Lorsque, pour la première fois, je suis entré dans les vestiaires d’un club sportif, j’ai été frappé par la complaisance mise par les athlètes, non seulement à y exhiber leurs pectoraux, mais également, et apparemment surtout, le reste de leur anatomie.
Après la douche et même avant on s’y attardait, dans le plus simple appareil, en toute décontraction et en se grattant éventuellement le torse, à commenter les cours de l’immobilier - je n’ose pas dire de la bourse - et autres nouvelles du jour. Je m’en souviens parce que je n’en avais pas l’habitude, parce que, pour tout dire et comme disait d’ailleurs ma mère, on ne m’avait pas élevé comme ça.
Et ne voilà-t-il pas qu’il y a quinze jours, sur Europe 1, j’entends évoquer entre autres échos le chagrin de ceux des Français qui, se trouvant dans un vestiaire sportif, doivent constater que leurs attributs virils soutiennent mal la comparaison avec ceux de leurs camarades. On appelle cela le syndrome du vestiaire.
Entendons-nous bien, nous sommes là en dehors de tout érotisme, il s’agit d’attributs à l’état de repos. Mais il est paraît-il une longueur et une épaisseur, pour reprendre les termes mêmes de l’information, en dessous desquels on ne saurait descendre sans déchoir. Les Florentins qui, pour se rendre à leur travail, ont le bonheur de chaque jour contempler le David de Michel-Ange, vous diront que l’archétype de la beauté masculine sait faire montre à cet égard d’une grande modestie mais rien n’y fait : pour les sportifs de France la piazza della Signoria est une chose, leur vestiaire en est une autre.
Et Europe 1 de citer le cas de Jean-Claude, père de trois enfants, dont la femme nous assure qu’il lui donne toute satisfaction, mais pour qui le passage aux vestiaires est un vrai cauchemar. Sitôt sorti des douches où il s’était précipité, il rase les murs pour sauter dans ses vêtements qu’il avait disposés tout à côté. Ainsi vêtu, mais dès lors incongru pour ne pas dire indésirable, comme un voyeur dans un camp de nudistes, il quittera les lieux pour passer seul, à la cafétéria, une troisième mi-temps mélancolique. L’un ou l’autre partenaire viendra peut-être plus tard le rejoindre, mais ils n’auront plus rien à se dire.
Aussi Jean-Claude a-t-il décidé de réagir. Contre l’avis de son épouse, qui n’y voit qu’une preuve coûteuse et supplémentaire de la frivolité masculine, il va s’en remettre à la médecine pour apporter un plus à la longueur et l’épaisseur en cause. La chirurgie esthétique s’est en effet lancée dans ce nouvel et ...juteux créneau qui, nous dit-on, rencontre le plus vif succès. L’intervention n’est pas gratuite, pas plus qu’elle n’est couverte par la Sécu, mais est-ce qu’on compte quand l’honneur est en jeu ?
Je ne fréquente plus les vestiaires des centres sportifs, mais pour ce que j’en entends ils n’ont pas dû beaucoup changer.
Que du contraire peut-être. Qui sait si l’on n’y organise pas les éliminatoires pour l’élection de Mister Belgium ? Et si l’accès à la finale de cette intéressante confrontation n’est pas lié aux résultats de certaines mensurations ? Ne doit-on pas, pour décrocher sa sélection aux Jeux olympiques, « réussir le minimum » ?
R.G.
mounah Répondre
Bonjour à tous. J’ai été aussi très surpris un jour, en entrant dans une salle de musculation. Invité par mon ami Rafael, je suis très epanouie sur le spectacle de muscle.