Il est des mots qui sont d’autant plus terribles qu’ils sont dits innocemment, dans une conversation anodine et sans intention de méchanceté. En notre présence ils ne nous sont jamais adressés mais on se doute que l’on en bénéficiera aussi une fois parti. Qui n’a jamais dit : « Elle a du être belle quand elle était jeune » sous entendu il lui en reste encore quelque chose, ou bien : « Il a de beaux restes, il est encore bien ».
Est-ce que l’on se rend compte ce que le mot « restes » veut dire ? Dans l’assiette c’est ce dont on ne veut plus, dans la casserole c’est ce qu’on va vous resservir une seconde fois, au dictionnaire c’est le synonyme de déchets, d’épaves, de miettes, de vestiges et pire d’ossements, de cendres, de reliques.
« Elle a du être belle »c’est la phrase couperet, celle qui sépare brutalement l’avant et l’après. Mais quel après ? A partir de quand on a des restes ? Aux premières rides ? Aux premiers kilos de trop ? Aux départ des enfants ? A la pension ?
Certains, naïfs, vous diront : « Attention il n’y a pas que la beauté physique, il reste plein de choses après : l’expérience, la beauté intérieure. La jeunesse c’est dans la tête... » Mais ceux là à coup sûr ne savent pas de quoi ils parlent, ils n’ont pas encore l’âge des restes.
Les plus idéalistes diront alors : Les restes, c’est comme dans la cuisine, on les accommode, on ajoute du fond de teint, un brushing , du dynamisme, de l’humour, des projets bref tout ce qui fait aller de l’avant, tout ce qui donne encore envie de goûter à l’avenir.
C’est un beau discours. Il n’empêche, l’âge est là avec les restes, on en prend conscience tous les jours dans sa salle de bains.
Quel imbécile a dit que les rides étaient la mémoire du visage ? La Miss Monde de l’année probablement.
Et qu’est-ce que sont tous ces soins au collagène machin chose » réducteur intensif qui estompent en surface et comblent le creux des rides jour après jour », vantés par des femmes qui, sur la photo, n’ont pas atteint la trentaine ! Des attrapes gogo ! D’elles aussi un jour on dira malgré leur couche de crème « collagéneuse » : « Elle a du être belle quand elle était jeune »
Voilà. Quoiqu’on fasse on est voué à avoir des restes, puissent-ils être les meilleurs possibles pour nous et pour notre entourage mais c’est toujours ça de pris car le jour où ils auront disparus c’est que nous seront redevenus poussière.
Anne-MarieN Répondre
Hé oui des beaux restes...N’empêche, je ne me suis jamais sentie aussi bien dans ma peau "actuelle’ Explique qui pourra mais j’en suis fort aise.