« Pourquoi avoir des enfants ? » et « Pour en faire quoi ? ».
Qu’est-ce qui peut bien motiver des futurs parents à susciter une ou plusieurs nouvelles vies ? Il y a 36 réponses possibles, des plus terre -à- terre au plus désintéressées.
Laissons de côté le cas des enfants non désirés A tous les niveaux de la société, vous rencontrez, pêle-mêle, des familles de haute naissance qui doivent procréer au moins un descendant - et jusqu’il n’y a peu,mâle uniquement - pour assurer le prolongement de la dynastie ; des patrons d’entreprises familiales qui désirent qu’un membre porteur du nom reprenne plus tard les rênes du pouvoir et de la fortune, « Mr X et fils » ; des monsieur et madame Toutlemonde qui se sculptent un bâton pour leur vieux jours ; des intégristes qui donnent le jour à des petits soldats de Jésus-Christ ou à des martyrs d’Allah ; sans oublier les bébés qui deviendront des briseurs de solitude ou des raccommodeurs de ménage... Beaux calculs sur la liberté du futur enfant qui ne mérite pas tout cela et n’en demandait pas tant !
Quelle fut alors ma motivation à moi ? J’ai été élevé dans un milieu où l’on aimait les enfants, où l’enfant, en soi, était une valeur, une richesse, un trésor, et pour certains même un don .Tout jeune, je m’attendrissais devant un bébé, à commencer par ma petite soeur ainsi que mes cousins et cousines plus jeunes .Les enfants, je les ai toujours aimés et, le moment venu, la question ne s’est plus posée, j’aurais des enfants par amour des enfants. Pour être franc, j’espérais simplement dans le secret de mon cœur - est-ce de l’égoïsme ? - voir naître au moins un fils pour perpétuer le nom vu que j’étais le dernier représentant mâle de ma famille. Par chance, j’en ai accueilli quatre qui ont été chouchoutés, et même régentés, par leur grande sœur.
« Et votre épouse ? » me direz-vous. Descendante de grands-parents prolifiques- 15 enfants du côté paternel, 10 du côté maternel - faire des enfants à cette échelle l’inquiétait un peu. On la comprendrait pour moins que cela ! Mais elle aussi, le moment venu, sans être nataliste, réalisa qu’avoir des bébés était un signe de vie, une valeur. Elle emboîta mon pas avec prudence et générosité. Elle n’a pas changé d’opinion depuis lors. De plus, comme nous étions enseignants tous les deux, l’amour des enfants et des jeunes allait de soi pour nous.
Et maintenant qu’ils étaient là, qu’allions-nous en faire de ces petits , qu’allaient-ils devenir entre nos mains, quel allait être notre objectif pour eux ?
Nous ne sommes ni l’un ni l’autre des fanatiques de la beauté de la vie. A nos yeux, elle n’a guère de sens, si ce n’est celui qu’on veut lui donner. Elever nos enfants est pour nous la plus belle des orientations qu’on peut lui conférer. C’est aimer - je n’ose pas dire gratuitement - sans retour obligé. Si retour il y a, c’est un surcroît génial.
De toute façon, ce que vous donnez à vos enfants, c’est aux leurs qu’ils doivent à leur tour le transmettre. La vie ne progresse que dans un sens.
Sans vantardise, nous avons essayé de les éduquer, de faire éclore et s’épanouir ce qu’il y avait de meilleur en eux, à coup d’affection, de patience, d’exigence, de fâcheries, de tendresse, de colères, de pardons, de coups de gueule, d’encouragements,de bisous, de pleurs, de réconciliations,et parfois de tripotées. Plus d’une fois, ils nous ont fait endêver (aujourd’hui, ils utiliseraient un terme plus cru !). Néanmoins, jamais, nous n’en avons fait des petits rois. Seulement des prioritaires. Ils n’avaient rien demandé.
Il y eut des déceptions : échecs scolaires, fréquentations douteuses, révoltes, prises de porte, refus d’autorité, rejet de notre échelle de valeurs...
Lors des conflits, nous leur avons toujours dit : « Je t’aime, mais je ne suis pas d’accord avec ce que tu fais. » Et comme « les enfants, c’est pour la vie », ce n’est pas nécessairement terminé lorsqu’ils s’envolent. Nous avons œuvré, jour après jour, pour qu’ils soient autonomes le plus tôt possible. Chacun a pu choisir les études qu’il souhaitait ou le métier qui l’intéressait. Aucun n’a dû devenir « pharmacien parce que Papa ne l’était pas », ou parce qu’il l’était !
Un papa et une maman, indissociables, ne devraient avoir d’autre but que de tout faire pour que leurs rejetons soient bien dans leur peau et capables de rendre meilleur le monde dans lequel ils ont été amenés à vivre.
Dans cette optique, et mis à part les cas de force majeure comme le décès d’un des deux parents ou une séparation conjugale, je ne comprends pas que certains choisissent délibérément d’adopter un enfant qui sera élevé par un couple au sein duquel il sera peut-être amené à dire Maman à un homme et Papa à une femme. Que l’on régularise certaines situations acquises, soit ! Mais que dès le départ, on prive sciemment un enfant de la complémentarité parentale indispensable à la construction de son équilibre, là, je ne comprends plus.
Ce long et patient cheminement ne garantit le succès. On procède modestement par essais et erreurs, on assume ses chois, on espère sans optimisme béat. Arrivés à la septantaine, à l’heure du bilan, reconnaissons que nos enfants nous ont amenés à nous remettre en question, à nous adapter à leur siècle, à vieillir beaucoup plus lentement, mais cela n’était pas prémédité.
Pour nous situer : Nous avons perdu un enfant de 7 ans, il nous en reste 4 en vie dont un adopté.
« Avoir des enfants, ce n’est pas cultiver des légumes, mais des fleurs » qui ne servent à rien.
anne Répondre
Une des fleurs qui ne sert à rien a bien lu le texte. Elle réfléchit avant de donner ses idées...
Une fleur ne sert jamais à rien...