leur vision et garder une main mise sur Bruxelles...

    En tant que wallonne, je suis fière de ma région et je ne peux me reconnaître dans les discours tenus au Nord du pays, discours qui occultent la réalité de la Flandre elle-même... La question est sociale et les politiques la transforment en problème de territoire et pourquoi pas tant qu’ils y sont en question ethnique !

    • lekeux jean Répondre

      Je regrette que vous ayez caricaturé mon vécu en le qualifiant de somme de préjugés.
      Si l’histoire a été ce que vous évoquez, et je ne doute pas qu’elle ait été telle, à partir de quelle génération se forgera-t-on l’avenir que l’on souhaite.
      Je veux croire qu’il y a en Wallonie des jeunes qui veulent des demains prometteurs et font ce qu’il faut pour, sans se lamenter. Enourageons-les.

  • Carolo Répondre

    J’apprécie, Monsieur Janot, votre texte élogieux sur la Flandre. Je n’ai jamais douté de l’esprit d’entreprise des Flamands. Parmi leurs atouts, il y a souvent une bonne connaissance du français et l’accès à sa culture universelle. Vous vous sentez bien chez eux en tant que francophone parce que vous avez eu la patience d’apprendre la langue et la culture néerlandaise à fond. Bravo ! J’aurais fait comme vous si le hasard m’avait fait vivre au nord de mon pays. Mais il me semble que vous partagez sur les Wallons les préjugés de vos nouveaux amis.

    Je suis né à Charleroi en 1921 et y ai vécu 60 ans. Dans ma jeunesse, la Wallonie était riche et la Flandre profitait de cette richesse car la Belgique était une et indivisible. Les premières autoroutes ont été construites en Flandre, rappelez-vous, avec l’argent de tous. J’ai pu observer le déclin insupportable du Pays Noir et de toute la Wallonie à cause de la perte progressive des ressources minières et de leur conséquence sur l’industrie lourde. Les Wallons n’y pouvaient rien. C’est exact que les « baronnies » socialistes n’ont jamais pu freiner le mouvement, au contraire, elles se sont engraissées. Mais avant la régionalisation, les gouvernements successifs n’ont rien fait non plus ! Et les sociaux-chrétiens où l’aile flamande avait un énorme poids, a été de tous sans exception ! Si au lieu d’engouffrer des milliards dans les mines moribondes, ces gouvernements nationaux les avaient investis dans un réseau routier et ferroviaire de qualité au sud, dans les industries de pointe qui font aujourd’hui la richesse de la Flandre, nous n’en serions pas là. L’autoroute de Wallonie a été construite trop tard. Le sillon Sambre et Meuse aurait pu devenir une Silicon vallée. Pour joindre Charleroi à Mons, il fallait encore, en 1969, une heure de routes défoncées par un sous-sol sans cesse en mouvement.

    Aujourd’hui, les politiciens flamands veulent l’indépendance de la Flandre sans même se rendre compte que ce serait l’entraîner avec tous le pays dans une catastrophe économique et sociale.

    Le SOL n’est ni flamand ni francophone. Il est muet. Ce sont ses habitants qui parlent l’une ou l’autre langue. Quand tiendra-t-on compte de leur avis, notamment dans au moins les communes « à facilités » qu’on veut supprimer. Dans certains conseils communaux les partis francophones y ont la majorité ! L’un des droits de l’homme y est donc foulé aux pieds.

    Ces réflexions sont aussi une réponse aux autres « francophones vivant en "Flandre" », heureux ou malheureux.

    • lekeux jean Répondre

      Vous évoquez l’histoire. Je la respecte comme source de sagesse.
      Votre analyse me paraît juste. Cela étant dit, le poids de l’histoire ne peut pas trop longtemps justifier les inerties actuelles.
      Je ne partage pas votre point de vue concernant l’appartenance du sol aux gens qui s’y installent.
      Le sol est le patrimoine d’un peuple, ceux qui s’y installent devraient avoir la courteoisie d’accepter les us et coutumes des autochtones.
      Selon vous, à Borgerhout où vit une majorité de personnes dont la langue maternelle est l’arabe ( ceci est un exemple ) l’administration devrait-elle se faire dans leur langue matrnelle ?

      • Carolo Répondre

        Le forum est l’endroit où peuvent se rencontrer, dans la courtoisie, si possible, des opinions différentes. Merci, Jean Lekeu, de noter qu’une grande partie des miennes vous paressent justifiées. Mais, je trouve, votre exemple de Borgehrout un peu spécieux. D’abord aucun recensement ne peut prouver que les habitants de langue arabe y sont majoritaires. Dans leurs rapports avec l’Administration, ils ne peuvent utiliser que l’une de nos langues nationales ; le néerlandais en l’occurrence, le français à Marchienne-au-Pont.

        En revanche, ce recensement aurait pu se faire dans les communes de la périphérie bruxelloise, si leurs bourgmestres n’avaient pas, jadis, enfreint la loi en le sabotant. En dépit de cela, dans les communes « à facilités », les demandes de documents administratifs et les votes pour les partis francophones démontrent, sans conteste, que ceux-ci sont majoritaires à Linkebeek ou Rode-Sainte-Genèse, par exemple. Voilà pourquoi les Flamands, de plus en plus nationalistes, veulent la suppression des gemakkkelijkheiden, comme je crois que l’on dit en néerlandais. Elles révèlent trop la vérité. Idem pour leur combat BHV.

        Quant à la théorie du sol elle a été la cause de guerres incessantes en Europe, et le reste, interminable, en Palestine. Le sol est-il le patrimoine d’un « peuple », comme vous le pensez ? Mon jardin, jadis à Châtelet, était mon patrimoine, celui de mon sympathique voisin, émigré flamand, était le sien. La frontière linguistique est une construction boiteuse, une ligne fixée une fois pour toutes de manière arbitraire, un jeu de vogel-pic politique, comme nombre de frontières non naturelles !

        Selon la théorie du sol, Bruxelles est historiquement patrimoine flamand ! Dans mon quartier d’Ukkel, les rues s’appellent Gelijtsbeek, Papenkasteel, t’Cortenbos, Verrewinkel, Engeland, Dieweg, etc.
        Faut-il rendre Brussel à la Flandre ? Les politiciens flamands en ont déjà fait la capitale de la Flandre ! Lillois, Roubaisiens, attention !
        La sagesse n’est-elle pas plutôt d’élargir la région bruxelloise, aux communes voisines ? Pourquoi les politiciens flamands n’en veulent-ils pas ? La capitale de la Belgique (et de l’Europe) deviendrait alors bien plus bilingue au lieu de ne compter au plus que 10 à 15 % de néerlandophones. Chacun s’y trouverait chez soi !

  • clodomir Répondre

    Qu’est-ce que c’est les "normes collectivistes de bonheur" ?
    Peux-tu expliquer et donner des exemples.

    • lekeux jean Répondre

      Cette formule est une formule de synthèse que j’utilise pour exprimer ma perception de la gestion de la Wallonie. Pléthore de normes insérant l’individu dans un carcan de dispositions légales qui contrarient le développement économique. Je pense également à l’école où l’effort d’apprendre a été remplacé par l’illusion que sans connaissances, il est possible de maîtriser les défis de l’évolution.
      Je cite aussi l’abandon du pouvoir judiciaire qui n’ose plus sanctionner les incivilités ou les structures familiales qui ne transmettent plus des valeurs.
      Le non respect d’un code n’entraîne que peu de sanction.
      La grève à outrance perd de sa noblesse.
      L’assistanat social entretient l’inertie.
      Les gens imbibés par cette culture d’assistance forment une population à ce point importante que les politiques ont intérêt entretenir cette assistance.
      Le bonheur devient le même pour tous et la collectivité vit assoupie.
      Pourtant, il faudra qu’elle se réveille.
      Il y a des signes que cela bouge.
      C’est heureux.

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