Je suis née en 1945, dans une famille très catholique et nombreuse. Nous étions 8 enfants, c’était la mission de parents chrétiens. Nous avons été éduqués dans une pratique religieuse attentive et quotidienne. Nous devions devenir de bons chrétiens. Avant d’aller à l’école, mon père m’amenait régulièrement à la messe. Il y allait chaque matin. Avant chaque repas, nous chantions la prière. Le soir, nous disions la prière tous ensemble.
Dans cette ambiance très respectueuse de la religion, j’ai eu une enfance heureuse. J’étais obéissante mais libre. Nous habitions à la campagne, près de Bruxelles. Je partageais tous les jeux de mes 6 frères, le foot, le bricolage,… et, dans mon coin, je jouais à la poupée. Notre père partageait nos occupations, le travail pour l’école,… et nous a initié à l’alpinisme. Il était un chrétien engagé, je l’ai parfois accompagné pour défendre l’école catholique afin d’avoir plus de subsides de l’Etat. Je me souviens aussi que notre grand-père venait le dimanche à la maison. Toute la journée, il lisait ses livres de prière.
Mon éducation très chrétienne, m’a appris les valeurs de l’Evangile, la générosité, la solidarité, l’honnêteté, l’humilité, …. Mon père obéissait à l’Eglise ; il était certain d’avoir « la Vérité ». Il nous a communiqué des certitudes. Je ne me suis donc pas posée de questions jusqu’à l’âge adulte.
Mes études universitaires m’ont ouverte à un monde diversifié. J’ai rencontré des catholiques progressistes et contestataires. Je me suis mariée à l’église en 1967, par conviction, et mon mari, par tradition. Un peu plus tard, mon mari et moi avons participé à des réflexions sur la société (mai 68, le droit des femmes, la guerre au Vietnam, …). J’ai remis en question ce qui était établi. Un jour, en 1970, j’ai voulu distribuer à la sortie de l’église paroissiale des invitations à manifester contre la guerre au Vietnam. Le curé me l’a interdit. Ce refus m’a ébranlée. Qu’est-ce qu’ « être chrétien » ? Mon mari n’allait déjà plus à l’église et moi-même j’étais à la recherche d’authenticité. J’ai rencontré des personnes ou des associations catholiques, sincères et attachantes. Mais je ne pouvais plus être d’accord avec l’Eglise officielle, rigide, peu accueillante. Je me suis détachée de la religion et de ses rites.
Les valeurs de mon éducation sont toujours présentes. Ces valeurs sont partagées par de nombreuses religions et par des personnes sans religion. Après bien des réflexions, je me considère actuellement comme non-croyante, sans Dieu.