La première fois que j’ai vu un homme de peau noire, c’était au marché de Mouscron. Tout le monde l’appelait Bamboula et je rêvais de goûter les bonbons qu’il vendait : des « carabouillas » ! Je vois encore son énorme sourire, ses dents tellement blanches. Il avait l’air si gentil !
La première fois que mon futur mari m’a embrassée. C’était le 8 mai 1945. Des milliers de papillons battaient des ailes dans ma poitrine et j’ai eu la sensation de chavirer dans un bonheur infini !
La première fois que, jeune mariée, j’ai tenté de faire du café. Il était si transparent que je me suis mise illico au thé !
La première fois que je suis montée en avion. J’étais seule, enceinte et partais retrouver mon mari à Istanbul. J’étais pétrifiée de peur et pourtant, dès que ce bel oiseau a décollé, je me suis sentie grisée par la vitesse puis soudain, libre et heureuse ... d’avoir osé.
La première fois qu’un homme a marché sur la lune, j’étais rivée à mon écran de télévision et j’ai souhaité voir Jules Verne et Hergé s’asseoir à côté de moi !
La première fois que j’ai échappé à la mort, j’ai cru à la chance. La deuxième fois je me suis dit que j’étais sous une bonne étoile, qu’un ange gardien me protégeait. La troisième et la quatrième fois, j’ai vraiment pensé au miracle.
La première fois que j’ai pris la parole en public, il m’a fallu tant de courage que je croyais avoir remporté une victoire. Je n’ai toujours pas gagné la guerre !
La première fois que je me suis occupée d’aveugles, j’étais extrêmement impressionnée mais, le soir, quand je les ai quittés, j’étais véritablement enrichie et admirative devant leur courage et l’exemple qu’ils m’avaient donnés.
La première fois que je vous ai tous rencontrés, pour une réunion d’information, je me suis demandé ce que je venais faire au milieu de toutes ces personnes âgées, sans penser une seconde que je faisais partie moi-même des aînés. Puis, quand je vous ai découverts au fil du temps et bien connus, j’ai su que chaque moment passé avec vous était un instant de bonheur dont je pourrais difficilement me passer. J’en ai encore la preuve aujourd’hui !
Francine
