Extrait de "Nous racontons notre vie", La Fonderie, 2014-15
Je suis né à la campagne, mon papa avait une ferme. Ma famille n’a jamais bougé. On a toujours habité la même région. Moi, ça fait 30 ans que je suis parti de mon pays, le Danemark pour le travail. Ma formation aurait dû me conduire à l’enseignement. Je me voyais enseigner le français, car j’avais fait des études de langues, français-allemand. Jeune, déjà, j’ai aimé voyager. Je vivais à la campagne et je voulais voir autre chose. J’étais un peu différent. J’étais le premier dans la famille à avoir fait des études et je me sentais un peu étranger. En 1984, j’ai suivi mon copain qui a trouvé du travail ici à Bruxelles aux communautés européennes. L’envie de connaître la Belgique et les Belges est née, je voulais savoir où et avec qui je vivais. On sentait qu’il y avait une différence ; on a connu des Belges petit à petit. Je reste dans la culture danoise, mais je comprends les Belges.
Il y a des différences mais c’est difficile à expliquer. On sent ça ; par exemple, un Danois décore l’intérieur de sa maison. Par contre, pour les Belges, l’extérieur est plus important. Il y a aussi des différences dans les mentalités. Les Danois disent ce qu’ils pensent, ils sont plus directs.
Après toutes ces années en Belgique, je me sens bien, et parfois je me trouve plus belge que danois ; je lis le Soir tous les jours. Après tant d’années, j’aurais du mal à retourner au Danemark vivre pour de bon. Le Danemark que j’ai quitté en 84 n’est pas le même qu’aujourd’hui. Chacun a évolué de son côté. J’ai pris la mentalité d’ici. Par exemple, au Danemark, au supermarché, il y a une atmosphère tendue, ici, en Belgique, c’est plus humain, plus courtois. On garde des contacts au Danemark, mais on ne peut pas tout partager car les gens là-bas ne comprennent pas tout. C’est dommage, mais c’est le prix à payer…