Extrait d’"Entre rire et pleurer", Le sac à malices de Fabienne, par Fabienne Vandesteene, pg 19-20

Dans la maison de mon enfance, j’avais trois compagnons : Ricky, le chien berger, le plus grand, était le chef de la tribu, Ficelle et Canelle, deux chattes dorées, mère et fille complétaient la bande.
Cannelle était ma préférée, je l’emmenais pratiquement partout avec moi. J’adorais cette petite boule dorée, soyeuse et ronronnante où j’enfouissais mon visage avec délices et à qui je racontais d’extraordinaires histoires. Bien malgré elle, elle fut la complice involontaire d’un de mes délits.
Dans la cuisine, il y avait un grand buffet qui recelait, derrière ses portes rebondies, l’objet de mes convoitises. Des pots de confiture bien alignés, le beurrier et le sucrier. J’avais découvert, par hasard, le plaisir extrême du beurre au sucre. Lorsque l’occasion se présentait, j’ouvrais subrepticement la porte du buffet, trempais mes doigts dans le beurre, et ensuite, dans le sucre fin, et me régalais.
Lorsque ma grand-mère me grondait, je répondais que je n’y étais pour rien et que c’était certainement le chat. Je m’étais aperçue qu’elle n’ajoutait pas foi à mes dénégations et voulus lui prouver mon innocence. J’imaginai donc un stratagème que je mis en pratique dès que l’occasion se présenta.
Après m’être délectée, j’attrapai Cannelle et la posai sur la planche inférieure où les nappes, bien rangées, avoisinaient les serviettes et essuies colorés. Refermant la porte, j’appelai ma grand-mère, lui disant que j’avais surpris le chat mangeant le beurre. Il était là le corps du délit bien évident !
En effet, Cannelle, bien installée sur les nappes s’était endormie. Ma grand-mère ne fut pas dupe de mon manège et me fit remarquer, d’une part qu’il était bien étrange qu’à travers une planche, un chat qui dormait pouvait manger du beurre en y laissant des traces de doigts, et d’autre part, qu’une petite fille qui mentait avait une croix noire sur le front. Par la suite, me croyant bien maligne, à chaque mensonge, je pris bien soin de mettre ma main sur mon front.
Mais je n’ai jamais compris comment, malgré toute ma vigilance, elle savait que je mentais.

3 commentaires Répondre

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    Chere Fabienne, En lisant votre histoire je me suis rappelle que ma mere, habitant alors avec sa grand-mere a Liege, commettait du haut de ses 5 ans le meme delit que vous : les doigts trempes dans le beurre ! On la grondait et lui faisait promettre de ne pas recommencer, mais la tentation etatit trop grande et ma mere,en se pourlechant discretement les levres, affirmait - oh grand dieu ! - qu’elle n’etait pour rien dans la disparition du beurre !!! Merci pour cette anecdote delicieuse. 😉 Girouette, animatrice Magusine

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    Chere Fabienne,
    En lisant votre histoire je me suis rappelle que ma mere, habitant alors avec sa grand-mere a Liege, commettait du haut de ses 5 ans le meme delit que vous : les doigts trempes dans le beurre ! On la grondait et lui faisait promettre de ne pas recommencer, mais la tentation etatit trop grande et ma mere,en se pourlechant discretement les levres, affirmait - oh grand dieu ! - qu’elle n’etait pour rien dans la disparition du beurre !!!
    Merci pour cette anecdote delicieuse.
    😉
    Girouette, animatrice Magusine

  • jacques Répondre

    Même au Royaume de l’Enfance, c’est souvent le plus petit que l’on accuse, celui qui ne peut pas se défendre !
    Heureusement pour Cannelle, votre grand-mère n’était pas dupe ; et quand bien même, aurait-elle jamais eu le coeur à la punir ? J’en doute...
    Jacques

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