Après une année de « jardin d’enfants », j’entre en première primaire à 6 ans. Probablement en septembre 1954 puisque je suis née en mai 1948.
À l’Institut des Dominicaines de Schaerbeek, école réputée pour sa pédagogie « progressiste ». Cela implique que, pour apprendre à lire, on a affaire à la « méthode globale ». Il s’agit, d’après mon souvenir, d’apprendre à lire directement des mots.
Il s’avère très vite que cela ne me convient pas du tout : je ne « mords » pas. D’après ce que j’ai lu ultérieurement, cette méthode est très bonne et rapide pour des enfants, je dirais « dans le coup », qui « suivent ». Or, je suis plutôt « dans la lune », je rêve …Enfant unique, n’est-ce pas …
Bref, je ne progresse pas avec la classe, et Mère Albert (la directrice) avertit mes parents de son inquiétude. Ici, petite parenthèse : Mère Albert est une directrice admirable. Il faut souligner que chaque élève faisait l’objet d’un rapport MANUSCRIT, transmis aux parents sans doute une ou deux fois par an.
Mais donc, moi, je pédale dans le yaourt en lecture, à tel point qu’on se demande si je ne devrais pas aller à l’école « spéciale ».
Mon père se met en devoir de m’aider. Il maugrée contre cette méthode « globale » trop rapide et pense que la bonne vieille méthode analytique me conviendrait mieux. Seulement voilà le problème : il est d’une bonne volonté totale et « veut » que j’apprenne, mais en même temps très anxieux et peu formé à la pédagogie. Surtout avec une petite fille rétive et têtue, qui supporte mal sa façon de faire. Je me souviens de séances pénibles, de mon père qui ergote (et moi aussi !)
Et ma mère dans tout ça ? Pas du tout indifférente, mais reléguée dans cuisine où elle ronge son frein en pensant sans doute qu’il faudrait s’y prendre autrement … Ambiance …
Eh bien, je ne sais plus les détails, mais toujours est-il que cet acharnement a porté ses fruits : je remonte le courant, et parviens à me mettre à niveau en quelques semaines. J’ai réussi mon année et n’ai jamais doublé en primaire. Vive la lecture : j’aime le français et ai acquis une excellente orthographe. Merci Papa !