Mes parents se marièrent à la fin de leurs études, juste avant le début de la guerre 40-45. Puisque papa avait été enrôlé comme tous les Belges en âge de combattre, maman qui était enceinte, alla vivre chez les parents de son mari. Cette cohabitation se prolongea durant plus de 20 ans.

Ceci explique le fait que ma sœur et moi avons été élevées et couvées par 4 personnes puisque nous avons passé toute notre prime jeunesse et notre adolescence avec elles. Nous étions très entourées, aidées pour les devoirs, initiées à la musique, le cinéma, le théâtre, les musées selon les goûts de chacun mais la discipline et l’obéissance était de mise et nous l’acceptions sans rébellion.

Une seule exigence était à respecter : nous devions toutes les deux être de bonnes élèves et nous préparer à entrer à l’université !

Malgré cette obligation lointaine, dès 15 ans, nous avons eu la permission de nous rendre chez d’autres familles le soir pour participer aux « Surprise parties » ou « Boums » (il n’y avait pas de « boîtes »à l’époque). C’est dans ce contexte que nous avons commencé à « flirter » avec des garçons qui étaient en général les frères ou les cousins de nos compagnes de classe. Le flirt se limitait à choisir le garçon ou la fille qui nous avait plu, danser avec lui, beaucoup bavarder puis parfois danser « cheek to cheek »et aussi échanger un timide baiser. Les filles étaient respectées et les garçons pas trop entreprenants. Toutefois, nous n’avions que la permission de minuit. Les parents venaient nous rechercher, pile à l’heure, à notre grande honte …

D’année en année, nous avons pu conquérir de plus en plus de liberté pour les sorties mais avec l’obligation de demander au petit copain du moment de venir nous chercher chez nous pour que les parents fassent sa connaissance et puissent … le jauger… sans doute.

Et puis se présenta la question du choix des études universitaires. Pas moyen d’y échapper ! Papa nous suggéra à toutes les deux, les études de médecine …

Enfin, j’ai osé me rebeller, moi qui sortais des gréco-latines et qui n’étais vraiment pas douée pour les sciences. Je suis allée m’inscrire toute seule en faculté de Droit. Papa m’a boudée jusqu’en 2ème année … Ma sœur a essayé la médecine mais finalement après une première année ratée, elle a choisi de devenir psychologue et en fut très satisfaite.

Evidemment, c’est dans ce milieu universitaire que nous avons toutes les deux rencontré nos futurs maris.

La première fois que j’ai vu ce bel étudiant de 1er doctorat, j’ai raconté à ma mère que j’avais rencontré l’homme de ma vie ! Mais il ne faisait pas attention à la petite « bleue » que j’étais jusqu’au jour où nous sommes partis dans un même groupe d’étudiants aux sports d’hiver en Italie. Enfin, il s’est intéressé à moi et je puis dire qu’après ces vacances nous ne nous sommes plus quittés et avons petit à petit appris à nous connaître et à construire un couple…

Nos parents ne sont jamais intervenus dans le choix de nos maris et nous ont toujours soutenues.

A l’époque, il y avait le service militaire obligatoire. Donc Jean devait avoir fini ses études et puis partir à Ostende pour 2 années prestées dans la Marine militaire, ne revenant que quelques weekends à Bruxelles pour sortir avec moi et les copains de Bruxelles.

Après cela il a dû commencer à travailler pour pourvoir aux besoins d’un futur couple. Cette période m’a paru interminable mais enfin, nous nous sommes mariés le 18 juillet 1963 à l’hôtel de ville de Bruxelles par un jour très ensoleillé. J’avais 21 ans et lui 23.

La vraie vie de couple prit son envol : lui seul travaillait et rentrait tous les midis pour manger. J’étais très peu organisée et même « bordélique » mais il ne s’en plaignait pas. Notre première fille Patricia est arrivée 1 an après le mariage. J’ai pouponné avec mes copines que je voyais très souvent.

J’ai doublé ma dernière année car j’étais bien trop occupée par les préparatifs du mariage au grand dam des parents d’ailleurs. J’ai donc représenté ma session en septembre après la naissance de Patricia. A l’arrivée de notre 2eme fille Valérie, j’ai compris que je ne pourrais plus continuer à m’occuper des enfants toute la journée ! Je m’ennuyais carrément malgré l’amour que je leur portais.

Cela donna lieu à la plus sérieuse dispute du couple ! Il y en eu d’autres comme dans tous les couples, mais Jean était vexé car il voulait être seul à travailler et ne voulait pas admettre que je puisse vouloir mener une carrière. On a frisé le divorce. Finalement j’ai trouvé rapidement du boulot, mis mes enfants à l’école et chez une voisine qui gardait la plus petite. Jean me voyait épanouie, beaucoup mieux organisée et beaucoup plus sure de moi. Il s’habitua ou se résigna …

Notre cordée a tenu malgré les tempêtes. Jean et moi avons pu fêter nos 50 ans de mariage avec toute la famille et nos amis fidèles. Il est décédé 2 ans après, dans mes bras.

Un beau bail, quand même !

1 commentaire Répondre

  • JeannineK Répondre

    Sophie,
    fêter 50 ans de mariage c’est très fort, malgré les tempêtes comme tu dis si bien.
    Nos 50 ans de mariage du 22 sptembre, nous les avons fêté le 22 aoùt. Et le 29 septembre mon mari est décédé inopinément.

    On ne passe pas toute une vie ensemble sans heurts ou difficultés, mais s’il y a tendresse les compromis seront vaiqueurs.

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