En ces temps de confinement qui bousculent nos certitudes, penseurs et écrivains de tous bords nous livrent leur vision du monde. Les articles circulent sur les réseaux sociaux, les philosophes s’invitent à la radio pour éclairer notre pensée d’un monde en crise.

Nous avons choisi de vous soumettre l’interview suivante en débat (publiée le 14 avril 2020 par France Inter). Parce qu’André Comte-Sponville nous livre une parole à contre-courant du discours ambiant et qu’il questionne la place de chaque génération dans notre société. Une pensée assez piquante mais aussi dérangeante pour stimuler un débat !
Dites-nous ce que vous en pensez !

Le célèbre philosophe, auteur du "Petit traité des grandes vertus" (Seuil), André Comte-Sponville a publié une vingtaine d’ouvrages et a partagé dans "Grand Bien Vous Fasse" son sentiment quelque peu alarmiste quant à la société de l’après-confinement.

"La mort fait partie de la vie"

André Comte-Sponville : "Il faut d’abord se rappeler que l’énorme majorité d’entre nous ne mourra pas du coronavirus. J’ai été très frappé par cette espèce d’affolement collectif qui a saisi les médias d’abord, mais aussi la population, comme si tout d’un coup, on découvrait que nous sommes mortels. Ce n’est pas vraiment un scoop. Nous étions mortels avant le coronavirus, nous le serons après.

Montaigne, dans Les Essais, écrivait :

"Tu ne meurs pas de ce que tu es malade, tu meurs de ce que tu es vivant"

Autrement dit, la mort fait partie de la vie, et si nous pensions plus souvent que nous sommes mortels, nous aimerions davantage encore la vie parce que, justement, nous estimerions que la vie est fragile, brève, limitée dans le temps et qu’elle est d’autant plus précieuse. C’est pourquoi l’épidémie doit, au contraire, nous pousser à aimer encore davantage la vie.

Et puis, André Comte-Sponville note que l’énorme majorité d’entre nous mourra d’autres choses que du coronavirus. Il faut quand même rappeler que le taux de mortalité, les experts en discutent toujours, mais c’est un ou deux pour cent. Sans doute moins quand on aura recensé tous les cas de personnes contaminées qui n’ont pas de symptômes".

"Est-ce la fin du monde ?"

André Comte-Sponville : "C’est la question qu’un journaliste m’a récemment posée. Vous imaginez ? Un taux de létalité de 1 ou 2 %, sans doute moins, et les gens parlent de fin du monde. Mais c’est quand même hallucinant.

Rappelons que ce n’est pas non plus la première pandémie que nous connaissons

On peut évoquer la peste, au XIVe siècle, qui a tué la moitié de la population européenne. Mais on a rappelé récemment dans les médias, à juste titre, que la grippe de Hong Kong dans les années 1960 a fait un million de morts. La grippe asiatique, dans les années 1950, a tué plus d’un million de personnes. Autant dire beaucoup plus qu’aujourd’hui dans le monde. On en est à 120 000 morts. En France, les 14 000 morts est une réalité très triste, toute mort est évidemment triste mais rappelons qu’il meurt 600 000 personnes par an en France. Rappelons que le cancer tue 150 000 personnes en France.

En quoi les 14 000 morts du Covid-19 sont-ils plus graves que les 150 000 morts du cancer ? Pourquoi devrais-je porter le deuil exclusivement des morts du coronavirus, dont la moyenne d’âge est de 81 ans ? Rappelons quand même que 95 % des morts du Covid-19 ont plus de 60 ans.

Je me fais beaucoup plus de souci pour l’avenir de mes enfants que pour ma santé de septuagénaire

"Attention à ne pas faire de la santé la valeur suprême de notre existence"

André Comte-Sponville : "Il fallait évidemment empêcher que nos services de réanimation soient totalement débordés. Mais attention de ne pas faire de la médecine ou de la santé, les valeurs suprêmes, les réponses à toutes les questions. Aujourd’hui, sur les écrans de télévision, on voit à peu près vingt médecins pour un économiste.

C’est une crise sanitaire, ça n’est pas la fin du monde.

Ce n’est pas une raison pour oublier toutes les autres dimensions de l’existence humaine.

La théorie du "pan-médicalisme"

André Comte-Sponville : "C’est une société, une civilisation qui demande tout à la médecine. En effet, la tendance existe depuis déjà longtemps à faire de la santé la valeur suprême et non plus de la liberté, de la justice, de l’amour qui sont pour moi les vraies valeurs suprêmes.

L’exemple que je donne souvent c’est une boutade de Voltaire qui date du XVIIIe siècle, Voltaire écrivait joliment :

"J’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé"

Eh bien, le jour où le bonheur n’est plus qu’un moyen au service de cette fin suprême que serait la santé, on assiste à un renversement complet par rapport à au moins vingt-cinq siècles de civilisation où l’on considérait, à l’inverse, que la santé n’était qu’un moyen, alors certes particulièrement précieux, mais un moyen pour atteindre ce but suprême qu’est le bonheur.

Attention de ne pas faire de la santé la valeur suprême. Attention de ne pas demander à la médecine de résoudre tous nos problèmes. On a raison, bien sûr, de saluer le formidable travail de nos soignants dans les hôpitaux. Mais ce n’est pas une raison pour demander à la médecine de tenir lieu de politique et de morale, de spiritualité, de civilisation.

Attention de ne pas faire de la santé l’essentiel. Un de mes amis me disait au moment du sida : "Ne pas attraper le sida, ce n’est pas un but suffisant dans l’existence". Il avait raison. Eh bien, aujourd’hui, je serais tenté de dire : "Ne pas attraper le Covid-19 n’est pas un but suffisant dans l’existence".

"Comment essayer de contrebalancer les inégalités après le confinement ?"

André Comte-Sponville : "Comme hier, en se battant pour la justice, autrement dit en faisant de la politique.

Personne ne sait si l’épidémie ne va pas revenir tous les ans auquel cas je doute qu’on ferme toutes nos entreprises pendant trois mois chaque année.

« Arrêtons de rêver que tout va être différent, comme si ça allait être une nouvelle humanité »

Depuis 200 000 ans, les humains sont partagés entre égoïsme et altruisme. Pourquoi voulez-vous que les épidémies changent l’humanité ? Croyez-vous qu’après la pandémie, le problème du chômage ne se posera plus ? Que l’argent va devenir tout d’un coup disponible indéfiniment ? Cent milliards d’euros, disait le Ministre des Finances mais il le dit lui-même, "c’est plus de dettes pour soigner plus de gens, pour sauver plus de vie". Très bien. Mais les vies qu’on sauve, ce sont essentiellement des vies de gens qui ont plus de 65 ans. Nos dettes, ce sont nos enfants qui vont les payer.

Le Président, pour lequel j’ai beaucoup de respect, disait "la priorité des priorités est de protéger les plus faibles". Il avait raison, comme propos circonstanciel pendant une épidémie. Les plus faibles, en l’occurrence, ce sont les plus vieux, les septuagénaires, les octogénaires.

Ma priorité des priorités, ce sont les enfants et les jeunes en général

Et je me demande ce que c’est que cette société qui est en train de faire de ses vieux la priorité des priorités. Bien sûr que la dépendance est un problème majeur, mais nos écoles, nos banlieues, le chômage des jeunes, sont des problèmes, à mon avis encore plus grave que le coronavirus, de même que le réchauffement climatique, la planète que nous allons laisser à nos enfants.

Le réchauffement climatique fera beaucoup plus de morts que n’en fera l’épidémie du Covid-19

Ça n’est pas pour condamner le confinement, que je respecte tout à fait rigoureusement. Mais c’est pour dire qu’il n’y a pas que le Covid-19 et qu’il y a dans la vie et dans le monde beaucoup plus grave que le Covid-19".

Aller plus loin

RÉÉCOUTER sur le site de France Inter- L’émission Grand Bien Vous Fasse : Le regard d’André Comte-Sponville, thérapie existentielle d’Irvin Yalom, vie quotidienne au temps du Covid-19

LIRE - André Comte-Sponville, Petit traité des grandes vertus (Seuil)

35 commentaires Répondre

  • Sylvie Répondre

    Réponse de Bruno :

    Je trouve très interpellante l’intervention de Comte-Sponville, s’interrogeant sur la pertinence de mettre à l’arrêt toute la société pour protéger les aînés alors que la jeunesse va payer très cher les conséquences. !

    Cette jeunesse - la génération des « Greta »- devra subir les conséquences d’une gestion globalisée de la société, source des problèmes d’approvisionnement d’équipements sanitaires par ceux-là qu’aujourd’hui on veut protéger par les mesures de confinement !

    Il y a dix ans Mme Onckelinxs s’est fait critiquer pour l’achat un stock stratégique de masques, ceux-là qui ont été détruit il y quelques années.

    Toute une société condamnée à l’arrêt pour éviter l’engorgement des hôpitaux et pallier le manque de moyens de protection aussi simples qu’un masque car fabriqués bien loin de chez nous !

    Une économie super-sophistiquée qui comme ces immenses tankers à pétrole est incapable de changer de cap rapidement. Les dinosaures et beaucoup d’espèces ont disparu faute de pouvoir s’adapter…Les entreprises immenses feront peut-être partie de ces dernières !

    Aujourd’hui cependant le débat sur ce que l’on aurait dû faire est dépassé et inutile car c’est vers le futur qu’il convient de regarder, pas au déconfinement mais comment reconstruire le monde.

    Demain sera-t-il différent de hier ? Oui et non. Oui s’il y a une réflexion générale et des décisions politiques en ce sens. Non si on se cantonne à gérer le présent et le futur proche.

    Mais les médias donnent peu la parole aux penseurs. Nous sommes inondés d’émissions qui n’abordent que des questions relatives à ce qu’on pourra faire demain. C’est vraiment dommage.

    Intéressant est l’article d’Edgard Morin dans Le Monde.

    Les « Colapsologues » me désespèrent car ils mettent la barre trop haut

    J’ai été choqué par cette controverse à propos de la priorité à donner à l’humain. Préférence aux retrouvailles familiales ou à l’ouverture du commerce ? Ce faisant on oublie que les services essentiels comme les soins de santé, l’assurance chômage et les pensions pour ne parler que de ceux-là ne pourront plus être garantis faute de contributeurs que sont les entreprises et les travailleurs actifs !

    Plus tôt les gens se remettent au travail moins lourdes seront les conséquences. Donner la priorité au démarrage de l’activité équivaut à donner la priorité à l’humain. Retarder quelque peu les retrouvailles familiales est moins grave que toutes les conséquences négatives du confinement sur le plan matériel et psychologique. Que pèsent des décès en plus de personnes âgées face aux autres décès dans le futur à cause de la misère, le manque de soins…. ? Pourquoi ne pas protéger correctement (masque ppfp2) et obligatoirement les personnes à risque ?

    Au vu du manque de réflexion, le risque est grand que tout redémarre toute vapeur la machine économique sans véritable changement de cap en oubliant au passage les enjeux climatiques.

    Coté positif il y des petites structures très inventives comme ces Indiens qui ont pensé utiliser et adapter un moteur des essuie-glace pour fabriquer à bien meilleur prix un respirateur.

    Positif aussi de vivre ce confinement au XXIe siècle avec tous les moyens moderne de communication.

    Positif aussi tous ces petits ateliers de couture de masques !

    Positif ces applaudissements à 20h partout dans le monde.

    Positif aussi l’attitude des gens à part le malheureux épisode PQ et les énervements devant l’étalage de boucherie d’après ce qui m’a été rapporté.

    Positif l’amabilité. Même en se croisant, il y a un mouvement d’écartement avec le sourire, presque gêné, pas avec la peur dans les yeux.

  • Rohart michelle Répondre

    Très partagée et aussi intéressée par ce point de vue et les réactions qu’il suscite. Ayant vécu par deux reprises la mort de près, je suis proche des réflexions qui nous sont proposées. Il m’est apparu très vite essentiel de faire place à la vie, aux autres, aux découvertes.....Comme le philosophe , j’ai été excédée par les radios et les télévisions qui n’avaient plus comme seul sujet de l’actualité que le Coronavirus. Là encore, je suis très partagée puisque l’information permet aussi d’obtenir peu à peu de la population des comportements adaptés à la situation. Je suis aussi solidaire d’une autre de ses réflexions qui nous propose de penser et d’agir pour un autre monde en pensant à nos enfants et petits-enfants. C’est sans doute vrai le coronavirus n’est qu’un instant du monde et du temps.

  • Patrick de Cooman Répondre

    Je ne suis ni comte ni sponville, mais les gloses et débats sur le coronavirus, cela finit par me déprimer. J’ai bien sûr lu tous vos commentaires, parce que je vous connais et vous apprécie, mais je vais penser à autre chose. C’est égoïste (comptez le nombre de "je"), pas gentil pour ceux qui se donnent du mal pour comprendre ou expliquer, mais j’ai eu ma dose. J’ai déjà abandonné la question que je me posais il y a quelques jours, sur la société à venir. La principale réalité, c’est aujourd’hui. Le coronavirus se termine ce soir. S’il recommence demain, il se terminera demain soir. Aujourd’hui, j’ai besoin d’être optimiste et en forme, sans quoi je serai moins capable d’être utile (ou de croire l’être). Je vais donc penser à autre chose, par exemple à vous (qui n’êtes pas des choses, bien sûr).

    • Michèle Répondre

      Je comprends parfaitement qu’à titre personnel, on ait "sa dose" ; c’est tout à fait légitime et cela n’empêche pas le débat de rester ouvert.

    • Sylvie Répondre

      Nous sommes livrés à une injonction paradoxale : vivre au jour le jour car la crise sanitaire rend difficiles les projections. Et en même temps, penser le monde d’après si l’on ne veut pas reproduire les erreurs du passé et profiter de l’opportunité de la crise pour changer certaines choses. Moi, je me sens vivante en réfléchissant et cherchant du sens dans tout cela. Mais je dois dire que mon coeur balance aussi entre mon besoin d’optimisme et mon côté réaliste qui me pousse à un certain pessimisme. Etre les 2, je vais choisir l’optimisme mais cela n’empêchera pas de continuer à me poser des questions, de m’informer. Mais comme tu le dis Patrick, il n’y a pas que le covid, il y a aussi plein d’autres sujets. Ne nous laissons pas envahir par cela, non plus 😉 Amitiés,

      • Danielle Gallez Répondre

        "Il faut allier le pessimisme de la lucidité (de l’intelligence) à l’optimisme de la volonté", écrivait Gramsci quand il était prisonnier des fascistes (plus que confiné, donc !). J’adhère... même si parfois je voudrais ne pas être lucide et n’être qu’optimiste !

        Quant au débat proprement dit, j’avais lu la réplique cinglante d’Edgar Morin et je l’avais trouvée fort (im)pertinente. Mais un peu comme Patrick, je n’ai plus trop envie de touiller là-dedans, tout en tirant mon chapeau (pas mon masque, hé !) à celles et à ceux qui ont le courage d’en débattre. C’est indispensable.

        Danielle

  • Sylvie Répondre

    Je vous conseille de lire l’article ci-joint de Jean Quatremer (paru dans la Libre du 9 mai) : "Les pays qui ont décidé d’un confinement total ont traité les citoyens comme des enfants incapables de se gérer". Il abonde dans le sens de Comte-Sponville et sonne l’alerte à propos de l’état de droit. Provocant, certes mais intéressant à réfléchir...

    « A chaque crise, l’Etat a comme premier réflexe de suspendre l’état de droit comme si la démocratie était en soi un obstacle à sa résolution. Or des crises sanitaires on en connaîtra d’autres ; d’autres crises, notamment environnementales, surviendront, ce qui impliquera de nouvelles lois d’exception et de moins en moins de liberté. On est en train d’envoyer le message que la démocratie est faite pour fonctionner en temps de paix, en temps calme, mais dès que c’est la tempête, on la suspend. Si la démocratie n’est pas adaptée à la crise, ça veut dire que la démocratie n’est plus un régime adapté au XXIe siècle…

    …J’espère au moins que cette crise va nous permettre de comprendre qu’il faut se préparer dès maintenant au choc du changement climatique. Il faut réapprendre à anticiper, même si ça fait mal. Mais, d’expérience, on sait que la capacité d’oubli des peuples est étonnante : collectivement, nous avons la mémoire d’un poisson rouge. Vous verrez qu’avec la récession, les gens voudront avant tout de l’emploi, quel qu’en soit le prix pour l’environnement. On en reparle dans un an. »

  • Sylvie Répondre

    Merci à toutes et tous pour vos nombreuses et intelligentes réponses ! Cela fait du bien de vous lire et de se sentir si bien accompagnées pour penser le monde 😉 Précieux pour rester l’esprit éveillé !

  • Andrée Répondre

    Je voudrais simplement remercier pour l’interview d’Edgar Morin que j’ai lu avec beaucoup d’intérêt. J’ai découvert aussi un texte de Vincent Lindon qui est remarquable. Voici le lien
    https://www.youtube.com/watch?v=EdZBZUN2t-4&feature=youtu.be&fbclid=IwAR3PFDfe4MeKTLjGquVTQIws1h9JFJI1bo0RVwJ61CsWCXAc9YjAl1l5-UM
    Bonne audition

  • Souris verte Répondre

    Réponse d’Elisabeth F. : André COMTE-SPONVILLE se trompe lorsqu’il dit préférer mourir du covid-19 que des suites de la maladie d’Alzheimer… En fait, personne ne choisit quoi que ce soit de cet ordre. Les personnes atteintes (quelle que soit la maladie) subissent, et personne n’a la possibilité (sauf par l’illusion du suicide) de déterminer "le jour ni l’heure" de sa fin (pas plus qu’il n’y a eu le choix de commencer).
    Hélas ! les philosophes français "en vue" ne sont pas en contact avec l’ordinaire de nos jours ; leur vie "protégée" les éloigne du réel.
    Je préfère de très loin entendre et lire Edgar MORIN (98 ans) qui parle simplement et clairement de l’"incertitude", condition fondamentale de la vie humaine et des "savoirs" (la science avance par hypothèses qui sont soumises à vérification et destinées à se réajuster : elle ne peuvent rien garantir surtout en matière d’oracle sur l’avenir). Je te joins deux entrevues récentes.

  • piloutte Répondre

    Bonjour,
    L’article d’André Comte-Sponville me laisse perplexe..toutefois j’adhère à une partie de ses réflexions quand il dit qu’après le confinement rien ne changeras.Déjà en Corée du Sud on parle de shopping revange !! les compagnies aériennes ne rêvent que de reprendre un trafic aérien plus intense ;pour ne citer que deux exemples.
    Bien sûr je suis inquiète pour l’avenir de mes enfants, et il est vrai que la vie est plus belle lorsqu’on accepte sa mort, mais est-ce une raison pour que le décès des personnes âgées soit banalisée ? Des maisons de repos ont voulu hospitaliser des résidents atteints du covid mais ceux-ci ont été refusés sous prétexte que les hôpitaux étaient saturés ou risquaient de l’être.L’âge des patients a justifié ces refus : conséquence ces personnes ont contaminés davantage de soignants et de résidents. Qui mérite d’être traité ainsi après une vie de labeur ? Un élément dont ne parle pas le philosophe est ; QUELLE MORT ? la plupart des 60 et plus n’ont j’en suis persuadée plus peur de la mort mais par contre peur de la souffrance !! les malades atteints du covid meurent d’insuffisance respiratoire, seuls sans la présence de leur famille. Ceux qui s’en sortent jeunes ou vieux doivent subir de longues et fastidieuses revalidations. Ne laissons pas banaliser la mort des ainés car après ce sera le tout des personnes handicapées ou atteintes de maladies incurables.. cela fait penser à un programme qui s’appelait je crois T4..mais ne dérivons pas et laissez nous profiter de cette tranche de vie bien méritée mais aussi nous occuper de nos petits enfants et de toutes les actions citoyennes bénévoles sans pour autant faire de la santé une obsession.Piloutte

  • christian coen Répondre

    Dans le désordre, quelques réflexions :
    1.Nous voici tout à coup proches des 80% de l’humanité : l’angoisse du lendemain (la perte du travail, la faim,la sécurité, l’éducation ...) ceux qui participent aux parcours d’intégration sont conscients des peurs de ceux qui ont fuit l’Afghanistan, la Syrie, certains pays d’Afrique...
    2.Dans la nécrologie de ce 9 mai 2020 sur treize décès annoncés (bien sûr ce n’est pas représentatif car il faut être fortuné pour apparaître dans le journal) : 8 femmes et 5 hommes ;6 de 93 à 96 ans, 6 de 83 à 88 ans, la treizième a eu la coquetterie de ne pas dévoiler sa date de naissance... Ouf je viens d’avoir 80 ans j’ai encore un peu de temps devant moi.La recette pour vivre si vieux : ajouter des années à la vie ou de la vie aux années ?
    3. Je n’ai pas connu mes grands-pères. Il y a 80 ans, avant les antibiotiques, les hommes mouraient avant de connaître leurs petits-enfants. De la génération de mes parents la grande peur c’était devoir entrer en maison de repos...ah pouvoir mourir chez soi, entouré des siens.Et si la décision avait été : reprenez vos parents chez vous,chouchoutez-les jusqu’au bout.
    4.Parmi mes contemporains qui ne se souvient de "Home, sweet home" et de l’assistant social avec ses fiches de sortie ...Quarante ans plus tard rien n’a changé : qui peut m’expliquer ces visites à quatre, ces parodies des achats et distribution de masques... on a fait des scandales pour les femmes voilées et par Loi, nous voilà obligés de se masquer ...
    5. La pire crise depuis 300 ans (et les 60 millions de victimes de la seconde guerre et les destructions, les camps,les dizaines de millions de personnes déplacées). Deux mois de ralentissement de la vie active, pas de carte de rationnement, du télétravail, un air pur sans voitures ni avions, bien sûr les bourses en berne, le pétrole au plus bas,des spéculateurs à l’affût de bonnes affaires.
    6. Je terminerai par beaucoup de respect pour ceux qui ont du remplacer les proches au chevet des mourants, pour ceux qui ont du enterrer les leurs sans le réconfort de la famille et des amis ... Un printemps 2020 si beau, hélas il nous restera les politiciens aux egos démesurés. Seul bémol, une première femme Premier Ministre après 190 ans ...mais déjà les coups tordus se préparent.
    7. Bonne nouvelle, la Congo avec une moyenne d’âge de 19 ans pourrait s’en sortir mieux que la vieille Europe

  • Marie Répondre

    André Comte Sponville pose des questions que je trouve pertinentes :

     Quel est le rôle de la société 2.0 (de l’information instantanée et des réseaux sociaux) dans la crise ?

     Pourquoi la santé est-elle devenue soudainement la préoccupation du gouvernement ? Certes il a fallu éviter la saturation des hôpitaux, mais la santé - clamée par tous nos ministres - justifie t’elle d’occulter les autres débats... et la 5g ne s’agit il pas aussi de santé ?

     Pourquoi ne mettons nous pas les chiffres (proclamés chaque soir) en perspective ? Des chiffres tous seuls, ça ne veut rien dire.

     Pourquoi choisir d’empirer l’avenir des jeunes générations déjà condamnées ?

    Ce qui me fait peur, c’est la facilité avec laquelle nous basculons dans un régime autoritaire, et la crise économique à venir... face à laquelle nous sommes encore les mieux lotis.

    Que pouvons-nous faire ?

    J’ai beaucoup apprécié l’émission radio "Au bout du jour" du mai dernier : "Covid19 et état de droit" (ci-dessous)

  • Andrée Répondre

    Le texte d’André Comte-Sponville nous remet en face de notre condition humaine et de nos liens avec les autres et notre terre. Certes il ne m’apprend pas grand chose et il enfonce, pour moi, des portes ouvertes…
    Depuis des siècles et dans toutes les sociétés les humains soignent et se soignent. Certes la vie et la mort sont indissociables l’une de l’autre mais l’important est comment nous construisons notre vie et c’est bien de cela qu’il s’agit. C’est à cela que la crise du Covid 19 nous confronte. J’entends si souvent "la vie est courte, il faut en profiter…". Justification de nos modes de consommation, de notre individualisme, de notre centration sur le bien-être personnel, sur notre cocon ou notre enfer familial.
    Le covid 19 m’interpelle par la mortalité "des vieux" confinés drastiquement dans leurs maisons de repos, nids mortifères par choix de nos politiques de santé (pas de masques, pas de dépistage, manque de personnel)… Je fais partie des vieux et je suis toujours riche de projets, de relations, d’échanges. Je me soucie également des jeunes et des vieux. Pourquoi, une fois de plus poser des clivages entre les générations ? De tout temps, les générations futures reçoivent en héritage les progrès et les erreurs du passé. Née à la fin de la guerre de 40-45, j’ai bénéficié des changements sociaux des trente glorieuses et des luttes de mes prédécesseurs pour plus de justice économique, éducative et culturelle. Ce qui me préoccupe, à l’heure actuelle, bien plus que le Covid, c’est le repli de chacun sur ses frontières, les politiques en matière d’immigration -comme européens nous estimons normal d’aller nous installer partout dans le monde mais que les pauvres, les victimes des guerres qui alimentent nos économies restent chez eux- la montée croissante des inégalités, l’accumulation des richesses dans les mains de quelques-uns, les lobbys qui "se foutent" des bouleversements climatiques. Les inégalités sont révélées par la crise. Je vis à la campagne, j’ai un jardin, des moyens de communication, j’ai une retraite correcte… Soyons claire, je suis privilégiée et je ne vis pas le confinement comme une famille vivant du revenu d’insertion avec 2 enfants dans un appartement exigu… Bien à vous, portez vous bien, à la santé de notre monde…

  • Sylvie Répondre

    A rajouter au moulin de notre réflexion et polémiques, je vous invite à lire cet article, publié dans Libre du 30-04-20, qui cite Comte-Sponville :
    Pourquoi avons-nous accepté le confinement au nom de la science ?
    En voici un extrait :
    « Dans le cadre du Covid-19, il n’y avait aucun consensus, aucune connaissances scientifiques préalables. Il n’y avait probablement pas de solution idéale a priori, certains pays appliquant les principes d’hygiène et de distanciation sociale et d’autres allant jusqu’à la solution plus stricte du lockdown… L’avenir nous dira probablement quels sont les résultats de cette expérience à échelle mondiale. Finalement, cette forme de soumission à l’autorité en l’absence de consensus scientifique 1) pose question et 2) pourrait représenter une potentielle menace aux yeux des collègues qui démontrent avec un large consensus international depuis plus de 30 ans, preuves à l’appui, que l’activité humaine bouleverse le climat et notre environnement. Cette soumission démontre à quelle vitesse l’espèce humaine est capable de changer ses comportements les plus ancrés (liberté de mouvement et de consommation). Cela rend l’inertie de cette même espèce face aux dangers environnementaux d’autant plus incompréhensible… »

    • Michèle Répondre

      la grande différence entre la "peur" vis à vis du Covid 19 et celle vis à vis des bouleversements environnementaux est que celle liée au Covid est une peur que beaucoup ressentent dès aujourd’hui car on peut dès aujourd’hui être infecté, malade ou pire. Le sentiment de vulnérabilité par rapport au réchauffement climatique n’est pas (encore) vécu par une majorité comme étant de l’ordre de la même urgence.

  • Chantal Schockaert Répondre

    Il s’agit bien d’un coup de gueule, d’une sorte de billet d’humeur lancé à la cantonade par Conte Sponville mais qui provoque bien des remous. Il a le mérite de susciter le débat.
    En fait, ses propos génèrent en nous bien des émotions, ils nous renvoient au désarroi, à la sidération que l’avènement du Covid et sa cascade de conséquences imprévisibles a fait naître en nous, et qui n’est pas encore derrière notre dos. Qui aurait imaginé, en voyant à la télé Wuhan ville morte que quelques semaines plus tard nous serions logés à la même enseigne ? Nous avons besoin de mettre des mots sur ce qui s’est passé, de participer activement à l’après-confinement et aux choix éthiques, politiques, économiques, d’organisation sociale pour demain.
    Pouvons-nous reprocher aux politiques d’avoir appliqué le principe de précaution (mieux vaut tard que jamais) ?D’avoir écouté le monde scientifique ? Je ne crois pas non plus que l’enjeu du confinement tenait à la protection des personnes âgées, mais bien à un enjeu de santé publique avec ses effets sociaux et économiques. Le titre de l’intervention de Bertrand Heine était bien trouvé : confinement ou effondrement ?Je pense que l’irruption du Covid 19 devrait sérieusement nous faire empoigner le réchauffement climatique, qui est tout sauf une Arlésienne. Puissent les scientifiques être entendus et suivis, bien sûr il ne s’agit en aucun cas de leur donner le pouvoir.

    • Marie Répondre

      En effet, je trouve que les gouvernements devraient s’intéresser d’avantage aux recherches scientifiques, mais aussi être plus audacieux, oser prendre des décisions pour le monde à venir et non pour le monde d’hier. Pourquoi l’Europe ne cherche t’elle pas à continuer à aller de l’avant, à innover ? ...Peut-être parce que dans nos démocraties nous n’arrivons pas à nous mettre d’accord sur le chemin à prendre ?

  • Zolette Répondre

    Je ne suis pas d’accord quand Comte-Sponville dit que "les vieux sont la priorité" et, qu’ils ne devraient pas l’être. Je préfère retenir que Comte-Sponville s’inquiète pour les générations à venir.
    La solidarité devra perdurer et s’étendre au-delà des préoccupations Covid. Plutôt que de dire "changer les priorités", je dirais, revoir un système de valeurs, revaloriser certains secteurs, miser plus dans l’éducation, la culture,... Effectivement des choses importantes ont disparu de la place publique depuis l’arrivée de la tempête Covid.
    A Los Angeles, aujourd’hui, il y a, encore et toujours, des rues entières avec des tentes de fortune et des sans-abris qui survivent grâce à des bénévoles de services sociaux. Les maladies sont légions car certains dorment à même le sol, là où d’autres se sont soulagés. Un des bénévoles exprime sa révolte, son indignation devant l’abandon des plus faibles par les autorités.
    Qui parle encore de la "jungle de Calais" ? Qui sait qu’elle existe encore ? Eh oui, ils sont toujours là, parqués dans des tentes derrière de hauts grillages, à faire la file pour recevoir un sandwich, sans aucune distance sociale.
    Un des bénévoles témoigne des conditions indignes dans lesquelles vivent ces personnes en souffrance, qui sont là pour échapper à d’autres malheurs qui ont précédé le covid-19. Il est révolté, outré. De fait, où est la solidarité, là, au niveau de l’Etat ?

  • Patrick de Cooman Répondre

    Regardez son visage sévère, genre maître d’école du temps passé. Il respire la rigueur. On n’aimerait pas nécessairement partir en vacances avec lui. Et pourtant, il a si bien décrit les grandes vertus que j’ai coché des phrases à presque chaque page de son Petit Traité. Son point de vue (je suis sûr qu’il est trop philosophe pour parler de coup de gueule) a le mérite d’être dissonant, alors que nous croulons sous les informations en tous sens, que chacun dit tout et son contraire, qu’on n’a pas assez de journées entières pour suivre tous les débats télévisés. Il ne parle pas en expert, mais en être humain, et c’est son droit, me semble-t-il. J’en appelle à Voltaire (c’est très tendance actuellement) : I disapprove of what you say, but I will defend to the death your right to say it. C’est en anglais parce que cette sentence n’est pas de lui mais d’une commentatrice de son oeuvre...
    Que penser de tout cela ? Je ne sais pas. C’est comme pour le climat. Certains nous prédisent l’apocalypse, d’autres parlent de tempêtes (ou d’ouragans) dans un verre d’eau. Il en va de même pour le virus. Comment pourrais-je me prononcer sur la nécessité des mesures et démesures ? Ayons confiance et soyons patients. Comme le sont les réfugiés, les malades, et tant d’autres de par le monde. Ils ne se plaignent pas, car qui les écouterait ?
    Une autre question m’intéresse plus : la crise actuelle changera-t-elle l’être humain ? Les optimistes évoquent un monde nouveau, raisonnable économe, juste, durable, libéré du joug des capitalistes, des corrompus, des lobbies et de tous les gens qu’ils n’aiment pas. Peut-être rêvent-ils. Il y a déjà moins d’applaudissements aux fenêtres tous les soirs...

    • Marie Répondre

      Non la crise actuelle ne changera pas l’être humain... mais la crise à venir...

  • Adele Répondre

    Qu’avons nous appris de cet entretien ?
    Comte-Sponville n’est pas statisticien, on ne connaît ni la date ni les sources de ses chiffres mais ils sont clairement dépassés.
    Comte-Sponville n’est pas épidémiologiste, il confond taux de mortalité et taux de létalité.
    Comte-Sponville n’est pas virologue, il est un peu dans le flou au sujet de la contagiosité du Covid 19.
    Comte-Sponville est-il au moins philosophe ?
    Nous avons appris que la mort fait partie de la vie, que la santé n’est pas un but en soi, qu’on peut mourir d’autre chose que du coronavirus, qu’il faut profiter de la vie pendant qu’on peut.
    Cela fait longtemps que je n’ai pas assisté à des conversations au café du commerce mais il me semble qu’on y attendait ce genre de propos. Pas faux, certes mais pas vraiment fruits d’une réflexion poussée.
    Quid de la responsabilité individuelle par rapport à la société ? Que nous prenions des risques parce qu’il faut bien mourir de quelque chose, comme disait mon père en tirant sur sa cigarette,soit. Mais que, du coup, nous nous retrouvions à bout de souffle en soins intensifs, bloquant des lits dont pourrait bénéficier d’autres plus jeunes moins inconscients, victimes d’AVC ou d’accident. Et qui vont peut-être mourir du coup ? Et qui ne se rendent pas compte, parce qu’ils ne sont pas philosophes que leur santé n’est pas le but ultime.
    Habituellement j’apprécie assez les écrits de Comte-Sponville, mais là c’est du vent. Il a sans doute, comme beaucoup, voulu que son nom figure dans le débat actuel, peut-être n’a-t-il pas été bien payé, je ne sais pas, mais il aurait bien pu se taire.

    • marub Répondre

      Tu exagères, ce n’est pas du vent, mais il a exagéré ("coup de gueule")certains propos.
      Aurais-tu laisser ta place à un jeune si le service de réanimation était surchargé ? N’est-ce pas mieux de mourir du Covid 19 que de devenir grabataire ou Alzheimer ? sacrifier les jeunes à la santé des vieux, est-ce une aberration" ? Ce n’est pas du vent, cela me fait réfléchir.

  • Souris verte Répondre

    Réponse de Gerlinde : Depuis bien longtemps, dans notre société, la santé et la médecine semble n’avoir comme objectif que prolonger la vie le plus longtemps possible, battre le record du temps de vie. Peu importe par ailleurs la qualité de cette vie.
    C’est comme si devenir immortel était un but en soi. Conséquences concrètes de cette démarche c’est que souvent dans le cadre des soins hospitaliers le but est de maintenir en vie et pas de permettre de mourir dignement.
    L’humain n’est pas la priorité, vaincre un ennemi – la maladie, la mort – reste prioritaire.
    Tout cela coûte cher à la sécurité sociale, donc le gouvernement vise un objectif d’équilibre budgétaire en réduisant les investissements en matière de soins de santé
    Par contre il n’y a plus d’approche systémique de la santé.
    Tous les jours les médias donnent les chiffres du décès liés au virus. Mais dans notre société qui se soucie du nombre de décès annuels liés à l’alcool, au tabac, à l’obésité, à la drogue…. Qui se sent concerné par la mortalité liée à nos modes de vie ?
    Aujourd’hui, avec la pandémie, les humains des pays dans lesquels les besoins vitaux sont majoritairement couverts prennent conscience qu’une toute petite chose, inconnue peut tuer et que face à ce virus l’humanité est bien démunie. Les soignants deviennent des héros.
    Ce qui reste pour moi le plus important (et ce n’est pas simple) c’est d’avoir une approche systémique qui prennent en compte tant les aspects sanitaires, économiques et humains.
    Il me semble utile de s’interroger : Sommes-nous prêts à être des acteurs de changements, à développer nos capacités d’adaptation, à reprendre certains pans de notre vie en mains sans attendre une réponse extérieure. Sommes-nous prêts à devenir plus solidaires ?
    Demain il faudra assumer les conséquences de la pandémie et se tenir prêt à en affronter d’autres (sanitaires, économiques, écologiques). Un défi à relever par nous les aînés en collaboration avec les autres générations pour construire ensemble un futur.

    • JeannineK Répondre

      Guerlinde, je réponds à ton argument -devenir immortel, un but en soi -

      non, l’idée n’est pas là .
      mais ne dit-on pas "santé" à l’apéro ? Ca veut dire quoi ?

      pas la santé àt tout prix mais une santé qui nous offre encore un peu de liberté d’action, de pensées.
      Sans cette santé là , rien n’est possible pour moi.

      • Marie Répondre

        BOnjour Jeannine,
        Je vois que tu questionnes cette expression du "santé" à l’apéro. Il semblerait que cette expression date au moins du Moyen-âge, je pense que les valeurs de la société ont évoluées depuis.
        Personnellement, il est vrai que je souhaite la "bonne santé" comme voeux de nouvelle année adressés à mes grands-parents ou aux personnes dont l’immunité est fragile. Je souhaite plus couramment aux gens que j’aime le "bonheur", rejoins alors ACS : ne pas attraper le covid ou autres maladies n’est pas un but suffisant à l’existence.. au XXI siècle du moins.

    • marub Répondre

      je suis tout à fait d’accord avec toi Gerlinde. Il y a bien d’autres enjeux, le réchauffement climatique, le futur des jeunes,le chomage, la pauvreté, et aussi la fin de vie digne. Mais quand la vie n’est elle plus digne ? Les handicapés, les vieux grabataires, alzheimer...Qui peut décider ? Faut-il les laisser de coter pour les jeunes ? Terrain glissant...
      Je peux être pour l’euthanasie (ou même le suicide assisté) mais le moment venu je souhaiterai,peut-être, rester le plus longtemps possible avec les miens.

      Est-ce que cette crise sanitaire entrainera des changements de société, notamment pour lutter contre le réchauffement climatique ? Pas certaine, l’économie va primer. C’est un futur bien plus dangereux que cette pandémie.

  • Souris verte Répondre

    Réponse de Marianne V. : J’adhère tout à fait au point de vue que l’on ne peut pas, dans sa vie, considérer la santé comme la
    priorité suprême !!
    Et je constate aussi que le problème du réchauffement climatique, tout à fait oublié depuis la pandémie,
    ce sont les générations futures qui devront "faire avec ".
    Ce qui m’amènerait à penser que effectivement "on fait plus de cas des vieux que des jeunes ",compte tenu que la majorité
    des personnes sauvées ax soins intensifs, sont des personnes de plus de 65 ans !!

    • Souris verte Répondre

      et Marianne V. précise : Mais c’est peut-être surtout une difficulté de s’atteler aux problèmes futurs - dont le réchauffement climatique -
      et donc une tendance à agir sur le court terme ...

  • marub Répondre

    A Comte-Sponville a suscité en moi des réflexions essentielles, sur la mort, ma place dans la société, et sur l’équilibre des décisions concernant la santé et le social. Globalement je suis d’accord avec ses réflexions développées sur France-Inter , mais cela n’est pas survenu d’emblée. Au fur et à mesure de ses interventions, depuis le 1er avril dans le Soir jusqu’à récemment dans divers médias, il est de plus en plus »coups de gueule ». Quand il écrit « sacrifier les jeunes à la santé des vieux, c’est une aberration », je ne suis plus d’accord . Etablir une différence de valeurs entre la vie des vieux et celles des jeunes est dangereux, et peut conduire à une idéologie. Laisser sa place à un jeune pour une réanimation médicale, et donc assumer sa mort, doit rester un choix personnel. Choisir sa mort pour qu’il y ait moins de dettes pour les jeunes, c’est un choix personnel. La liberté, la justice (le social) sont des valeurs importantes, je suis d’accord avec A C-P,le déconfinement est nécessaire ; je cours les risques comme je l’entends, mais ma liberté s’arrête là où je risque de mettre en danger la vie de l’autre. Je suis les règles !

  • Michèle Répondre

    Hier matin 5 mai avant 8h, sur la première à la radio, Bertrand Henne a commencé sa chronique en parlant du coup de gueule de Comte Sponville … et en évoquant une étude universitaire belge qui vient de paraître et qui modélise le nombre de décès en Belgique, si on n’avait rien fait : on en serait à 100.000 morts (au lieu de 8000) … et un "effondrement" plus important encore de l’économie, de l’organisation de la société, un rejet plus important encore du politique.
    Bien sûr il ne s’agit que d’une étude …

    • marub Répondre

      A Comte-Sponville n’était pas contre le confinement, il l’a suivi strictement. Mais il estimait (le 19 avril) qu’il était temps de déconfiner pour ne pas créer des millions de chomeurs et il ne voulait pas que le déconfinement soit retardé pour les + de 65 ans ("m’enfermer pour mon bien ?") non, je suis libre de prendre éventuellement des risques mais ma liberté s’arrête là où je mets d’autres en danger.

  • Souris verte Répondre

    Réponse de Guy : je donne raison à André Comte Sponville qui a évidemment tort aux yeux du plus grand nombre car il ne suit pas la pensée dominante !!!
    Voilà où se trouve, selon moi, la véritable épidémie.

  • JeannineK Répondre

    Pour moi c’est de la provocation.
    D’accord, la mort fait partie de la vie. Mais l’être humain a cette merveilleuse faculté de vivre loin de cette perspective. Si certains y pensent en fin de parcour de vie, la majorité, tout en acceptant la mort inéluctable,vit sans s’en préoccuper. Et c’est heureux, sinon rien ne serait possible .
    Les maladies graves, les affections,les morts par accident, etc, ont de tous temps été acceptés comme une décision incontournable du destin.
    Ce Covid 19 qui nous tombe dessus est tout autre chose.
    Voilà tout à coup le monde entier menacé de mort imminente.
    On craint pour soi, mais on craint avant tout pour tous ceux qu’on aime. On ne peut admettre d’être face à tous moments à un danger invisible, qui se propage partout, à chaque geste, à chaque contact, de façon fulgurante .
    Sponville dit :- l’important n’est pas la santé.
    Pourtant quand on exprime des voeux, c’est la santé qui apparaît primordiale.
    Sponville mentionne la politique,le climat, le social.
    Je crois que ce Covid 19 va bosculer les priorités. O n peut espérer un changement de mentalité, un autre regard sur le monde. Rien ne sera plus pareil.
    Ce ne sont pas que des "vieux" qui meurent, toutes les générations sont menacées .
    Oui les dettes ce sont les jeunes qui vont les payer, mais déjà ils vont payer les erreurs commises durant les dernières décénies. Quis’en soucie ? Sponville ?
    S’il faut payer pour un avenir meilleur, repensé, ré humanisé, le combat en vaut la peine et la dépense actuelle est juste ;.
    Ce coup de gueule n’est pas,pour moi, de la philosophie. C’est de la dictature intellectuelle !

    • Michèle Répondre

      Je comprends tout à fait qu’on puisse être très choqué par ce coup de gueule ; qu’on y réagisse avec ses "tripes" mais je trouve qu’il est intéressant de pouvoir écouter des opinions différentes des siennes et du "courant dominant" ; ce n’est pas de la dictature intellectuelle puisque c’est une opinion et que nous en débattons.

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