La VILLA KER LILLY de SAINT-CAST

Et si mon meilleur endroit de vie se situait, face à la plage, face à la mer, face à la Manche ?
La maison « Ker Lilly » en breton signifie, « chez Lilly », mais qui s’appelait ainsi Lilly ??

Le living pas très vaste, cependant agrandi, allongé, prolongé vers la « montante et descendante » par un bow-window, harmonieusement vieux de boiseries d’époque 1900 et de ses vitres disposées décalées, ajustées érodées sur des bâtis bouffis. Avec quelles difficultés elles se fermaient parfois ! A l’époque, nous pouvions aller jouer sous l’excroissance territoriale, le gai chancre de la façade, en-dessous, derrière la haie de buis piquants, enveloppés, frissonnants de l’humidité prégnante.
Plus tard des persiennes électriques de plastique blanche viendront remplacer les volets de bois écaillés, rouillés mais devant s’enrouler sur un cylindre craquant, grinçant, peinant à les tracter vers le haut, vers le bas. Le sol carrelé de blanc et de noir offrait l’aspect d’une tonalité anglaise désuette. Un rocking chair m’attirait, m’amusait même quand il n’oscillait pas. Impossible me disais-je de lire ou de se reposer dans cet agité fauteuil ludique si remuant ? Une grande bibliothèque nous offrait la facile culture de vacances accessible au goût moisi. Moi, dressé sur la pointe extrême de mes pieds, à peine je distinguais la mer. Plus tard petit adulte doué d’une petite taille, je la verrais mieux, avec au loin les mouillages accrochant les coques aux matins brillants de lumière blanchâtre, aux soirs enflammés de soleil rouge.
La pièce mal chauffée cependant gardait harmonieusement le contrôle sur un confort de prestige d’autrefois. Souvent le sable sur le dallage s’aventurait en petits nuages ébourriffés soufflés par le dessous de la porte d’entrée égrésée, mal ajustée sur son seuil ventilé de granit. Je dois immanquablement mentionner le fidèle lampadaire à la toque inclinée par une vieillesse reconnaissante du peu d’efforts familiaux déployés en chaque début de saison pour l’aider, le préparer, le réparer à son cou penché. Pièce aux souvenirs, pièce aux pensées, pièce dédiée aux regroupements par temps pluvieux. Les uns jouent une partie de dames sur la table ronde certainement « regency » sous l’imbécile lampadaire branlant, les autres se divertissent sur les carrés en damier du sol, les autres lisent ailleurs, mais ici dans la pièce. Pas généreuse par sa taille, elle permettait d’accueillir humides ou secs un nombre élevé de fidèles sans que l’on ne puisse nous voir là entassés ! Les odeurs fortes, aigres et mêlées de mer, de moisissures, et de saleté pas bien récurée ajoutaient au merveilleux de l’endroit assidûment fréquenté par longues pluies fines ou longs vents violents.
La maison répondait au nom breton de Ker Lilly, ma famille ne l’avait pas baptisée ainsi, l’ayant probablement acquise avec le nom originel de sa construction datant fin 19°. Depuis cette aventure Bretonnante inventée par mon Grand-Père François-Xavier précédant la sudiste aventure Raphaëloise, inventée par Roger mon Père ; mon âge mûr aidant me permet aujourd’hui d’affirmer que cette Bretagne…plus tard… en note finale… pourrait encore donner à mes plaisirs de l’heure d’encore rares bonheurs !

Alors… je ne manquerai pas en retour de lui en attester une pleine et aimante admiration valant du jour de mes longs premiers cris jusqu’à la nuit de mes courts souffles.

3 commentaires Répondre

  • Claude (FIJ) Répondre

    Chapeau bas pour ce superbe texte ! Moi qui suis une inconditionnelle de la Bretagne, le temps de lire ces quelques lignes et je me promenais au milieu des landes précédant le Cap Fréhel ! Merci d’avoir ouvert la porte aux souvenirs et au vague-à-l’âme de si jolie façon !

  • Répondre

    Bravo, encore une fois tu nous charmes par tes descriptions poétiques. Moi, pas du tout fana du genre, je reste malgré moi, impressionnée par l’atmosphère que tu arrives à nous faire partager. Mais qui est Lilly ??

    • Répondre

      En effet qui est-elle ??

      On pourrait affirmer que son prénom ne fait pas référence à la Bretagne, alors ?
      Une belle femme, peut-être importée ?
      De toutes les façons elle se doit d’être Belle et d’aimer la mer...
      Rêvons un peu alors...

      Une gentille fille dans les contes pour enfants se prénomme souvent ainsi !

      Une gentille fille que j’aurais plus tard... aimée ou que j’aimerai encore plus tard ???
      Quelles questions en chemins de route !

      Interrogatifs remerciements pour toi.

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