Extrait de "Nous racontons notre vie" 2022-23
Je suis bruxellois, né à Ixelles en 1952. Je suis allé dans une école mixte jusqu’en 2e primaire. C’est là que j’ai connu mon premier amour. Elle s’appelait Josiane. J’avais 6 ans, je n’ai jamais osé le lui dire. Un soir, j’ai décidé de me coucher avant l’heure. Je voulais rêver de Josiane et je l’ai dit à ma mère qui l’a rapporté à la religieuse qui s’occupait de nous à l’école. Le lendemain, elle a dit devant tout le monde : « Alors Serge, tu vas te coucher plus tôt pour rêver de Josiane ? ». J’étais gêné, rouge de honte !
À 7 ans, mes parents m’ont fait connaître « les secrets des grands ». Ils m’ont appris que Saint-Nicolas n’existait pas et que les enfants ne naissaient pas dans les choux. Ils m’ont expliqué avec un livre comment on faisait des enfants. On disait qu’il fallait mettre le sifflet dans la prune de la fille.
Vers 11 ans, en 6e primaire, on a eu un cours de religion. Il y avait un chapitre sur la pureté. On nous expliquait que c’était un péché mortel que de faire l’acte de mariage sans être marié. J’ai demandé ce que c’était, mais j’ai été puni, car le professeur pensait que je faisais semblant de ne pas savoir.
Mes parents tenaient à la pureté et la virginité, c’était très important pour eux. Mon père disait toujours qu’une fille qui n’est plus vierge, c’est comme un œuf dont il ne reste que la coquille. On mettait en garde les garçons, de ne pas écrire de lettre d’amour à une fille, car si celle-ci tombait enceinte, elle pourrait dire que c’est le garçon qui l’avait mise enceinte même si ce n’était pas lui. On devait se méfier des filles.
Je n’ai rencontré des filles que quand je suis entré à l’école sociale. J’avais 17 ans. J’étais avec une majorité de filles, j’étais complètement déphasé. Je n’osais pas les aborder et je ne savais pas comment me comporter avec elles. J’ai offert beaucoup de cafés pour discuter avec les filles.
Je trouve que la sexualité est mieux expliquée aujourd’hui. Quand j’étais adolescent, on manquait d’images pour comprendre. On allait aux Pays-Bas pour se procurer des magazines pornos. Aujourd’hui, il y a plus de communication sur le sujet.