Nous sommes à peu près en 1978 et le monde vit en plein la guerre froide entre les blocs soviétiques et américains qui font la course aux armements. Pas n’importe quels armements, ce sont deux véritables fronts qui se font face avec du nucléaire et d’autres horreurs de cette sorte.

Nous habitons Uccle dans un quartier dit bourgeois où nous avons acheté sur un coup de coeur une maison passablement délabrée que nous avons remise en état. Nous participons mon mari et moi à des conférences, à des débats sur les armements nucléaires et autres et c’est passionnant en même temps que terrifiant. A l’époque, toute personne qui émet des idées un peu avancées se fait inexorablement traiter de « communiste ». Nous n’échappons pas à l’anathème.

Un jour, nous recevons une affiche pour Amnesty International qui, à ce moment-là, ne fait ni recette, ni unanimité. Son action se limite à l’envoi de cartes postales à des prisonniers d’opinion à travers le monde. Nous appliquons l’affiche sur la vitre centrale de notre façade. Quelle n’est pas notre surprise de trouver le lendemain la vitre encollée de boulettes de papier mâché. Le harcèlement va commencer par l’envoi de pompes funèbres, des coups de téléphone pendant la nuit durant lesquels l’interlocuteur débite des menaces, des injures au téléphone pendant la journée. Nous recevrons même un horaire de la ligne d’aviation Aeroflot avec un ticket d’aller sans retour au nom de mon mari et le dessin d’une tombe dans un cimetière de Moscou. Cela va durer six mois et se terminer la nuit où mon mari propose à l’homme de moins boire !!!

Quelque temps plus tard, il y a une grande manifestation qui couvre le centre de Bruxelles « Non aux missiles »… Nous plaçons l’affiche sur le carreau fatidique et là cela se termine moins bien : nous retrouvons un pavé dans le salon, un chien traumatisé et bien sûr un trou dans le carreau. Avant que je place un carton sur la vitre, Pierre y inscrit en grands caractères : « Méchant facho, tu as fait bobo à mon carreau ». Les gens s’arrêtent pour lire, j’ai l’impression que même l’autobus ralentit. Et un voisin de me dire : « vous l’avez cherché ! »

A cette affiche je ferai succéder celle des Petits chanteurs à la croix de bois qui viennent donner un récital au Collège St. Pierre. Celle-là ne fera pas réagir le voisinage, elle est dans le ton !

1 commentaire Répondre

  • Jean Nicaise Répondre

    Les vandales qui ont saccagé votre vitre sont des pauv’cons, pour reprendre l’expression d’un homme connu pour n’être pas communiste ! La tolérance est une vertu rarement pratiquée...

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