Extrait de "Nous racontons notre vie" 2020-21

Je suis né à Tubize en 1957.

J’ai passé mon enfance dans les champs, à toutes saisons. J’aidais à grouper la paille, je montais sur les tracteurs et les conduisais. À 2 km de chez moi, j’allais tous les jours après l’école donner à manger aux poules. C’était un grand élevage de 30 000 poules. Je marchais et je rentrais le soir dans le noir ; j’avais parfois peur.
Avec mes frères et sœurs, on s’est éduqués seuls vu que nos parents ne s’occupaient pas de nous. Papa travaillait aux forges de Clabecq et ma mère tenait un bistrot.

L’école n’était pas faite pour moi. Ou moi, pas fait pour l’école ! Mais j’ai exercé des tas de métiers manuels différents.

A 14 ans alors que j’étais encore en sixième primaire, je suis allé travailler comme apprenti boucher. Mon premier jour de travail a été d’éplucher 10 kg d’oignons. A 19 ans, je suis devenu apprenti plafonneur. J’étais bien payé et je faisais beaucoup d’heures supplémentaires. J’ai fait ça pendant 6 ans. Puis j’ai commencé dans le chauffage comme ramoneur. Et de ramoneur je suis passé à l’entretien des chaudières, puis au réglage des brûleurs et finalement au dépannage. Et c‘est comme ça que je suis devenu chauffagiste. En apprenant tout sur le tas ! J’ai fait ça pendant 20 ans, puis j’ai travaillé dans une firme de rénovation de bâtiment. Ensuite on m’a engagé comme aide-carreleur et finalement je suis devenu aussi carreleur.

La seule chose que je n’aime pas faire, c’est la peinture. Encore maintenant, je n’arrête pas de dépanner mon entourage avec des travaux manuels.

Je regrette de n’avoir pas su transmettre mon savoir à mes enfants. Je n’étais pas un père présent. Je n’ai pas eu de bon modèle. J’ai eu 9 enfants, ma femme s’occupait des petits et moi j’allais travailler. Je passais souvent le soir au bistrot. Ma fuite, c’était le boulot.

Je suis très content de la vie professionnelle que j’ai vécue même si, à un moment de ma vie, je suis tombé très bas.

Je travaillais beaucoup, je gagnais bien ma vie, j’avais des amis au bistrot, puis ma femme m’a quitté. Je me suis retrouvé sans enfants, seul le soir après le boulot. Après un accident de voiture, les choses se sont enchaînées : plus de voiture, plus de boulot, pas de chômage. J’ai ainsi très vite basculé dans la misère, je suis devenu un ivrogne et les amis ont disparu. Pendant un moment, j’étais sans abri et j’ai vécu au parc Josaphat.

C’est la religion qui m’a fait rebondir. Un jour, j’ai travaillé pour un pasteur et, à ce moment-là, j’ai eu un déclic. Je me suis fait baptiser. On m’a tendu la main et, cette fois-là, j’ai accepté. Cela n’a pas été facile mais j’y suis arrivé même si cela reste un combat. Ne pas boire, même un verre, sinon je risque de rechuter. Aujourd’hui, j’ai gagné beaucoup plus de respect de ma famille. Je pense que le Seigneur m’a permis de vivre cette expérience pour dire aux autres : « ne fais pas ça. Quand on te tend la perche, n’ait pas peur de la saisir ! ».

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