Ce récit est extrait du projet "Je raconte ma vie" dans un groupe multiculturel à la Fonderie en 2018

« Je suis née en 1948 à Aubange dans une famille très catholique. Mon père était athée mais ma mère l’a converti. A Pâques, on allait chercher l’eau bénite le samedi dans notre bénitier, qui était près de notre lit. Ma mère faisait le signe de croix sur nous tous les soirs. On bénissait le pain avant de manger. On étudiait le catéchisme. Pour ma communion, je suis allée à la messe tous les jours à sept heures du matin, toute seule à vélo, à neuf ans. Ensuite il y avait le cours de catéchisme à l’école, puis les cours commençaient. J’ai fait ça pendant deux ans avant la communion.

Ensuite, j’ai fait infirmière parce que j’étais croyante. Il fallait que je fasse quelque chose pour mon paradis. Si je faisais de mauvaises actions, je me disais « ouille ouille ouille, je vais aller en enfer ». Mes croyances étaient très enfantines. J’allais me confesser et je disais « je me confesse de tous les péchés dont je n’ai pas souvenance ». J’avais l’absolution et je sortais toute contente. Pour moi, le prêtre faisait un peu office de psy. Et même après mon mariage, dès que j’avais un petit problème, je courais à l’église mettre une bougie. Jusque 40 ans quand même… avant de rencontrer mon deuxième mari et là, je me suis dit que j’avais rencontré Satan. Parce que lui ne croyait pas. Il m’a complètement déroutée. Je me demandais si je devais croire ou pas. Mais je courais quand même à l’église mettre mes bougies. »

« Qu’est devenue ma religion ? Je suis toujours croyante parce que je me dis « et si il y a quelque chose et que je ne crois pas !?! ». Quelqu’un m’a dit « tu ne perds rien à croire. S’il n’y a rien, tu ne le verras pas tandis que s’il y a quelque chose, tu le verras ». Chaque fois qu’un de mes enfants a un souci, je cours à l’église mettre une bougie. Beaucoup de gens me demandent de faire une neuvaine pour eux. Et à la clinique, j’en ai soigné comme ça ! Une neuvaine, c’est aller à l’église tous les jours pendant neuf jours. Et je vois des résultats ! Il y a des moments où je me dis que j’en ai marre mais je crois. Je veux croire parce que j’aime ça. Savoir qu’il y a quand même un petit quelque chose après… Mais je rêve, je suis comme ça. Et ça me rassure parce que le néant total… ça me fait peur.

Qu’est-ce que je demande quand je dépose une bougie ? Et bien quand j’étais dépressive, je demandais « voulez-vous me guérir de ma dépression s’il vous plaît ? ».
J’aime bien les églises. Je parle à la Vierge et à Dieu. Ce qui compte, ce n’est pas seulement la bougie et la prière, c’est de faire l’effort d’aller à l’église, de se déplacer. Pour le moment, je vais prier pour mon petit-fils qui a seize ans et qui ne travaille pas bien à l’école. J’aurai ma place au Paradis ! »

« Quand je travaillais en soins palliatifs, je priais près du malade, pour l’accompagner. J’avais beaucoup de décès pendant les nuits. Alors je restais vingt minutes et je disais des « je vous salue Marie » pour que le malade parte en paix. Ca aide. Je suis restée dans la foi de mon enfance. Ca me convient, ça m’aide à vivre. »

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