Je suis née dans une famille catholique.

Enfance

En 1942, petite fille, je suis gravement malade. On prie beaucoup autour de moi. Ma grand-mère m’offre un chapelet en perles. Mon papa me donne un petit livre de prières. J’apprends à lire mot à mot.

Enfin guérie, je vais, tous les dimanches matin, à la messe avec ma grand-mère. À l’église de St Guidon, à Anderlecht. C’est une très belle église. L’ambiance me plait. Et j’aime l’histoire de Jésus. Le dimanche veut dire pour moi : une sortie, des rencontres, des conversations sur la place devant l’église. Les cloches sonnent. Les gens sont de bonne humeur. C’est le jour du Seigneur.

Les dames se font belles le dimanche. Ma grand-mère a toujours la tête couverte d’un chapeau. On ne va pas à l’église tête nue. Je me souviens d’un chapeau garni d’un oiseau aux plumes de couleurs. En été, le chapeau est garni d’un petit voile qui descend devant le visage. C’est très féminin.

La messe se dit en latin. Personne ne comprend. Le prêtre nous tourne le dos. Je fais les mêmes gestes que les grandes personnes. Je baisse la tête quand il faut. Nous sommes à genoux.

Maintenant, le prêtre explique la parole de Jésus. Nous pouvons nous asseoir. Maintenant, il nous parle en français. J’aime l’entendre parler. Il donne des conseils. Pendant ce temps, ma grand-mère vérifie le contenu de son sac. Elle murmure des prières, chapelet en main. J’ai le sentiment qu’elle prie par habitude.

Communion, adolescence

En 1949, je vais faire ma première communion. Je participe régulièrement aux cours du catéchisme. Mais, entre copines, nous parlons surtout des cadeaux que nous allons recevoir. Très peu de la foi en Jésus-Christ.

Le grand jour vient enfin. Je suis autorisée à partager le corps du Christ.

  Avale sans croquer !

  Mais ça n’a pas de goût ! C’est juste un morceau de farine séchée !

Adolescente, je continue à assister à la messe. Maintenant le prêtre est face aux fidèles. Il dit la messe en français. Ceci est une grande nouveauté depuis le pape Jean XXIII. Il a voulu adapter l’Eglise au monde moderne.

Ma grand-mère est fatiguée. Elle ne va plus à l’église. Elle écoute la messe à la radio. Avec le temps, je vais de moins en moins à l’église. Petit à petit, j’abandonne les prières. Personne ne m’y oblige. Maman est sans religion. Et papa n’est pas pratiquant. Pourtant, nous avons beaucoup prié ensemble pendant ma maladie.

Je n’irai plus à la messe. J’ai l’impression que beaucoup des personnes présentes y vont par tradition. Il y a de moins en moins de monde.

Aujourd’hui

Lors de graves problèmes familiaux, l’angoisse m’a redonné l’espérance en Dieu. J’ai beaucoup prié. De tout mon cœur, de toutes mes forces. Je n’ai pas été entendue. Alors à quoi bon ? Quel Dieu ? Pourtant, parfois, je dis une prière avant de m’endormir. Pour protéger ma famille, inconsciemment. Les églises m’attirent. Parfois, j’entre. Je parle à mes chers disparus.

Le vendredi, je vois de nombreux musulmans aller à la mosquée. Je ne connais pas cette religion. Leur foi m’impressionne. Je suis allée par hasard à une messe pour les africains. Ils chantent. Ils sont heureux. Je les admire. Moi, je demande seulement. Je ne peux rien donner à Dieu. Mais je n’ai pas abandonné totalement. Un jour, un ami m’a dit : « j’ai prié pour toi. » Cela m’a fait plaisir.

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