Première Journée des Femmes : le 11 novembre 1972 à Bruxelles. Plus de 6000 femmes sont présentes dont Simone de Beauvoir, grande figure féministe française. J’ai 27 ans, mariée et 4 enfants. J’y étais ! Deux ans plus tard, la Maison des Femmes de Bruxelles s’ouvre. J’y étais ! Moments forts de solidarité. Je me souviens que les hommes n’étaient pas bienvenus dans ces réunions et s’offusquaient de cette ségrégation alors que leurs « clubs » nous étaient fermés depuis longtemps.

C’est clairement l’accès à la contraception qui a changé nos vies. A partir de ce moment-là, nous sommes devenues maîtresses de notre avenir de mère et souvent de couple. Quelle révolution, pas facile à accepter par nos prétendants ou maris ! Plus question de rester coincée à la maison, plus question d’angoisser chaque mois et donc de ne pouvoir construire le futur familial, plus question de subir nos problèmes de santé et de négliger nos besoins !

Je me suis engagée quelques temps comme volontaire à Infor-Femmes, nouvel espace dédié aux femmes, pour une écoute adaptée. Une sorte de télé-secours pour accueillir et donner des informations aux femmes en détresse.

Toutes ces nouvelles initiatives (et beaucoup d’autres encore !) permettaient aux femmes de se sentir reconnues, de s’informer, de partager leurs attentes, leurs frustrations, de militer pour plus d’égalité mais aussi pour la libération de leur corps.

Pour moi, bourgeoise catholique, c’était une révélation et un grand soutien. Je suis sûre que cela m’a aidée à prendre des décisions difficiles comme celle de quitter un mari élevé dans la tradition des rôles genrés et de la place de la femme dans la société.

Quant aux manifestations pour l’avortement, l’égalité des salaires, la lutte contre les violences… Je n’y participais que quelques heures de temps en temps mais j’y ressentais solidarité et enthousiasme et cela me permettait de tenir au quotidien. De plus, sans notre soutien, les « activistes », « lanceuses d’alerte », n’auraient pu se faire entendre et faire passer des projets émancipateurs.

Malheureusement, dans les années 70, je n’ai pas pu entrer dans le cercle des « lanceuses d’alerte » parce que je n’avais pas le temps : mère au foyer surchargée, avec peu d’aide ; étudiante pour acquérir un diplôme qui me permettrait de travailler ; absorbée mentalement par mes problèmes de couple …

Par après, suite à mon divorce, j’ai été obligée de travailler à temps plein. Ce n’est que dans les années 2000, que j’ai pu m’engager et militer pleinement : adhésion au CFFB (Conseil des Femmes francophones de Belgique) et responsabilités dès 2004, lanceuse d’alerte sur les publicités sexistes en créant une branche Belge du mouvement Français déjà très actif (Chiennes de garde), ...

Mais peu importe la durée et l’intensité de l’engagement, chacune fait ce qu’elle peut avec ses moyens du moment. Je veux insister sur le fait que tout cela était un engagement collectif de femmes pour une société plus équilibrée où les femmes auraient leur juste place. Nous étions solidaires. Cela nous a permis de faire évoluer la société le droit des femmes, la conception du couple, nos conditions de travail et le respect qui nous est dû. Je suis fière de nous, je suis fière des femmes et de tous celles/ceux qui nous ont soutenues !

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