Extrait de "Nous racontons notre vie" 2022-23

Je suis né en 1950. Mes parents étaient d’origines très différentes : mon père, belge, était fils d’ambassadeur et ma mère, juive anglaise, était d’origine ukrainienne. Ils se sont rencontrés pendant la guerre, en Angleterre. Je ne les ai jamais vus s’exprimer leurs sentiments. Ma mère était quelqu’un d’assez écrasé, elle vivait sous la coupe de mon père. Elle était belle, mon père était fier de sortir avec elle, mais il attendait d’elle de rester discrète, de ne pas trop parler en public.

Enfant, j’ai eu la chance de fréquenter une école privée, l’école Hamaïde qui était alors à Ixelles. C’était une école avec une pédagogie proche de l’enseignement Decroly. J’étais très heureux là-bas, j’ai adoré. Les après-midis étaient consacrés à des activités manuelles.

J’avais 6 ans quand on a acheté une petite maison à la campagne, à Rhode Saint Genèse qui était un trou perdu à l’époque. Avec un ruisseau au fond d’un beau jardin, c’était un petit paradis. J’y étais très heureux, mais trop seul. J’étais un enfant unique, j’avais peu d’amis. Malgré cela, je ne m’ennuyais jamais, j’étais très créatif et bricoleur.

J’ai été amoureux pour la première fois à à 10 ans. Elle s’appelait Cathy, elle m’écrivait des poésies et m’avait fait un dessin d’une colombe. À l’époque, à l’école, on ne pouvait pas regarder les images dans le dictionnaire Larousse, car du côté des noms propres, il y avait des images de statues grecques nues.

À 12 ans, la transition depuis mon école primaire vers le collège Cardinal Mercier fut un grand choc. Je n’étais pas heureux là-bas. On nous obligeait à prier et à participer à toutes les messes. C’était un esprit assez fermé, de quoi nous dégouter de la religion. Un jour, j’avais alors 14 ans, un prof m’a demandé si j’étais croyant. Je lui ai répondu que cela ne regardait que moi. Il m’a mis à la porte. Là-bas, les garçons ne parlaient que de sorties, de foot et de filles. Moi, je vivais dans une autre sphère, j’étais un passionné d’électronique. Ma scolarité n’a pas été bonne, j’étais trop mal, alors j’ai alors arrêté.

J’ai repris des études techniques en électronique. J’aurais voulu faire des études supérieures de recherche fondamentale ou en astrophysique, mais mes parents n’en avaient pas les moyens. A l’école technique, je connaissais déjà plus que les autres, vu que c’était ma passion, mais j’y étais encore très seul. Mon père voulait que je pratique un sport de groupe. Mais je ne voulais pas, je n’aimais pas la compétition.

Enfant, j’ai joui d’une liberté fantastique. Il m’en reste une passion pour la nature et je suis resté très inventif et adroit de mes mains. A l’âge adulte, dans les années 90, j’ai pu transmettre mes connaissances. Ayant construit un chalet au fond de mon jardin, pendant les périodes de congé, j’y ai mené des animations-découvertes pour des enfants de 10 à 15 ans. Je leur enseignais, avec plein d’exemples pratiques, des notions de base sur le temps, l’espace, le son, la lumière, l’électricité, l’énergie, la radio. J’ai adoré transmettre ces connaissances de physique, c’était valorisant pour moi. Certains m’ont confié, par la suite, en avoir tiré beaucoup de profit.

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