LE PETIT-DEJEUNER
Maman se levait toujours la première. Elle préparait le petit-déjeuner, déjà habillée, coiffée, maquillée, un petit tablier autour de la taille.
Des céréales Corn flakes ou Rice Krispies de Kellogg’s que nous appelions « Pif, paf pof » à cause du petit crépitement que l’on entendait lorsqu’on y versait le lait. Le lait, pasteurisé Stabilac dans des bouteilles d’1 L en verre blanc, portait l’inscription RINCEZ-MOI S.V.P - SPOEL MIJ A.U.B. Un livreur reprenait les bouteilles vides laissées sur le pas de la porte, un papier enroulé, fiché dans le goulot d’une bouteille, mentionnant la prochaine commande à livrer.
Un camion passait également pour les boissons telles que bières, eaux et sodas. Notre mère achetait de la bière Double Piedboeuf et Triple Piedboeuf pour accompagner le repas de midi. Dans les années 1950-60, la vogue des sodas a pris son essor avec le Coca-Cola et les limonades : Colibri, aux petites bouteilles de verre strié, Fanta, citron et orange. Dans ces années-là, toutes les bouteilles étaient en verre. Toutes étaient consignées. Le sirop de grenadine faisait partie des boissons désaltérantes de la journée. La marque Teisseire étendra plus tard le choix des parfums (menthe, …)
Au matin, maman faisait décanter du café Rombouts dans un filtre en inox posé sur la cafetière de céramique. Le filtre métallique était muni d’un filtre en papier blanc contenant une cuillère de chicorée recouverte de café moulu. Maman y versait, en plusieurs fois, l’eau chauffée dans la bouilloire. Le bec verseur de la bouilloire en inox était muni d’un sifflet qui émettait un son strident tout en projetant de la vapeur lorsque l’eau avait atteint la température d’ébullition. Les premières cafetières automatiques à filtre seront commercialisées dans les années 1970.
LA LESSIVE
Au début des années 1960, maman utilisait une bassine en fer blanc avec une planche à laver (en anglais : washboard ou frottoir en langue cajun de Louisiane. L’ustensile sera utilisé en tant qu’instrument de musique à La Nouvelle-Orléans.) Pendant plusieurs années, il a fallu se rendre au salon-lavoir (la blanchisserie Bon Air) pour lessiver et repasser les draps dans une calandre électrique, un long rouleau rotatif. Plus tard, maman fera une partie de la lessive à la maison à l’aide d’une mini-wash (un mini lave-linge), posée dans la baignoire.
Il faudra attendre les années 70 pour voir 70% des ménages belges équipés d’un lave-linge automatique. Le lave-linge entrera chez nous à la fin des années septante.
LE MENAGE
Un tablier noué autour de la taille, maman nettoyait le tapis d’Orient de la salle à manger de l’appartement de l’avenue Mutsaert à l’aide d’un balai mécanique. Une invention américaine, comme beaucoup d’autres. Au bout d’un manche était fixée une boîte métallique contenant des brosses qui tournaient avec les mouvements d’aller-retour du balai en faisant un bruit de ferraille caractéristique. En 1965, le balai sera remplacé par un aspirateur Hoover.
Pas de lave-vaisselle en ce temps-là. La maîtresse de maison, comme on disait à cette époque, enfilait des gants en caoutchouc de couleur pour faire la vaisselle dans un évier en faïence. L’évier en inox viendra plus tard.
LA PHARMACIE
Peu de médicaments dans la pharmacie des années 1960 si on la compare à celle du 21ème siècle :
Un tube métallique de comprimés La Croix Blanche, du paracétamol avec de la caféine, pour les douleurs et maux de tête.
Des comprimés d’aspirine Bayer.
De l’Hébucol ou des pastilles Rennie pour la digestion.
Du Mercurochrome pour désinfecter les plaies.
Des gommes Valda ou des pastilles Vicks pour la gorge.
De la pommade Vicks Vaporub à base d’eucalyptus et de camphre pour faciliter la respiration.
Et, l’outil principal de la pharmacie : le thermomètre à mercure, aux reflets argentés.
LA TELEVISION ET LE TELEPHONE
L’utilisation des premières télévisions nécessite le placement d’une antenne-râteau sur le toit de la maison. Par mauvais temps, l’antenne risquait de bouger, de se casser ou de tomber. En cas de panne, s’il faisait trop venteux, il fallait parfois attendre plusieurs jours avant que le technicien vienne replacer l’antenne.
Il fallait tourner un bouton sur le poste pour changer de chaîne. Une speakerine présentait les programmes. Une « mire » s’affichait en fin de programme ou en cas de panne.
Les premières images télévisées étaient en noir et blanc. La télévision en couleur existera à partir de 1970 en Belgique. La première émission en couleur sera Le Jardin Extraordinaire, sur la RTBF.
Le Jardin Extraordinaire était une émission documentaire sur les animaux, présentée par Arlette Vincent depuis 1965, assistée de Maryse, l’épouse du réalisateur. La plupart des animaux venaient du zoo d’Anvers. Deux biologistes se succèderont : Edgar Kesteloot et Paul Galand. La première diffusion en couleur date de 1970.
Le phénomène « écran » prendra de l’ampleur, principalement dans les deux dernières décennies avec des écrans de télévision de plus en plus grands, des téléphones avec écran (les GSM et les smartphones). Et avec l’apparition du phénomène « Internet », les écrans d’ordinateurs et des tablettes.
Quant au téléphone, celui de mon enfance était noir, en bakélite et muni d’un cadran. Plus tard s’ajoutera aussi un téléphone en plastique à cadran. Le plastique une autre nouveauté importante du siècle dernier. Une matière devenue incontournable dans les années 1960.