CANCANOUILLE

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SAMEDI 19 mai 2007

Depuis notre édition du samedi 3 mars, nous vous avons relaté les différents épisodes liés à un drame qui s’était produit au centre de parachutage de Schaeffen.
Colette, âgée de 39 ans, parachutiste chevronnée, avait trouvé la mort lorsque à la fin de la chute libre, elle n’a pas pu ouvrir en temps utile son parachute.
L’enquête a rapidement démontré qu’une ficelle avait été nouée autour des « suspentes » qui relient la voilure au parachutiste et que la poignée d’ouverture avait été légèrement sciée.
La police a interrogé diverses personnes de son entourage proche. Certains portaient le même bijou que celui caché dans le portefeuille de la victime. Seul un œil connaisseur pouvait faire la différence entre les gravures de ces pendeloques en provenance du Vietnam.
Charline, une jeune amie âgée de 19 ans a été longuement interrogée ainsi que Pascal, le moniteur, qui portait lui aussi ce fameux pendentif.
L’enquête semblait piétiner.

La police tenant les journalistes à l’écart de leurs recherches, j’ai interrogé diverses famille et voisins.
Intriguée par la similitude des bijoux, j’ai frappé à la porte de l’Ambassade du Vietnam.
Le secrétaire a volontiers répondu à mes questions à ce sujet.
« Ces médailles représentent un animal de l’horoscope chinois. La personne qui achète la collection des douze animaux s’achète en même temps l’assurance d’une vie meilleure à une condition, c’est que chacun de ces médaillons soit destiné à une personne que l’on a aimé, que l’on aime ou vers qui une attirance particulière vous mène »
Effectivement, si une inspection rapide montre des objets semblables, ce n’est qu’en regardant attentivement que l’on voit en filigrane, un animal différent.
Pour Colette née en 1968, il s’agit d’un singe.
Pour Charline née en 1989, c’est un serpent.
Pour Pascal né en 1955, le dessin représente un dragon.

J’avais déjà interrogé les voisins de Charline. Ceux-ci, d’un ton laconique, ont volontiers décrit le malaise qui semblait maintenant régner au sein de la famille :
« L’atmosphère est devenue lourde, la joie a quitté les visages, les jumeaux errent comme deux âmes en peine, Charline oublie de nous saluer lorsqu’elle passe, la tête basse et le front barré par des rides de soucis. La police est revenue plusieurs fois »

C’est ce vendredi que la nouvelle éclate : l’auteur des faits à avouer !
Voulant préserver les enfants, la police nous a communiqué peu de chose, mais suffisamment pour que nous comprenions ce drame passionnel.

Charline, désespérée par la perte de son pendentif, l’a cherché minutieusement dans la maison. Pourquoi a-t-elle fouillé dans le fond du tiroir de la table de nuit de sa mère ? Etonnée de l’y trouver, elle le regarde de plus près et constate que le filigrane ne correspond pas au sien : il s’agit d’un coq.
Lucie, sa mère, entre dans la chambre à cet instant. Voyant sa fille tenir dans sa main le bijou, elle éclate en sanglots.
Les phrases, entrecoupées de silence et de regards effrayés, sortent comme un fleuve retenu trop longtemps.
« En Tunisie, lorsque ton père et moi enseignions dans le cadre de la coopération, nous avons rencontré Pascal qui rentrait du Vietnam. Sans travail et sans domicile, nous l’avons hébergé chez nous quelques semaines. Nous sommes rapidement devenu très amoureux l’un de l’autre et, tu as été conçue de cet amour. Ton père n’est pas au courant. Les jumeaux, bien que je continuais à voir Pascal, sont bien les enfants de ton père. Pascal m’avait donné ce pendentif en gage de fidélité. Lorsque j’en ai vu un à ton cou, semblable au mien, je me suis dit qu’il te l’avait offert comme cadeau d’un père à sa fille. Un jour où je te conduisais au centre de parachutisme, Colette a laissé échappé de son portefeuille le même bijou. Très en colère sur ce que j’ai pris pour une trahison, j’en ai voulu à cette Colette qui était devenue ton amie. La veille du drame, prétextant que tu avais oublié ton portefeuille, j’ai eu accès à la salle où sont gardés vos parachutes personnels. Je n’ai pas réalisé la gravité de ce que je faisais, j’avais simplement voulu qu’elle ressente une grosse peur en voyant les cordes se dénouer difficilement »
Une famille brisée. Un ménage à l’apparence si tranquille...

Wivine