Extrait d’"Entre rire et pleurer", Et Vlan ! par Louise L.
Bien des années se sont écoulées depuis mon divorce et mes filles, Brigitte et Ariane, ont maintenant 18 et 20 ans. Elles poursuivent toutes les deux des études supérieures, mais elles pensent déjà, avec un peu d’inquiétude, qu’un jour elles quitteront le logis familial et que ce jour-là, je me retrouverai seule.
Moi aussi bien sûr j’y ai déjà pensé, mais cela ne me tracasse pas pour autant. La semaine je travaille, le week-end je vois des amis et pour les vacances il existe la formule "Club".
Donc c’est plus par amusement et pour faire plaisir à mes filles que j’épluche ce 16 février 1983, les petites annonces du journal "Vlan" * à la rubrique "Monsieur désire rencontrer Dame". J’élimine d’office les médecins ; ils sont si nombreux à vouloir rencontrer l’âme sœur que je les soupçonne de chercher plutôt une compagne pour tenir leur permanence téléphonique. Eliminés également ceux qui se mettent en valeur tels que "bel homme, bien de sa personne, etc. etc. et aussi ceux qui se vantent d’être propriétaires d’appartement ou de villa. A mon âge, ce n’est pas très important.
Finalement une seule annonce retient mon attention :
"Monsieur, libre, 45 ans, relation durable avec dame 45 ans max. - O.K. pour vie commune si affinités - enfants acceptés".
La réponse doit être envoyée au journal sous un numéro de référence et je ne connais par conséquent pas l’identité du Monsieur. Dans ma lettre, j’insiste particulièrement sur le fait que la personne que je désire rencontrer doit avoir si possible les mêmes goûts que les miens, être optimiste et avoir bon caractère.
Quelques jours plus tard, je reçois un appel téléphonique de mon correspondant, un certain Alfred et nous convenons de nous rencontrer le samedi suivant à 18 heures devant le "Quick" à la Porte de Namur à Bruxelles. Pour qu’il me reconnaisse, je tiendrai à la main un exemplaire du "Vlan".
Comme j’ai toujours peur d’être en retard, je suis évidemment au rendez-vous une demi-heure trop tôt. Je suis un peu inquiète et curieuse en même temps. Dans quelle aventure me suis-je embarquée, moi si prudente d’habitude ? Je regarde les gens, je les dévisage, j’essaye d’identifier mon inconnu.
J’ai laissé le "Vlan" dans mon sac me donnant ainsi la possibilité de l’observer et de battre éventuellement en retraite. Mais voilà, comme il fait moins froid que prévu, il ne s’est pas habillé de la façon décrite au téléphone et je ne peux donc pas le reconnaître. L’endroit est très fréquenté, les gens vont et viennent, mais un monsieur se trouve déjà depuis un certain temps devant le Quick et finalement il se décide à m’aborder. Nous sommes tous les deux embarrassés, gênés et nous ne savons pas très bien quoi nous dire. En plus, physiquement il ne correspond pas du tout à mon type d’homme (mais quel est donc mon type d’homme ?). Il est plutôt corpulent et a l’air sévère (ou peut-être est-il tout simplement sérieux, inquiet ou timide ?).
Et nous voilà attablés devant un verre dans un établissement situé à proximité. Et là, petit à petit, je découvre un homme simple, modeste, sensible, ayant de surcroît des goûts semblables aux miens.
Nous réalisons tous les deux que nous avons envie de prolonger cette soirée et il m’invite dans un restaurant grec situé du côté du Marché Commun.
C’est dans ma petite Dyane que nous nous y rendons car il a préféré prendre les transports en commun pour éviter les problèmes de parking. J’apprendrai plus tard qu’il n’aime pas spécialement conduire.
A un carrefour, probablement distraite par cette aventure peu coutumière, j’attends depuis un certain temps que le signal passe au vert. Lui gentiment plaisante "Plus vert que cela, je ne peux pas vous l’offrir". Et confuse, je démarre enfin.
Quand je le raccompagne chez lui ce soir-là (oui je sais, d’habitude c’est l’inverse), nous décidons de nous revoir et timidement je lui donne un premier baiser …… sur la joue.
Le hasard avait bien fait les choses ; moi je n’avais sélectionné que sa petite annonce et lui, de son côté, n’avait retenu que ma réponse parmi toutes celles qu’il avait reçues. C’est certain, nous sommes faits l’un pour l’autre.
Petite rectification, il n’a pas 45 ans comme mentionné dans l’annonce, mais 46 ans car plusieurs mois se sont écoulés avant qu’il n’ose la faire paraître. Je le taquinerai souvent par la suite à ce sujet, en l’accusant d’avoir voulu tricher sur son âge.
Pendant les mois qui suivent, nous apprenons à mieux nous connaître et petit à petit nos sentiments se transforment en amour. Alfred, mais il préfère qu’on l’appelle Freddy, est un homme charmant, doux, attentionné. Il a en plus beaucoup d’humour, chose que j’apprécie par-dessus tout. Mes enfants, ma famille, mes amis l’adoptent.
A Pâques, comme chaque année, nous passons les filles et moi quelques jours de vacances à Wenduine. Le dimanche de Pâques, mon Freddy, Didier, le petit copain de Brigitte et Olivier, celui d’Ariane viennent nous rendre visite et passent la journée avec nous. Et ce soir-là, à ma grande surprise, je me retrouve finalement seule avec Freddy dans ma chambre d’hôtel. Les enfants ont tout manigancé et se sont très bien organisés pour encore trouver des chambres disponibles un week-end de Pâques. Brigitte dort avec Didier dans le même hôtel que le nôtre et Ariane avec Olivier qui a déniché une chambre chez l’habitant. Tous semblent satisfaits et c’est donc avec la bénédiction des enfants que Freddy et moi passons officiellement notre première nuit ensemble, en amoureux. Nous sommes évidemment ravis et heureux, bien qu’un peu intimidés de la tournure qu’ont pris les événements. Nous nous souviendrons longtemps de ce joyeux week-end en famille.
Cette rencontre se terminera par un mariage quelques années plus tard lorsque les enfants auront quitté le nid familial et nous ne regretterons jamais notre audace.
Anne Répondre
Moi aussi j’ai rencontré l’homme de ma vie via VLAN. Cela fait 16 ans que cela dure. J’ai aujourd’hui 65 ans et lui en a 69. Nous ne vivons pas ensemble mais notre rencontre nous a rendu plus épanoui, mieux dans notre peau de "troisième âge"et notre entoutrage profite sans le savoir de notre "bien être".