L’école gardienne terminée (1948), je change d’établissement.

Voici d’autres religieuses, nous essayons de faire connaissance . Ce sont les soeurs de la Doctrine Chrétienne à Bruxelles. Deux d’entre elles sont des cousines de papa. Soeur St Paul est la directrice, elle représente la "grande " autorité. Ce qui à l’époque me donne déja des boutons et atteint le potentiel d’indépendance que je possède mais ignore encore.

Cette école est composée de trois externats, ce qui signifie que l’on trie les enfants en trois groupes : les riches (école payante), les petits bourgeois très moyens (la majorité) et les pauvres.
Chaque catégorie a ses propres institutrices, sa propre direction, sa propre cour de récréation et ses propres repas.

Je fais partie du troupeau numéro 2, soit le moyen, le plus quelconque, ni riche ni pauvre mais le plus fort parce que composé du plus grand nombre de filles. Nous devrions donc être heureuses !

Chaque cour de récréation est entourée de grilles pour bien marquer les
séparations.

Les filles de la cour des pauvres ne peuvent avoir aucun contact avec
d’autres. D’ailleurs nous n’avons aucune envie de les fréquenter, elles sont sales, mal habillées et même la nourriture qu’elles reçoivent nous semble sentir mauvais...

En face de notre cour numéro 2 il y a la cour des riches. Des petites
gamines en jupe plissée, bleu marine, chemisier blanc et cravate. Tout cela est très chic, pourquoi sont-elles si méprisantes ? Il y en a eu des altercations entre les deux camps. On arrivait à se crêper le chignon entre les barreaux des grilles.

L’autre cousine de mon père, Soeur Marceline est " soeur portière". Elle ouvre la porte aux riches. Nous les filles " moyennes" passons par une ruelle sur le côté pendant que les autres appuient sur une sonnette en cuivre blinquant et poussent une poignée de porte aussi brillante que les cache pots cuivrés de ma grand mère.

Le bonheur,je le trouve en classe, j’aime les professeurs, les cours et suis bonne élève.

2 commentaires Répondre

  • Nani Répondre

    En 1952, après le décès de mon père, Maman s’est remariée et nous sommes arrivées en Belgique. Elle a essayé de nous inscrire dans une école catholique car elle voulait que ses enfants aient une bonne éducation.
    Nous avons été refusées par les religieuses d’une bonne école catho car notre niveau social n’était pas suffisant : deux émigrées et un beau père pensionné mineur.
    Nous avons juste été admises dans la petite école pour les pauvres du quartier que la charité chrétienne avait prévue à côté de la bonne école payante !
    J’y ai tout de même appris le français et j’y était très bonne élève mais après 3 ans, nous sommes parties vers l’enseignement communal : on y priait un peu moins et on y apprenait plus !

  • Marie-Antoinette Simons-Buchkremer Répondre

    Bonjour Marinette,
    Ton histoire est triste, écoeurante car je suis chrétienne et comme disent certains déçus de l’Eglise, ou autres catho. "ah, la charité chrétienne..., ne m’en parlez paz...".

    Cela me rappelle mon enfance. Nous étions six enfants, j’étais la cadette , 7 ans de moins que le cinquième enfants. Les cinq aînés ont fréquenté les écoles catholiques. Un jour, maman a eu un différend avec la directrice de l’école primaire , Le sujet m’échappe, mais il devait être assez vexant pour que maman lui dise : "il me reste une petite fille, jamais elle ne mettra les pieds chez vous, ni dans une autre école catho." Maman devait être très déçue, car elle était bonne chrétienne .
    C’est ainsi que j’ai fréquenté l’école communale et ai suivi des cours de religion, of course !Mon éducation n’en a pas souffert. Là pas de caste. Toutes adoptées également , les studieuses comme les moins douées. Nous mettions un joli tablier bleu clair fourni par le Lycée( et payé) afin de créer l’uniformité, l’égalité,. Cela est juste et bien.
    Cependant des 4 filles de notre famille, je suis restée la seule pratiquante . ! A réfléchir... Heureusement, les temps ont bien changé.

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