Crèche : lieu où l’on reçoit les enfants de 6 semaines à 3 ans des rares mamans qui travaillent à l’extérieur du foyer. Les enfants y reçoivent les soins hygiéniques et moraux qu’exige leur âge. (Larousse, 1950)

A 17 ans, pour obtenir mon diplôme d’institutrice maternelle, j’effectue un stage de 2 semaines dans une crèche. Nous sommes dans les années 50... Une autre époque pour les petits. Il y a peu de crèches, elles sont tenues par des puéricultrices formées par des écoles professionnelles, des jeunes filles douces et dociles, dirigées par des religieuses.

Je choisis la crèche paroissiale non loin de chez moi et je découvre un lieu vieillot, défraîchi, tenu par 2-3 bonnes sœurs peu motivées, c’est la fin de leur mandat et elles préparent leur déménagement. Quelques dames de la paroisse viennent également aider bénévolement quelques heures par semaine. Il y a deux groupes d’enfants : une quinzaine de petits âgés de 6 semaines à 15 mois et à l’étage, une quinzaine de grands de 15 mois à 3 ans.
Sur le champ, je dois m’activer, chez les petits, à des tâches qui me sont totalement inhabituelles, mais je suis très heureuse. Mes bras bienveillants sont très appréciés de 8 heures jusqu’à 18 heures. J’ai une pause de deux heures pour rentrer déjeuner chez moi.

Les mamans arrivent et déshabillent leur bébé, le roulent dans une cape pour le glisser par un guichet où je le réceptionne et le pose dans un lit personnalisé par une peluche. Ensuite je donne à chacun un bain, je prodigue les petits soins et prends leur température. Enfin il faut vêtir chaque enfant avec les vêtements de la crèche ; pour ceux qui peuvent s’asseoir, c’est la séance « petit pot », quatre enfants à la fois, chacun sanglé à un pied de la table pour éviter les promenades. Je les surveille, ensuite je les lange avec un carré de coton de qualité tétra, puis je les installe dans leur lit avec leur peluche ou dans un grand parc, ils y ont quelques blocs en bois pour jouer.

Les plus petits ont droit à un biberon qu’ils prennent seuls : le biberon est calé dans leur lit avec un lange, je les surveille et je les prends sur mes genoux en attendant leur renvoi.
Il est bien vite l’heure du repas de midi, les bébés les plus âgés sont sanglés sur un banc à cinq places, devant eux il y a une étagère qui leur est inaccessible, j’y pose cinq assiettes garnies de purée de légumes et j’enfile les cuillers à la chaîne. Les assiettes se vident, avec un peu d’eau, le repas se termine. Je les mets alors au lit avec un lange propre pour une sieste, une surveillante assure la garde et je peux rentrer chez moi pour deux heures.

L’après-midi se poursuit avec les biberons, les panades de fruits, les langes et après 16 h, les mamans arrivent. Par le guichet, elles me réclament leur petit, je le déshabille et le glisse par le guichet à la maman en assurant que la journée s’est bien déroulée.
Aucune activité n’est prévue, pas de jouet, trop peu de personnel.
La seconde semaine, il y a peu d’enfants, ce sont les vacances, les bonnes sœurs sont parties en retraite, les bénévoles assurent la garde avec moi.

Un matin, le médecin de l’O.N.E vient contrôler la santé de tous, je dois signaler les bobos que j’ai remarqués : un petit tousse, il aura du sirop ; un autre a le muguet et reçoit un médicament que je dois lui administrer ; le suivant a des croûtes au visage, c’est de l’impétigo, je dois enlever les squames avec de l’huile et une petite carte, puis les badigeonner de mercurochrome bien rouge avant le retour à la maison. Ils habitent un quartier où les petits sont peu soignés, on compte sur la crèche…

Le lendemain, un architecte m’interrompt pour connaître mes souhaits pour améliorer le local de la crèche…Je ne peux lui dire grand-chose, je suis la stagiaire pour une quinzaine de jours, je ne connais pas les problèmes, je vois des améliorations possibles pour le confort des petits et du personnel, mais qu’ai-je à dire ?

Puis c’est la visite de monsieur le Curé, il veut s’assurer que je me tire d’affaire, il m’encourage.

Vient ensuite le compte rendu de mon emploi du temps, il me permet d’établir le dossier crèche, c’est une épreuve pour obtenir le diplôme d’institutrice maternelle à cette époque. Voilà une quinzaine de jours qui m’a marquée, j’ai appris la vie active, très active. Il y a une cinquantaine d’années, tout cela était très normal et d’usage à l’époque. Les enfants n’étaient, je crois, pas malheureux, ils étaient bien soignés et surtout aimés.

Nous n’avions pas encore compris le rôle du jeu et d’autres sollicitations qui peuvent faire évoluer l’enfant et il a fallu que Françoise Dolto vienne nous secouer pour comprendre ce qu’était le petit enfant et comment le faire évoluer harmonieusement. Je n’ai pas bénéficié moi-même de ces idées, mais je les ai appréciées plus tard

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