J’AI EU UN CANCER DU SEIN À 34 ANS

Depuis un an, je raconte l’histoire de ma vie. J’ai décidé de parler aujourd’hui d’une année primordiale de cette vie. A 34 ans j’ai eu un cancer du sein. En voilà l’histoire.

J’avais une vieille amie qui m’avait donné beaucoup d’affection pendant mon enfance. A présent, elle était veuve. Noël était pour elle un moment difficile à vivre. Une fois l’an, vers Noël, je l’invitais à dîner. Cette année là, elle était accompagnée de sa nièce qui avait, a peu de chose près, mon âge. Nous ne nous étions plus rencontrées depuis notre adolescence. Les retrouvailles furent chaleureuses. Elle était devenue une jolie jeune femme épanouie. Quinze jours plus tard, ma vieille amie me téléphonait effondrée. Sa nièce avait un cancer du sein ? Cela me marqua et me choqua. Elle était belle et pleine de vie. Etait-ce possible ?

Quelques temps plus tard, un samedi matin, j’achetai des journaux chez le libraire. Je choisis, par le plus pur des hasards, le Reader Digest. Il traîna quelques jours sur ma table. Je le pris en mains et je lus un article sur le cancer du sein en pensant à ma copine. En conclusion, l’auteur conseillait aux femmes de faire une auto-palpation. Je me dis que c’était une bonne idée. A ma stupéfaction, je me trouvais plein de petits kystes. Le médecin du travail de mon entreprise était un gynécologue. J’allai le trouver. Je n’avais pas rêvé, il y avait des nodules mais il me rassura. Ils sont bien placés, me dit-il, n’y pensez plus. C’était mal me connaître. Je voulais en savoir plus mais je ne savais où m’adresser. Des collègues me donnèrent plusieurs adresses. Je décidai de prendre un rendez-vous auprès du Professeur Tagnon à l’Institut Bordet. Je me souviendrai toujours de son diagnostic qui me sauva la vie. A mon avis ces nodules sont bénins mais le cancer est une maladie trop grave pour prendre le moindre risque. Je vous conseille donc de faire une biopsie. Le chirurgien me montra le nodule qu’il tenait au bout d’une pince et déclara : c’est certainement bénin. Quelques jours plus tard, après analyse, on me téléphona de Bordet pour m’annoncer que je devais subir, pendant trois mois, journellement des rayons au cobalt. J’étais anéantie. Mes parents étaient âgés. Je ne voulais pas qu’ils soient mis au courant. Je me sentais très seule. Une tierce personne avertit cependant maman. Ce fut pour elle, après la mort de mon frère, une douloureuse épreuve. Elle me l’avoua plus tard. Ce fut très dur à vivre mais je m’en suis sortie guérie au bout de dix ans. J’ai eu beaucoup de chance mais il y a eu un tel concours de circonstances autour de la découverte et des soins de ce cancer que j’appelle ma guérison le destin ou Dieu. Je ne sais pas.

J’étais très négative, très pessimiste et très passive dans ma jeunesse. Ce cancer fut un électrochoc. Je me rendis compte à quel point j’aimais la vie et combien je l’appréciais. A partir de là, j’ai fait face quand il le fallait, sûre que puisque j’avais pu affronter ce cancer, je pouvais aussi affronter les autres problèmes de ma vie et depuis je me suis toujours battue. Ce qui est curieux, c’est que j’ai seulement compris, en rédigeant ce texte, d’où me venait ma force. Un malheur heureusement évité est donc devenu un atout dont je n’étais même pas consciente.

Ma copine d’enfance est décédée deux ans plus tard, en 1973 . Depuis 32 années, je subis deux fois par an, des examens des seins. J’ai d’autres nodules qui, s’ils grossissent, peuvent devenir cancéreux. On m’a ponctionnée bien des fois. J’ai eu droit, la peur au ventre, à plusieurs biopsies. Jusqu’à présent, les résultats ont été négatifs. J’espère que la chance, le destin ou Dieu m’accompagneront jusqu’à la fin de ma vie mais je m’apprête toujours quelque part au fond de moi, en toute lucidité et avec une immense trouille, à faire face s’il le faut. Je n’aurai d’ailleurs pas le choix.

12 commentaires Répondre

  • Béatrice Répondre

    Chère Anne-Marie,

    Par le plus grand des hasards, nous nous sommes rencontrées dernièrements à Bordet, assises l’une et l’autre dans le petit salon, à côté de la cafétaria. Au lieu de nous ignorons, nous nous sommes adressées la parole. Et nous voilà parties pour 1h30 de paroles, tantôt drôles, tantôt plus graves. Ce fut un moment super !!! Que de vécu à partager aussi bien professionnellement que point de vue santé. Merci beaucoup. Béatrice

  • Répondre

    Chère Béatrice. Je me permets de vous appeller par votre prénom. Vou n’êtes pas épargnée mais votre posivité me fait du bien. J’ ai eu un deuxième cancer du sein en 2006 avec tour cela comporte de souffrances. Je termine fin juillet 5 ans d’hormonothérapie et je croise les doigts pour l’avenir. Moi aussi , j’ai appris à aimer les petites choses de la vie et cela m’aide beaucoup. Un tout grand merci pour votre message qui m’a touché et haut les coeurs pour vous et moi !
    Chaleureusement
    Anne-Marie

  • Pirard Répondre

    chère Anne-marie

    Je viens de prendre connaissance de votre article sur le cancer du sein. Je me suis sentie interpellée car moi aussi j’ai vécu une telle expérience. En 1998, je découvre une grosseur au sein et le gynécologue me reçoit ce samedi matin là.

    En effet, il faut être opérée de toute urgence. Moi qui venait de m’inscrire pour un voyage en Israël... Annulez-le me dit le médecin.

    Branle-bas de combat. J’étais justement sous anti-dépresseur. Je me dis alors qu’il vaut mieux arrêter ces médicament pour affronter autre chose !

    Curieusement, ce cancer m’a guéri de la dépression du moins pour quelques années...

    Me voilà donc avec un sein en moins et six séries de chimio puis 30 jours de rayon.

    J’ai fait face avec beaucoup de courage. Je me suis battue.
    Il me faut cependant être contrôlée tous les trois mois.

    En juin 2007, lors d’un contrôle, on trouve des métastases au foie et j’ai,aussi le bras gonflé. J’étais de nouveau en pleine dépression et angoisses...

    Je recommence la chimio : deuxième perruque : c’est dur.

    Je fais aussi deux séances de réflexologie : massage des pieds ; Cela me fait du bien et mon moral revient. Je vis d’espoir et quand je peux de nouveau ôter la perruque, je vais vraiment mieux ; Ouf !
    Je suis très soutenue par ma famille,,mes nombreux frères et soeurs et amis.

    En 2009, je remarque que je suis vite essoufflée. Après examens, ,il faut recommencer la chimio. Pour ménager l’esthétique, on me mettra un casque de glace pendant les séances, ce qui évitera de perdre mes cheveux. Ce n’est pas très agréable mais je prends mon mal en patience. Tout plutôt que de remettre cette fichue perruque !

    J’ai essayé de vivre de façon positive cette fois-ci. J’ai fait plusieurs rencontres à l’hôpital qui m’ont aidé à relativiser mes méhins. Je me rencontre que des épreuves physiques, on peut en ressortir grandi.

    J’ai appris à prendre toutes les petites joies qui se présentent au jour le jour, sans scrupules et de voir ce qui est beau autour de moi. Tant au niveau des rencontres que des contacts avec la nature où je me sens si bien. J’ai appris à mieux apprécier des petites choses anodines mais qui me font plaisir.

    Vraiment, toutes ces épreuves m’ont fait grandir. Je me sens " guérie ",
    si on peut dire. Et quand je suggère ,à mon médecin d’espacer les contrôles, il reste ferme, car dit-il je reste fragile bien que je me sente en pleine forme.

    Je crois que profiter de l’instant présent reste une force et je me sens heureuse actuellement.

    Je souhaite bon courage à tout ceux et celles qui vivent des moments difficiles et d’essayer de s’accrocher.

    Je dois aussi ajouter que l’atelier de " je vis ma vie", m’a beaucoup aidée et m’a fait retoucher à des choses essentielles

    Béatrice Pirard.

  • Alfonza Salamone Répondre

    Bonjour,

    Votre histoire est très touchante. J’aimerais vous proposer de la partager avec les auditeurs de La Première, dans l’émission "Tout le monde a une histoire".
    Si cette proposition vous tente, merci de nous contacter tmh rtbf.be

    Bien à vous,

    Alfonza Salamone

  • Répondre

    Oui...j’ai également traversé ce genre d’épreuve, il y a trois ans...tout va bien maintenant et je ressens tellement plus fort tous les bons instants de la vie...la chance d’en être sortie ;j’ai perdu ma soeur il y a 7ans et aussi de vieux parents.. ;enfin juste Maman ; mon père s’est éteint pendant ma chimio mais il avait 83ans....
    On est pas que jeunes et beaux....la vie est faite d’embuches...cultivons nos relations...Bien à vous.Liliane

  • existe Répondre

    Anne-Marie,
    merci pour pour partager avec nous ton expérience de cancer du sein guéri.
    Beaucoup de femmes apprécieront ce courage et peut être qu’un jour elles en puiseront réconfort et espoir

  • Jacqueline Bouzin Répondre

    Merci, Anne-Marie, pour le partage tout simple et courageux de ces moments pénibles. Je suis certaine aussi, par expérience, qu’une longue maladie surmontée nous apprend plein de choses : la valeur inestimable de l’instant présent, le sens du relatif, la sagesse de ne pas s’inquiéter pour un avenir toujours différent de ce que j’avais prévu. Et aussi la confiance en soi : si j’ai réussi déjà à survivre, c’est que j’ai un réel don pour l’immortalité, n’est-ce pas ? ! Avec toute mon amitié et mes voeux de joli printemps. Jacqueline.

  • anne-marie Fa Répondre

    anne-marie N. , ne serais-tu pas cette anne-marie dont mon frere me parle souvent ?
    De toute façon je veux te dire que c’est tres chouette de nous dire ton expérience et ta peur,merci ; c’est vrai qu’en écrivant notre histoire on devient conscients de certaines choses tout à coup. sache que maintenant quand tu iras encore à la biopsie, tu as des copains et copines qui t’accompagnent en pensée , dont moi.je t’embrasse. anne-marie F.

    • Répondre

      Anne-Marie,
      J’ai lu votre article avec attention, ayant moi-même développé un cancer du sein. A 50 ans, j’ai subi une mastectomie à droite avec restructuration sous le muscle. Ma convalescence a été longue et la surveillance médicale très sévère. Après bientôt 17 ans, je suis toujours là et heureuse de vivre entourée de mon mari, de mes enfants et petits-enfants.
      Vous et moi n’avons pas emprunté le même chemin devant cette épreuve physique et morale très lourde. Après cela, la vie prend un autre sens.
      Courage, Anne-Marie, vous êtes sur la bonne voie. Ne perdez jamais espoir.Si je compte bien, nous avons le même âge.
      Je penserai à vous. ELIA

    • Répondre

      Oui, je suis bien une amie de votre frère. Comme le monde est petit ! Merci de m’encourager, cela me fait chaud au coeur.
      Anne-Marie N

      • Répondre

        anne-marie, sache que je n’oublie pas que cette année tu attends une nouvelle importante concernant ta santé et j’espère de tout coeur qu’elle est bonne. Comme tu ne réponds pas au téléphone, je t’envoie tous mes voeux et mon amitié par cette rubrique et je t’embrasse.anne-marie f.

        • Répondre

          Je ne sais qui tu es mais tu me veux du bien. En effet, je termine mon traitement d’hormonothérapie fin juillet et j’espère pouvoir retrouver les plaisirs de la vie sans trop tarder... De tout coeur, merci pour ta prévenance. Peut-être n’a tu pas mon" bon" n° de téléphone. Michèle ou Sylvie pourront te le donner. J’aimerais te parler de vive voix.
          Chaleureusement
          Anne-Marie

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