Enfant et adolescente je vivais dans un petit village de Thudinie avec mes 5 soeurs et mes parents.

Dans les années 60, les hivers étaient plus longs et plus rigoureux qu’actuellement. Le 6 décembre la neige avait déjà envahi les paysages. Je m’en souviens car à l’occasion de la Saint-Nicolas nous partions chez mes grands-parents paternels à travers les routes enneigées. J’aimais courir dans la neige et me laisser fouetter par le vent, avec mes bottes en caoutchouc et mes grandes chaussettes en laine retenues en haut du mollet par un élastique. J’aimais escalader les bancs de neige qui s’étaient accumulés sur les bas-côtés des routes. Je traînais dehors jusqu’à ce que mes pieds ne puissent plus supporter le froid. Je rentrais alors en pleurant et ma mère réchauffait mes pieds doucement entre ses mains.

Notre maison était chauffée par deux poêles à charbon situés dans les deux pièces de vie, la salle à manger et la cuisine. Une petite trappe au plafond permettait à la chaleur de monter jusque dans les chambres. C’est ma mère qui était la gardienne des feux. C’était une lourde tâche. Avant l’hiver le charbon était livré en vrac et déversé dans la cave à charbon par le soupirail. Il était alors remonté vers les foyers à l’aide d’une charbonnière ou seau à charbon. C’était parfois le tâche des enfants.

Par temps de gel, le givre envahissait les vitres à l’intérieur des pièces non chauffées. Il s’y formait de jolies fleurs de glace que nous faisions fondre, par jeu, avec la chaleur de nos mains.

Dans les chambres où nous dormions régnait un froid glacial. Nous avions la permission de mettre nos lits côte à côte, deux par deux pour avoir plus chaud. Avant de monter, nous nous blottissions longuement près du poêle afin d’emmagasiner un maximum de chaleur. Mais le contraste était rude et il fallait du temps avant que nos corps enfouis sous les couvertures retrouvent une douce chaleur.

Qu’ils étaient doux les jours d’hiver, lors des vacances de Noël, de se retrouver bien au chaud au coin du feu et de redessiner les cartes de voeux reçues pour l’occasion, ou de jouer au Nain Jaune avec mes soeurs ou encore de découper des images dans les magazines pour recréer des histoires.

Aujourd’hui encore je ne résiste pas à la neige. Le moindre flocon m’appelle dehors et je retrouve mon âme d’enfant. Je pars à la recherche d’endroit où la neige immaculée n’a pas encore été foulée pour avoir le plaisir de contempler, pendant un court instant, cet espace vierge de toute agitation.

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