Extrait de "Nous racontons notre vie" 2020-21

Je suis née à Tubize en 1945, à la fin de la guerre. Mes parents travaillaient beaucoup et avaient peu de temps pour moi. J’étais fille unique, je suis allée en pension et ne revenais à la maison que tous les 15 jours. J’ai beaucoup aimé l’internat car au moins je n’étais pas toute seule.

Je me souviens surtout de ma première maison, à Tubize. C’était la maison de mes grands-parents paternels qui venaient de Flandre. Nous occupions une partie de la maison. De l’autre côté du couloir, c’était le magasin pour mon père qui était peintre-tapissier. Ce magasin était petit et ma mère y vendait tout ce qui est nécessaire à la décoration de la maison.

Ce qui était chouette, dans cette maison, c’était le très grand jardin, immense, un endroit extraordinaire pour jouer. Mes cousins et les petits voisins venaient jouer. Un voisin de 18 ans s’amusait à nous faire peur. Dans une grange pleine de foin, il se cachait et faisait des grognements. Je jouais aussi en solitaire et je collectionnais les doryphores, ces bestioles qu’on trouve sur les pommes de terre. Un jour, j’avais trouvé des billets de banque et je me suis amusée à jouer facteur, je déposais les billets sur les buissons, dans les plantes, dans une cabane. Évidemment je me suis fait sonner les cloches.

Ma grand-mère paternelle qui vivait dans cette maison ne parlait pas très bien le français, elle me houspillait souvent dans son flamand. Un jour, j’avais essayé de faire pipi debout comme les garçons et je suis rentrée avec mes chaussettes mouillées. Ça m’a valu une insulte de la part de ma grand-mère : « pesse kousse ». Cela veut dire littéralement « pisseuse de chaussettes ». Elle avait toujours un tablier qu’on fermait derrière, un grand tablier noir en satin brillant. Et un chignon.

Une histoire marquante ? Dans ces années-là, on ne partait pas en vacances à cause du magasin. Mais une année, nous sommes allés dans une petite auberge, près de la forêt d’Anlier en Ardennes. Il faut savoir que mon père était fils d’un garde forestier ; lui, dès 4 h du matin, il partait se promener dans les bois. Soit pour voir les animaux, soit pour cueillir des champignons. Il revenait à l’auberge avec un gros sac de champignons, tout le monde aidait pour les nettoyer et on faisait des omelettes. Un jour, je l’ai accompagné. J’étais contente, nous sommes partis à 5h du matin ; on a observé les animaux depuis les miradors. C‘est un souvenir formidable !

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