Nous nous sommes mariés civilement, Anne-Marie et moi, 1er avril 1970.

Pourquoi en ce début du printemps, alors que je n’ai pas encore terminé mes études de chimie et que nous n’avons pas encore d’appartement ?
Très simplement : la semaine suivante je suis convoqué au "Petit Château" et qu’un milicien marié effectue prioritairement son service militaire en Belgique.
D’ailleurs, ce soir là, nous sommes rentrés chacun chez nos parents comme si de rien n’était.

Le père d’Anne-Marie, un homme intelligent et charmant, est major à Bruxelles.
Ses relations vont me permettre d’effectuer un service militaire intéressant et près de chez nous : une place de chimiste au laboratoire du service des réceptions, sur le site de l’école royale militaire m’est promise (à condition de ne pas devoir aller en Allemagne comme la plupart des célibataires) : une bonne planque quoi.
Pragmatique, j’ai calculé qu’il n’y avait aucun intérêt à postuler comme candidat officier de réserve et je serai simple milicien pendant 12 mois.
(Désolé pour ma chère belle-mère qui était folle des uniformes, des réceptions et des bals ...)

Le 8 avril, je me rends au "Petit Château" (muni de la copie de notre acte de mariage) pour un jour et demi de sélection, ce qui ne pose pas de problème, ensuite je retourne à mon mémoire de fin d’année.

Le 1er août, nous célébrons notre mariage religieux et, après un voyage de noce ensoleillé dans les Alpes, j’effectue un travail de quelques mois pour la préparation d’un congrès de pharmacie à Bruxelles.
Anne-Marie subviendra grâce à son salaire aux besoins de notre jeune couple ; ultérieurement, une indemnité de milice lui sera attribuée.

Et le 1er octobre, je prends le train militaire pour Namur, centre de formation des miliciens francophones à la caserne Marie-Henriette.
Ce sinistre bâtiment est situé non loin de la prison de Namur où une bonne moitié d’entre-nous s’est d’abord présenté !
Normal, c’était vraiment pareil extérieurement (on n’a pas pu y rentrer, mais l’intérieur ne devait pas être beaucoup mieux que notre vieille caserne !)

Alors là, une fois arrivés, on a pu se rendre compte de ce qu’était notre vaillante armée belge !

Dans un vrai taudis insalubre, chauffé à l’aide de poêle à charbon que nous devons éteindre chaque nuit (on n’a jamais compris comment le faire), ne disposant que d’un matériel périmé : interdiction d’utiliser les fusils trop vieux et donc dangereux, pas d’uniformes avant deux semaines (nous n’avions pas prévu de vêtements de rechange suffisants !), pas de sortie en ville ni de permission avant 2 semaines (visite autorisée aux familles le 1er dimanche), les lunettes ABL pas adaptées à ma vue, ma plaque d’identification munie d’un numéro erroné, ne parlons pas de la nourriture ...(selon mon beau-père, on nous fait manger des conserves destinées au temps de guerre !)

Bref la gloire, une situation digne du début du siècle !
C’est là que j’ai vu pour la première fois de ma vie des (milliers de) cafards.
(Petit insecte préhistorique de couleur - comme par hasard - kaki).

Et le comble c’est la formation !

Les instructeurs, tout justes capables de vous faire marcher au pas en gueulant des sons incompréhensibles, de vous éreinter par des marches inutiles, de vous faire reconnaitre les grades (étoiles, barrettes, etc.) même ceux des aviateurs et marins qui suivent une toute autre logique, de vous montrer le maniement de l’une ou l’autre arme (pas votre fusil : mais quoiqu’il ne peut être utilisé, doit toujours être parfaitement nettoyé !)
Il y a quand même, pour notre plus grand plaisir, une sorte de Lucky Luke capable d’atteindre la cible à l’aide d’un rétroviseur...

Ces pauvres types nous mettent en garde vis-à-vis des restaurants chinois de Namur, censés espionner au profit de la Chine de Mao et tentent de faire croire que l’ennemi communiste est prêt à nous envahir...

Quant à la théorie (simple puisque destinée à 50% de quasi illettrés), elle est incroyable : figurez-vous qu’en cas de bombardement atomique, il vous faut vous coucher face contre terre et diriger vos semelles vers le champignon atomique : elles seront probablement fondues mais vous pourrez ensuite continuer la bataille sous les ordres de nos valeureux militaires de carrière.
Malheureusement, deux universitaires (un physicien nucléaire et un ingénieur ayant travaillés dans l’industrie atomique aux Etats-Unis) posent des questions insidieuses mais pertinentes auxquelles le capitaine ne pouvait répondre...
Celui-ci finit par les faire taire faute de connaissance par rapport à ces miliciens experts et fauteurs de trouble.
Qui nous expliquent peu après que le tissu de mensonges qui nous est débité est juste bon à faire de nous de la chair à canon radioactive.
(Dans pareilles circonstances : la victime irradiée doit mourir d’une diarrhée irréversible)

Ce capitaine est d’ailleurs une sorte de nazi telle, qu’un jour, un COR nous a tenu les propos suivants :
"Si l’un d’entre vous tire une balle dans le dos du capitaine, moi, je ne l’aurai pas vu !"
Mais sans fusil en état de fonctionner et sans munitions, nous ne pouvons pas lui faire ce plaisir.

(Mon Dieu, bon-papa, serait-on resté en 1912 ?)

Après un mois de ce régime amaigrissant, dans une ville de province à l’époque sans éclat ni restaurant adapté à notre budget de 20 BEF par jour (en 1970), j’ai enfin rejoint le laboratoire à Bruxelles, ou, comme le nombre de lits était très limité sur le site de l’ERM, nous pouvons rentrer (presque) tous les soirs chez soi.
Jamais je n’aurais pu vivre encore 11 mois auprès de pareils abrutis !

Ici, durant les heures de travail au laboratoire, je suis redevenu un être humain qui fait du bon travail technique et est apprécié à sa juste valeur.
Le laboratoire contrôle la qualité des produits achetés par l’armée : depuis les essences et lubrifiants jusqu’aux textiles et boutons dorés en passant par les peintures et les conserves.
J’y apprends bien des choses et cela a, comme prévu, constitué une première expérience professionnelle : j’y contrôle la qualité des graisses, bitumes et solvants vis-à-vis des spécifications militaires.

Le colonel V.H. (d’aviation - c’est plus intelligent et moderne que les kakis), un brave homme, est également ingénieur technicien chimiste et bien connu dans l’industrie pétrolière.
Le major, ingénieur de l’ERM, le seconde administrativement.
On ne les voyait que très peu.

Les laboratoires fonctionnent de toute façon uniquement grâce aux civils (des fonctionnaires sont responsables des différents services) et aux quasi-civils (COR et miliciens) ; quant aux sous-officiers, ils se déchargent de leur travail sur nous pour aller bricoler ou bavarder entre eux !

Il y a aussi un ou deux caporaux de carrière : de tels primaires on ne saurait ni les inventer, ni même les imaginer ! Je suis convaincu depuis ce temps que l’armée belge est une succursale du chômage ou un atelier protégé : aucun employeur n’engagerait jamais ce genre de pauvres types.
L’un d’eux arrive toujours en retard, va boire directement sa première Guinness (vers 9h30 du matin), puis passe sa matinée à préparer des frittes et quitte le laboratoire bien avant nous !

Evidemment, une fois sorti du laboratoire, nous redevenons des petits miliciens de l’ERM corvéables à merci : rien ne nous est épargné : au matin, avant et après le diner ou lors des jours de garde.
Chacun a son sale boulot, moi, je surveille le nettoyage des thermos du diner...

Et oui, l’ERM n’a pas de cuisine pour ses miliciens, uniquement pour les élèves officiers.
Ceux-ci disposent de deux restaurants : de qualité croissante selon leur grade !
Nous aimons bien y travailler lors des corvées : les restes des repas avalés à la hâte en cachette valent la peine d’y faire la vaisselle...
Pour nous, il faut faire venir un camion (en moyenne un sur trois en état de marche) et aller chercher les thermos de 50 l à la caserne Rolin.
Imaginez l’état des viandes (quasi bouillies) ou des frittes (tièdes et gluantes) après ce conditionnement inadapté.

Les miliciens sont répartis entre 50 % de francophones et 50 % de néerlandophones ; encore qu’il y ait un certain nombre qui ne parlent qu’un effroyable et incompréhensible patois flamand et même l’un ou l’autre (de la région de Mouscron) qui ne parle que picard je crois.
La moitié sont des universitaires rattachés aux diverses chaires de l’école ou au musée de l’armée, l’autre moitié : des primaires presque illettrés.
L’un d’entre eux, S, ne sait pas exactement qui il est ; un jour son père est pompier (possible), un jour il est mort, le lendemain, c’est sa mère !
Il a même un jour avoué un vol qu’il n’avait pas commis.
"Ik ben één beetje jong" a-t-il coutume de répéter.

Comme il est de garde avec moi le soir du bal de l’école militaire, et qu’il croit vraiment que tous sont déguisés (en fait revêtus de leur uniforme de parade, proche de celui de l’armée monégasque), il me faut constamment le faire taire : il se croit au carnaval !
Il ne faut pas qu’on l’entende, ce serait la punition garantie y compris pour moi.

Le caporal (qui aurait dû normalement le rester) nommé sous-officier pour héroïsme durant la guerre de Corée, comme il est idiot et incompétent, monte la garde avec nous durant la journée à l’entrée du bâtiment.
Il passe tout son temps (il n’y a quasi rien à faire) à lire des livres cochons qu’il achète par correspondance...

Il y a toujours un sergent de semaine et un capitaine de jour, le premier l’un de nous, dès qu’il était devenu caporal (une promotion avec 5 BEF de plus par jour), le second un élève de l’école (ce qui ne pose pas de problème, ils sont généralement assez intelligents).
Mais en période de vacances, le poste est occupé (contre son goût) par un sous-officier.
Un jour, un de ceux-ci (complètement éméché) en est venu à menacer notre pauvre confrère sergent de semaine avec son révolver, prétextant que la nourriture reçue était froide !
Ce qui est évidement vrai, mais hors de notre responsabilité.
Le pauvre caporal milicien n’a rien osé dire malgré sa peur ; moi on n’aurait pas dû me le faire : il en aurait bavé celui-là dès le week-end passé à moins que j’aurais prévenu la gendarmerie auparavant !

C’est avec un soulagement évident que j’ai vu ces 12 mois s’achever le 30 septembre 1971.
Le lendemain, je suis engagé à Labofina dans le laboratoire des lubrifiants industriels ou ma première expérience de 11 mois ne sera pas inutile.

Dire que certains prétendent encore aujourd’hui que c’est à l’armée que l’on forme les hommes !

(P.S. : avec tous mes remerciements au ministre CVP Léo Delcroix qui a eu l’excellente initiative de supprimer en Belgique le service militaire en 1995.)

7 commentaires Répondre

  • Jean Nicaise Répondre

    Je relis texte de Paul Falkenback déposé le 25 mai 2007. C’est dire ma fidélité à Magusine ! J’y avais déjà répondu le 29 mai. J’avais trouvé le récit excessif et bien dans la tradition selon laquelle les militaires et en particulier ceux de grade modeste sont bornés, fainéants et incapables de trouver un emploi dans le civil. Ma réponse se contentait d’opposer mon expérience plutôt enrichissante, bien qu’elle ait perturbé ma dernière année universitaire. Je ne suis pas militariste, j’ai soutenu les vrais objecteurs de conscience.
    Ma relecture découvre beaucoup de mépris à l’égard de ceux qui n’ont pas eu la chance de naître dans un milieu aisé et d’avoir fait des études. Grâce au piston de son beau-père, un officier supérieur, P.F. fut bien vite privilégié en pouvant rentrer chez lui presque chaque soir. Il avait dare-dare contracté un mariage civil pour éviter le sort commun des miliciens célibataires envoyés en Allemagne dans le secteur attribué à la Belgique. Ce qui ressort de sa diatribe, c’est un mépris pour les faibles, la plèbe « illettrée à 50 % ». Le service militaire obligatoire a été supprimé non par le Ministre CVP Delcroix, comme il l’écrit, mais par une majorité parlementaire ; c’est heureux pour beaucoup de jeunes hommes. Pourtant, malgré tous ses défauts, la caserne était un endroit où les jeunes bourgeois choyés apprenaient à vivre sur la dure, à côtoyer des fils d’ouvriers et, pour certains, à être moins arrogant envers le « petit » peuple !

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    29 novembre 2009 à 16h11min / André Lessire —
    J’ai personnellement été appelé sous les drapeaux en 1968,et vraisemblablement dans un autre monde que celui où vous semblez être tombé tel un "visiteur".J’étais bien entendu célibataire,avait terminé mes études et déjà enseigné deux ans.Pas de pistons parentaux ou autres,pas de service planqué.Trois mois d’instruction à l’ETBL de Stockem et neuf mois de peloton éclaireur au 1G à Düren.Ayant connu l’internat durant neuf années,cette année d’ABL fut une période de vacances dont j’ai gardé d’excellents souvenirs,et pas seulement des moments de détente croyez-moi.C’est fou comme certaines personnes s’ingénient à détruire ce qu’elles n’aiment pas.Enfin,qui veut battre son chien trouve toujours un bâton,vous ne croyez pas ?

  • daniel Répondre

    très belle(parce qu’exacte)description de Marie-Henriette,de ses "formateurs"alcoolisés et des VC fermés tant de l’intérieur que de l’extérieur sauf pour les bouteilles de tous contenus !
    Daniel

  • clodomir Répondre

    ce qu’on apprenait à l’armée lors du service militaire ?
    essentiellement, à ne rien faire à longueur de journée ; quand, ensuite, il fallait reprendre le travail dans la vie civile, ça nécessitait un sérieux effort de réadaptation !
    accessoirement à "lever le coude" pour passer le temps ; les journées sont longues !
    j’ai fait mon service militaire en Allemagne dans une base de l’OTAN sous commandemant britannique ; nous , les belges, avions accès à la cantine anglaise où le double whisky était à 60 pfennigs (environ 8 francs belges de l’époque, en 1961) ; ça vous met la cuite à bon marché, à portée de toutes les bourses, d’autant plus que nous touchions une indemnité de subsistance de 200 marks par mois parce qu’il n’y avait pas de cantine belge ; en outre, les non fumeurs (dont j’étais) revendaient leurs cigarettes (avec un bon bénéfice) aux miliciens allemands qui, eux, n’avaient pas accès à la cantine anglaise.

  • Jean Nicaise Répondre

    N’avez-vous pas un peu exagéré, par antimilitarisme foncier ? J’ai été appelé au service militaire le 8 mai 1945. Oui ! le jour de la capitulation allemande, neuf mois après la Libération ! J’étais en dernière licence de philosophie et lettres. Milicien, j’ai fait « fonction de caporal ». Mon bataillon a fait son entraînement en Irlande du Nord, à la Britannique.
    Je n’ai rencontré qu’un imbécile parmi les sous-officiers. Il est vrai que la plupart des cadres étaient des réservistes rappelés. J’ai évidemment connu des épreuves, des ordres incongrus, un inconfort spartiate étant donné les circonstances, un long exil éprouvant pour beucoup, mais en général cela s’est passé entre gens de bonne compagnie. Je vous conte ci-dessous le début de mes aventures qui inaugurait mal de la suite. C’est un extrait de mon livre « L’étudiant chahuté » publié en 2006. Je dois me contenter d’un court extrait car le copyright appartient, comme c’est normal, à mon éditeur « Memogrames », de Bruxelles.

    « Le 8 mai 1945, tandis que des bals spontanés s’ouvraient partout à l’annonce de la capitulation de l’Allemagne, je rejoignais Fleurus avec un ordre de mobilisation en poche. Le train spécial qui emmenait les recrues était composé de vieux wagons en bois dont toutes les vitres avaient disparu. Heureusement, il faisait doux.
    A Fleurus, pas de caserne. L’armée avait fait appel aux familles pour qu’elles offrent un gîte provisoire aux futurs soldats. La maison qui m’a été assignée acceptait deux hommes. J’avais rencontré un ancien condisciple de l’école de la Villette. Nous avons décidé de faire équipe. Il vaut mieux se connaître un peu avant de... coucher ensemble. Car, c’est ce que nous avons dû subir ! Dormir dans le seul lit offert généreusement par notre hôte pour deux soldats ! Pas vraiment confortable la première nuit sous les drapeaux. Je passerais les suivantes, clandestinement, à Mont-sur-Marchienne, chez mes parents.
    A l’examen médical, le major a [...] découvert la trace de l’opération que j’avais subie à onze ans.
     Ça ne vous empêche pas de courir, de sauter ?
     Pas du tout, mon Major.
     Vous tenez à faire votre service militaire ?
     J’y tiens.
    Je tenais d’autant plus à rester que la nouvelle que nous serions envoyés en Irlande se précisait. Un séjour gratuit au pays de James Joyce et de Bernard Shaw, quelle aubaine ! Quelle chance de pouvoir, enfin, exercer mon anglais livresque !
    La prise en main par les sous-officiers se faisait dans la cour d’une école désaffectée. Le commandant de la compagnie était un lieutenant de réserve, appelé Legrain, professeur à Chimay. J’étais le seul universitaire. Il m’a offert de travailler au bureau. J’ai décliné. Je n’avais aucune envie de me retrouver confiné devant des papiers. J’en noircissais suffisamment dans le civil. Me souriaient davantage les exercices physiques en plein air.
    Ils ont commencé aussitôt après les premières instructions : les grades, les devoirs du soldat, le code militaire, etc.. Pas de caserne, non plus d’uniforme. Nos pauvres costumes de pénurie vestimentaire, nos chaussures de carton ont perdu rapidement toute dignité. »

    J’ai passé 5 mois en Irlande. Après un séjour d’une semaine à Belfast comme interprète, j’ai eu la chance d’être renvoyé en Belgique, en pleine forme, pour terminer mes études.

  • Françoise.V. Répondre

    Ah ! le folklore militaire... Jadis, lors des papotages entre collègues, les femmes vous détaillaient leurs accouchements et les hommes, leur service militaire. Entre émotion, franche rigolade et douce nostalgie... De quoi parle-t-on maintenant ?

    Mon mari de l’époque a rempli ses obligations militaires dans les années 69-70 ; lui aussi après ses études universitaires ; lui aussi milicien de base pour gagner quelque six mois de service. Et je crois bien me souvenir qu’à l’époque, l’équipement de protection anti-atomique du plouc de Namur comprenait, outre les fameuses semelles de godillot, un pan de toile de tente et un masque à gaz rescapé de 40. On n’arrête pas le progrès miltaire !

  • laurent Répondre

    vraiment trop drole et bien écrit, je reconnais là ton humour incomparable qui m’a tjs fais sourire
    bon we
    laurent

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