En décembre 1944 nous n’aurions jamais pu imaginer que l’armée allemande eut un dernier sursaut et faillit bien retourner la situation alors que les forces alliées étaient déjà à la frontière allemande.
Des divisions blindées d’élite, regroupées secrètement à l’arrière, reprirent soudain l’offensive dans le but de couper les forces alliées en deux et de s’emparer du port d’Anvers, principale source d’approvisionnement, attendu que les installations portuaires avaient été miraculeusement protégées, grâce notamment à l’intervention des forces intérieures de la résistance. Protégés par un temps exécrable et un plafond extrêmement bas empêchant toute intervention de l’aviation alliée, les éléments avancés allemands s’approchèrent dangereusement de la Meuse, semant sur leur passage la terreur de leurs exactions, conscients qu’ils jouaient leur dernière chance et ne respectant plus aucune loi de la guerre, si tant est que la guerre aie ses lois.
A Maubeuge, alarmés par les nouvelles de l’avancée, ou plutôt du retour de l’armée allemande, nous vécûmes la période de Noël, dans l’angoisse, car les vitres de la maison étaient ébranlées par la canonnade, bien que lointaine, de la bataille qui se livrait à quelques deux cents kilomètres de là. Nul ne doutait que s’ils revenaient, les soldats se vengeraient sur la population, et surtout sur les hommes.
Le soir de Noël, les vibrations augmentant, eut lieu un bombardement sur le nœud ferroviaire d’Aulnoy, petite ville à quinze kilomètres de Maubeuge. Nous étions pris entre deux feux : rester tous ensemble ou partir ? La décision fut difficile à prendre. Claude, toujours grabataire étant intransportable, notre père resta à la maison près de lui. Avec notre mère, nous allâmes nous réfugier dans les abris, c’est-à-dire dans les remparts.
Pendant cette fuite éperdue, Pierre perdit son pantalon de pyjama et arriva « le cul tout nu » dans les vénérables fortifications de Vauban.
L’alerte fut chaude et douloureuse, car nous n’étions pas tous ensemble, les « hommes » étant restés à la maison, à la merci d’une soldatesque vengeresse.
Grâce à Dieu, les alliés repoussèrent cette fameuse offensive « Von Runstedt » et nous pûmes croire vraiment à la libération.
La culotte de pyjama de Pierre ne fut jamais retrouvée …
Pendant les bombardements d’Aulnoy, je promis à la Vierge Marie de me rendre à Lourdes, pour la remercier, mais, finalement, je n’y suis pas encore allée …
Fernand Répondre
Bien chère Geneviève,
Depuis quelque temps déjà, je pense aussi qu’avant de mourir, je devrais me rendre à Lourdes. Je n’ai pas comme vous, une raison particulière ni une promesse à respecter. En vous lisant, j’ai pensé qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire.
Si le cœur vous en dit reprenez contact et nous allons nous entraîner mutuellement. Mon épouse et moi-même serions sans doute heureux de faire ce pèlerinage à trois ou à quatre. Qu’en pensez-vous ?