Bruxelloise de naissance, le contexte linguistique de notre pays ne m’est apparu que très tard. Il y a 60 ans, le français régnait en maître, même en Flandres, dans mon milieu. Ce n’est qu’en me mariant avec un francophone de Flandres que j’ai constaté que les langues se pratiquaient par "couches" de population.
Première expérience ahurissante : mon mari, bien que bilingue, a eu du mal à réussir l’examen d’accès au notariat en néerlandais, car la version portait sur les accessoires de navigation !
Habitant la périphérie "à facilités", nous n’avons eu que le problème du choix du système scolaire pour nos enfants. Ce choix devait être fait dès la maternelle, et définitivement. Quelle idiotie ! et quel obstacle au bilinguisme ! Comme si on prenait une carte de parti.
Plus tard, c’est en me mettant au travail que j’ai compris le système. IL fallait être bilingue pour obtenir le job, sur papier en tous cas, mais dans la pratique je ne parlais que le français.. ou l’anglais. Donc de la poudre aux yeux pour satisfaire les autorités et les directions d’entreprises..
C’est en m’écartant doucement de Bruxelles que j’ai le plus ressenti les tensions communautaires. Rejet agressif de toute expression francophone à Overijse (alors que les autres langues étaient tolérées, par exemple à la paroisse), dénigrement et obstacles administratifs pour toute action culturelle unilingue à Tervuren, avec pour effet de décourager les initiatives et d’augmenter les coûts... Cependant je n’ai aucun problème sur le terrain, avec les habitants et les commerçants. Le compromis à la Belge, cela existe bien partout. L’envie de vivre en paix et en bonne entente aussi ! Je plains les pauvres employés communaux contraints de dresser un mur entre les gens, sous peine de perdre leur emploi.. Triste procédé pour un pays qui a pour devise "l’Union fait la Force".
Jean N. Répondre
Votre témoignage, Madame, est plein de bon sens. Vous êtes la preuve vivante d’une politique linguistique qui n’en a aucun.