Mes parents ont toujours répondu à mes questions sur la sexualité.

J’ai appris d’où sortaient les bébés quand, à neuf ans, en 1960, j’ai vu ma mère nue, sans cicatrices. J’ai su la même année que les femmes étaient réglées quand j’ai demandé pourquoi les grands-mères n’avaient plus de bébés. Mon père m’a expliqué comment on faisait les bébés quand j’ai appris à langer mon petit frère en 1962. Après le décès de maman, c’est papa qui a continué mon éducation sexuelle. C’est lui qui m’a acheté mes premières serviettes hygiéniques lors de mon entrée au pensionnat en 1963 et mon premier soutien-gorge sans moi - il était beaucoup trop grand ! Il nous a expliqué en 1968, à mon frère et à moi, le mécanisme d’une érection, pendant que mon frère, qui avait 14 ans, rougissait…Tout cela était plutôt technique, il ne parlait pas d’attirance, de désir, etc…

Je tournais le dos à ma sœur quand je m’habillais et, pour parler de nos premières règles à certaines copines, nous disions qu’on était devenue une « jeune fille ». C’était tabou quelque part. Par exemple, la bonne sœur responsable des pensionnaires m’avait demandé de sortir de la classe pendant qu’elle parlait d’achat de serviettes à mon amie plus âgée, qui ne rentrait pas chez ses parents le week-end.

La chose la plus embarrassante que j’ai vécue est arrivée un week-end, dans les années 1960, où nous - quelques pensionnaires et la bonne sœur – étions allées offrir la Saint-Nicolas à des enfants de mineurs. Nous étions logées dans un pensionnat de la petite ville. J’avais mes règles et pas assez de serviettes hygiéniques. (Je fais ici une parenthèse pour expliquer le genre de protections qui existaient à cette époque : soit des serviettes en coton lavables à épingler sur une ceinture, que je n’employais qu’à la maison et des serviettes en ouate entourée de gaze et non-adhésives, qui parfois glissaient dans la culotte et se retrouvaient dans le bas du dos…). Je n’ai pas osé parler de mon problème à la religieuse. J’ai donc passé la nuit avec ma dernière serviette déjà bien imbibée et, naturellement, le matin, le drap était tâché. Honteuse, j’ai refermé le lit sans rien dire. J’étais gênée d’avoir laissé cette surprise à la fille qui y dormait d’habitude.

Mais à qui en aurais-je parlé ?

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