Extrait de "Nous racontons notre vie", à la Maison des Femmes de Molenbeek, 2016-2017

Née en 1935, je suis l’aînée d’une famille de 6 enfants. Ma grand-mère en a eu 15 !

Mes parents, militants de ‘gauche’ se sont mobilisés lors de la guerre d’Espagne de 1936. Ma mère était une des premières à adhérer aux ‘Femmes prévoyantes socialistes‘.

Je me souviens très bien du tremblement de terre de 1938. J’avais une très jolie poupée dont la tête était en porcelaine. Ma poupée est tombée de l’armoire et la tête s’est cassée.

J’ai vécu près de la cité de Bon Air, entourée de champs, à Anderlecht. Mon grand-père était cultivateur de fraises.

Pendant la guerre

Au fond du jardin, il y avait une cabane. Il nous était défendu d’aller voir au fond du jardin ce qui s’y passait, et pourtant nous parvenaient des bruits de marteaux. Plus tard, on saura que c’était un réfugié qui s’y cachait et fabriquait pour mon grand-père des petits casiers à fraises.

Ma mère préparait des repas pour les nécessiteux de la guerre. Sur le grand poêle de Louvain elle faisait mijoter 2 casseroles, dans l’une du lapin, dans l’autre du … chat. Le lapin était pour notre famille. Le « lapin aux petites oreilles », le chat donc, allait chez les pauvres.

Papa, lui, partait en vélo à Alost pour ramener des œufs qu’il donnait ou vendait ensuite au prix d’achat à la famille et aux résistants.

Mon père a imprimé un journal non autorisé pendant la guerre ; il a été pris
par la Gestapo en 42, torturé, trempé dans un bain glacial, la tête coincée dans une planche.

Pendant la guerre, les Allemands m’ont obligée à aller à l’école flamande. Après la guerre, j’ai pu rejoindre l’école francophone.

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